Lyriques, cruels et ambigus, tels sont le récit d'Ann Rice et le film de Niel Jordan. Aucun de ces trois adjectifs ne sied à cette nouvelle adaptation. Consensuel, univoque et soporifique, voilà la profession de foi de la série.
Un exemple pour illustrer mon propos : Claudia.
Elle était le personnage tragique et subversif. Une vampire âgée de six ans, un enfant prédateur, un tueur innocent, et l'on se prend d'affection pour cette adorable aberration. Puis elle vieillit, perd cette innocence mais l'on continue à compatir devant cette jeune femme à jamais prisonnière d'un corps d'enfant, condamnée à une frustration éternelle.
Mais là non, elle a 20 ans. Et c'est tout ce qui la caractérise. Elle est devenue un personnage standard, dispensable.
Idem pour les motivations qui ont mené à sa transformation, on passe du caprice d'un immortel manipulateur à un acte de bienveillance.
Tout donne l'impression d'avoir été passé à la moulinette de la bien-pensance.
Je passerai sur l'affligeante banalité des dialogues et divers rebondissements du scénario. Oubliez les personnages charismatiques et les réflexions métaphysiques sur l'immortalité et la prédation. Ici on rase les pâquerettes du début à la fin.
Transformer une œuvre immorale et baroque en soap opéra inoffensif est la seule prouesse accomplie par cette production qui sent un peu trop le savon.
Courage, fuyez.