Emerald City
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Emerald City

Série NBC (2017)

Dorothée est une belle et grande jeune femme aux origines mystérieuses, vivant au Kansas. Un jour de tornade, elle se rend chez sa mère adoptive qui est assassinée sous ses yeux. Ensuite, tout s'emballe et Dorothée se retrouve projetée dans un monde inconnu par la tornade (Oz) où son arrivée fait grand bruit puisqu'elle précède le retour de "la Bête", véritable destructeur de monde et traumatisme récent des habitants d'Oz. Dorothée va donc se retrouver embrigadée, malgré elle, dans une guerre dont elle ne comprend pas forcément tous les enjeux. Sur son chemin, elle fera des connaissances inédites comme l'Epouvantail sans Cervelle, le Lion Lâche, le Magicien ou les Sorcières...
Le Magicien d'Oz (1900) de Lyman Frank Baum est un peu l'équivalent américain de notre Petit Prince (1943) d'Antoine de Saint-Exupéry: un classique incontournable dont les adaptations pullulent mais gare à elles si elles ne respectent pas l'œuvre !
Du coup, après la désastreuse préquelle de Sam Raimi (2013) sur les origines du magicien d'Oz, NBC s’est retrouvé avec un problème sérieux : devait-il continuer son projet d’adaptation sérielle, sous une forme sombre, réinventé et steampunk, du mythique livre ? Et bien, c’est une question qu’elle ne semble n’avoir jamais tranché ! Brièvement annulée en 2014, sans casting, relancée en 2015, devant débarquer au printemps 2016 pour finalement avoir une très courte vie au début 2017, cette série en a fait du chemin ! Et, après ce démarrage difficile et brouillon, inutile de préciser que NBC l’a très vite annulée.
C’est franchement dommage ! Je ne sais pas si c’est mon côté français qui parle et donc explique que je ne me sente pas aussi trahie que les américains devant un tel projet, mais cette série est un petit bijou d’inventivité ! Les showrunners ont eu la bonne idée de revisiter les différents éléments de chaque livre (parce qu’il y a eu une série littéraire que nous, européens, connaissons fort mal) en y ajoutant une dimension plus humaine ou plus sombre, en fonction des personnages. La fille qui a passé sa vie dans la peau d’un garçon et donc se sent logiquement plus garçon que fille mais qui doit sacrifier son identité pour le bien commun, la Sorcière qui a mal tourné et cherche à se racheter durant toute la série, la Sorcière qui est faussement l’alliée du Magicien, etc. Et, soyons honnête, il y a de superbes bons éléments scénaristiques, de superbes bons personnages et de superbes bonnes intrigues ! Accompagnés d’un style baroque, d’une bonne mise en scène et d’une architecture, d’un environnement très steampunk, ça reste agréable à regarder mais… ça finit par faire vide au bout d’un moment !
A cause du projet bancal, les bonnes idées ont été saccagées, revues, difficilement abandonnées, rafistolées, donc nous avons des intrigues bancales et certains éléments pas toujours expliqués : par exemple, Dorothée cherche à l’origine à rentrer en contact avec sa mère (qu’elle n’a jamais très bien connu parce qu’elle a été retirée à sa garde, bébé). Cette dernière se mure dans le silence et l’isolation, jusqu’à être victime d’une tentative d’assassinat par un sbire du magicien d’oz (comment est-il venu ? pourquoi le magicien a tout d’un coup éprouvé le besoin d’assassiner la mère de Dorothée ? ne nous posons pas la question) et Dorothée se trouve projetée dans le monde d’oz où elle essaye désespérément de revenir auprès de sa mère blessée (apparemment, le temps ne fonctionne pas de la même manière). On ne sera jamais vraiment quelles sont les causes de cet assassinat, la mère de Dorothée ne semblait pas causer beaucoup de problèmes au magicien et en plus, on va découvrir par la suite qu’elle n’est même pas sa mère mais l’amie et collègue de cette dernière qui est restée à Oz et avait confié sa fille à son amie lorsque cette dernière avait eu l’occasion de repartir sur Terre. Du coup, Dorothée a vaguement droit à la découverte de ses origines mais l’histoire est tellement compliquée qu’elle-même en oublie d’être choquée et… rentre quand même auprès de sa « mère » qu’elle sauve et qu’elle apprend à connaître.
Je ne sais pas comment était cette intrigue à l’origine mais c’est devenu un sacré bazar ! J’ose espérer que la désastreuse partie sur l’assassinat et le fil rouge de « je-dois-retrouver-ma-mère-elle-est-en-train-de-mourir » n’existait pas dans un premier temps et qu’elle a été rajoutée quand il a fallu justifier la volonté de Dorothée de rentrer chez elle mais du coup, on sent qu’elle est mal ficelée, peut-être coupée et simplifiée et il y a la découverte de la véritable mère de Dorothée qui… tombe comme un cheveu sur la soupe et surprend tout le monde par… le manque de réaction de Dorothée.
Parce que c’est un autre problème de la série : le jeu des acteurs ! Je ne sais pas si c’est parce qu’ils en avaient marre et regrettaient de s’être engagés dans un tel projet, si Tarsem Singh est à ce point nul pour diriger ses acteurs (me semble pas, mais bon…) ou si le projet était tellement chaotique qu’ils n’avaient aucun moyen de construire efficacement leurs personnages mais... comprenez, il y a d’excellents acteurs (Vincent D’Onofrio, Joely Richardson, Oliver Jackson-Cohen, etc…). Pourtant ils réussissent tous à jouer mal ! Si vous avez vu Daredevil, vous avez déjà vu la performance de Vincent D’Onofrio. Quant aux autres… d’autres personnes ont su très bien expliquer quel était leur problème.
Du coup, que reste-t-il à sauver ? Les costumes. J’aimerais dire les effets spéciaux et les décors mais très rapidement, on se rend compte qu’Oz est à Barcelone (à vouloir trop utiliser l’architecture de Gaudi, ils en abusent). Du coup, les costumes pètent la classe (mention spéciale à Lady Ev et ses masques) et on ressort frustrés d’avoir vu une aussi bonne série gâchée par… tout ça ! A regarder si vous êtes curieux…

RaphaëleMartinat
7

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le 18 févr. 2019

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