Thèmes : Proxénétisme / Prostitution / Société / Adolescence *
Oh Ji-soo est l'archétype de l'élève modèle : des notes parfaites, une assiduité sans faille, des cours du soir et autres soutiens scolaires pour atteindre son rêve : réussir sa scolarité, avoir son diplôme, entrer dans une prestigieuse université et mener une vie normale avec un travail normal. Mais ce rêve coûte cher... Derrière cette façade de garçon parfait et pour réaliser son rêve, Ji-soo a une activité extrascolaire particulière...
Extracurricular est un drama atypique par sa forme (10 épisodes au lieu des 16 habituels) et par sa thématique (le proxénétisme et la prostitution des mineur.es).
Les épisodes sont plutôt de courte durée, ce qui est en soi assez plaisant (parce que franchement des fois, 1h10, c'est interminable !). Les personnages principaux (Jisoo et Gyu-ri) apparaissent vraiment comme des antihéros, les autres personnages sont quasi tous négatifs, à part celui du prof et de la policière, qui, heureusement, apportent un peu d'humanité à une belle brochette de dégénérés. La fin de la série est plutôt pas mal et les autres thématiques abordées sont intéressantes : la jeunesse sud-coréenne à la dérive (englobant à la fois la violence et le harcèlement), la démission des parents, la pression sociale exercée sur les jeunes. La réalisation est belle et on apprécie de voir le piège se refermer sur les deux ados.
Mais ce qui est le plus intéressant ici, je trouve, c'est le travail sur la moralité des deux personnages principaux, et surtout donc du personnage principal. Ji-soo vit seul (abandonné par ses deux parents), et donc comme il a besoin de payer ses frais de scolarité et ses études au delà, il a recourt au proxénétisme et enrôle à la fois un cheptel de filles pour les prostituer, et un gros bras pour se tenir prêt au cas où les gamines (elles sont toutes mineures) aient des soucis avec les clients...
Le spectateur se retrouve face à un jeune homme tout mignon, tout gentil, tout timide, bon élève de surcroit, dans les petits papiers de son prof principal, qui fait des choses dégueulasses. Mais comme il est seul et sans argent, et qu'il est tout mimi, et qu'en plus, il est sincèrement inquiet pour le bien être des filles qu'il emploie, on pourrait se dire, ouais mais bon, il n'a pas le choix le pov' gars... Et puis débarque le personnage de Giu-ri, fifille de bonne famille qui va reprendre l'entreprise familiale et qui rêve de trucider ses parents. Elle subodore quelque chose à propos de Jisoo et finit par découvrir le pot-aux-roses. Et la voilà embarquée dans le même train... Les deux sont ils moins coupables de leurs agissements car la c'est la société qui est malade ? car leurs parents sont absents ? car ces derniers sont des connards ?...
Toute cette dimension amorale va crescendo dans la série et elle en est le fil conducteur. C'est vraiment ce qui est le plus intéressant ici. Elle peut d'ailleurs rapprocher le personnage principal d'autres antihéros de la littérature comme Georges Duroy (Bel-Ami) ou Julien Sorel (Le Rouge et le Noir), dans un contexte plus moderne.
L'autre thématique intéressante, c'est le fait que cette jeunesse en éclat est incapable d'anticiper et de prendre conscience des conséquences potentielles de ses actes. A aucun moment, Jisoo ne s'imagine que son petit business pourrait lui couter cher et surtout qu'il implique le trafic d'autres êtres humains et leur possible souffrance... Giu-ri, elle, s'amuse beaucoup à l'idée de participer à tout ça... Leurs agissements terriblement choquants témoignent du degré zéro de conscience et de maturité qu'ils peuvent avoir...
En résumé, une vision très noire de la jeunesse sud-coréenne nageant dans le pas très propre et prête à tout pour de l'argent facile et rapide...
A noter côté humanité quand même la relation un peu Léon-Mathilda qui se forme entre Kim Min-hee et M. Lee, et qui apporte une once de chaleur à l'ensemble.
*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094