Ergo Proxy est une de ces séries qui vous attrape par le col, vous jette dans un univers post-apocalyptique dystopique, et vous laisse là, perdu, avec un carnet de notes plein de points d'interrogation. WOWOW nous propose ici une œuvre où l'esthétique cyberpunk se mélange à des réflexions philosophiques si denses qu’on a parfois l'impression de suivre un cours de philo… dans un futur déprimant où l'humanité a quasiment jeté l'éponge.
L’histoire commence dans la ville coupole de Romdo, une métropole utopique où les humains vivent protégés du monde extérieur (car, bien sûr, il est encore plus moche que l’intérieur). La société y est régulée par des robots domestiques appelés "AutoReivs", mais ces derniers commencent mystérieusement à développer une conscience à cause d'un virus, ce qui transforme l'utopie en une angoisse existentielle géante. C'est là qu'intervient Re-l Mayer, une inspectrice à l’eye-liner aussi tranchant que son regard cynique, qui se retrouve plongée dans un complot qui la dépasse complètement, impliquant des créatures mystérieuses appelées Proxys.
À première vue, Ergo Proxy semble avoir tous les ingrédients d’un grand thriller futuriste : un monde en déclin, des androïdes qui s’émancipent, des créatures mystérieuses et une quête de vérité. Mais très vite, la série montre qu’elle n’est pas là pour être simplement divertissante. Non, elle veut aussi vous faire cogiter. Et pas juste sur des questions de base comme "Que fait cet androïde ?" mais plutôt "Qu'est-ce que l’existence ? Qu’est-ce que l’humanité ? Pourquoi suis-je en train de regarder ce truc sans comprendre la moitié des dialogues ?"
La réalisation est superbe, il faut le dire. Chaque cadre est travaillé, les décors sont soignés, et l'ambiance visuelle est un délice pour les amateurs de dystopies. Les tons gris, bleus et verts dominent un univers froid, où l’ennui et l’oppression semblent peser sur chaque personnage. Les designs des AutoReivs sont élégants, et chaque plan de Romdo respire le désespoir chic. Cependant, la série semble parfois tellement préoccupée par son esthétisme qu’elle en oublie de faire avancer son intrigue de manière fluide.
C’est là que Ergo Proxy devient une expérience déstabilisante. Les épisodes alternent entre des scènes d'action palpitantes, des moments de silence pesants, et des discussions pseudo-philosophiques qui pourraient faire passer un manuel de Sartre pour une lecture légère. Il y a des épisodes où tout semble soudainement devenir une métaphore, des séquences où les personnages sont plongés dans des questionnements existentiels sans fin, et des moments où même les protagonistes semblent se demander s'ils ne sont pas coincés dans une dissertation philosophique qui a mal tourné.
Vincent Law, notre anti-héros amnésique, passe son temps à errer, cherchant à comprendre qui il est vraiment (spoiler : même lui n'est pas sûr d'avoir la réponse). Re-l, quant à elle, est froide, distante, et si vous espérez un peu d'émotion de sa part, mieux vaut oublier. Ils forment un duo étrange, entouré de créatures mutantes et de robots plus émotionnels que certains personnages humains.
Le principal reproche que l'on pourrait faire à Ergo Proxy, c'est qu’elle demande tellement d’effort pour suivre son intrigue labyrinthique que l'on finit parfois par décrocher. Entre les monologues intérieurs, les symbolismes qui volent au-dessus de nos têtes et les références philosophiques qui jaillissent à tout va, la série risque de perdre un bon nombre de spectateurs en route. Pourtant, ceux qui persévèrent trouveront un univers fascinant, mais à condition de s’armer de patience (et peut-être d’un bon manuel de philo).
En résumé, Ergo Proxy est une série qui brille par son ambiance sombre et son esthétique soignée, mais qui pêche par son ambition excessive de vouloir mélanger action cyberpunk et réflexions métaphysiques complexes. Si vous aimez les séries où chaque épisode est un puzzle mental, Ergo Proxy est fait pour vous. Si, en revanche, vous cherchez une intrigue simple et claire… vous risquez de finir aussi perdu que Vincent dans ses propres questionnements.