Oh my God, encore un shonen sans âme? Qui pique le style graphique de One Piece? Qui reprend un univers de fantasy vu et revu? Avec tous les codes du nekketsu?
C'est ce que je me suis dit en commençant à regarder l'anime. Finalement, après le premier épisode ça allait, je trouvais ça marrant, sans trop de prétention, avec des personnages intéressants et une narration basée sur un personnage féminin (Lucy), pour une fois. Donc j'ai continué. Et j'ai continué. Et je continue encore après près de 200 épisodes...
Pourquoi? Le paragraphe précédent reprend certains points, mais c'est pas tout: des personnages attachants (avec des doublures très sympathiques, par ailleurs), un humour omniprésent, une bande-son agréable et variée, des combats épiques, des pistes de réflexion intéressantes... En bref, sous ses airs d'outsider du monde du shonen qui va piquer des idées un peu partout, c'est en fait un concentré de ce qui se fait de mieux dans le genre. Et contrairement aux apparences, ce manga a bel et bien sa personnalité propre et sa patte graphique.
Petit résumé: L'histoire prend place dans le royaume de Fiore, dans le monde d'Earthland (et le détail a son importance), où les personnes dotées de pouvoirs magiques ne sont pas rares. Elles se regroupent en guildes, chargées de remplir des missions pour le commun des mortels contre espèces sonnantes et trébuchantes. Les types de magies sont nombreux et variés: certains modifient leurs corps, d'autres manipulent un élément, quelques-uns utilisent des créatures magiques ou des esprits, ou manipulent une constante physique telle que la gravité... Les guildes sont chapeautées par un conseil de la magie qui permet de réguler leur activité. Il y a un certain nombre de guildes qui ne sont pas reconnues par ce conseil, et sont considérées comme hors-la-loi. On les appelle les guildes noires. Natsu est le membre d'une guilde officielle renommée, souvent considérée comme la meilleure au monde: Fairy Tail. On le surnomme Salamander, car il manipule le feu grâce à ses pouvoirs de Dragon Slayer, qui lui ont été conférés par le dragon qui l'a élevé, Igneel. Ce type de magie est rare et renommé. Accompagné de son ami Happy, il fait la connaissance de Lucy, une mage spécialisée dans l'invocation d'esprits. Ils deviennent inséparables et forment une équipe au sein de Fairy Tail, à laquelle appartiennent également Gray Fullbuster, un mage utilisant la glace pour créer des structures complexes, et Elsa (ou Erza) Scarlet, dite Titania, très puissante, qui manipule l'espace-temps pour modifier instantanément son équipement afin de l'adapter à toutes les situations. Ensemble, ils vont protéger le monde de la magie et défendre leur guilde, composée d'un panel de personnages plus intéressants les uns que les autres.
À première vue, c'est très classique. Et en effet, ça l'est, mais dans le bon sens du terme. Néanmoins, ce serait mentir que d'affirmer que ce manga est sans défaut: ainsi, les arcs narratifs souffrent parfois d'une construction approximative. Mais cela est très pardonnable, vu que la concurrence dans ce créneau ne fait pas bien mieux.
Toutefois, tout n'est pas non plus à jeter d'un point de vue scénaristique. Le mangaka cherche à faire plaisir au public, avec plein d'affrontements, de situations qui opposent tel et tel personnage, et on éprouve une joie de gosse à regarder tout ça.
D'ailleurs puisqu'on en parle, des personnages, il y en a des kilos. Et, chose rare, la plupart finissent par s'intégrer pleinement au background: celui-ci rejoint Fairy Tail, celui-là une autre guilde, un autre finit au conseil de la magie, ou part voyager avant de revenir voir Natsu et ses potes,...On a pas cette impression, présente chez d'autres auteurs, qu'une fois l'arc terminé, les personnages montrés n'ont plus de raison d'être.
Les affrontements sont très nombreux, et, gros bon point, dépassent rarement la durée d'un ou deux épisodes. On ne part pas donc pour 10 épisodes à chaque ennemi où il ne se passe rien. Ce qui permet de voir de nombreux affrontements et de leur porter l'intérêt qu'ils méritent.
Je vais quand même consacrer quelques lignes à parler du fan service, if you know what I mean. Il y en a, mais il est tourné en dérision, puisqu'en fait c'est plus un ressort comique qu'autre chose. Si bien que malgré la grande qualité visuelle, et, il faut bien le dire, la perfection physique des principaux personnages féminins, ça fait beaucoup plus rire qu'autre chose, le tout étant ponctué d'effets sonores d'un second degré évident. Moi qui suis facilement choqué par la façon dont l'animation japonaise transforme les femmes en objets sexuels, j'y ai même trouvé une prise de distance par rapport à ce courant otaku. D'ailleurs les personnages féminins font sans doute partie des moins gourdes du genre.
Côté artistique, on voit une patte graphique proche de celle de One Piece, même si l'on se rend compte, si l'on fait preuve de bonne foi, que l'auteur possède son propre style. Le chara-design est souvent réussi, sobre la plupart du temps et agréable à l'oeil. Quant à la bande-son, elle a mis du temps à trouver son style, et il semblerait que ce soit fait maintenant, alternant des morceaux très classiques (voire quelques notes de musique classique) et des airs très "métal de versus fighting", ainsi que des compositions d'inspiration celtique (il n'est pas rare d'entendre des morceaux à base de violon, biniou ou cornemuse). Le thème principal reste agréable à écouter même après 200 épisodes.
J'ai lu quelque part que le mangaka, Mashima Hiro, s'était énormément inspiré de l'Europe, et en particulier de la France, dont il est tombé amoureux, pour de nombreux aspects de son oeuvre. Si c'est difficilement perceptible à première vue, il n'en reste pas moins que l'on sent une ambiance "vieux continent" pas déplaisante du tout.
D'un point de vue d'ensemble, la réalisation est très réussie, il est très facile de se sentir pleinement impliqué dans l'histoire. L'animation est belle, les plans soignés, si bien qu'on prend un réel plaisir à suivre les protagonistes dans chaque nouvelle aventure. Aussi, pour une fois la moitié de l'épisode ne part pas en résumés du précédent, de l'arc narratif en cours et de l'arc narratif précédent. Les résumés, quand il y en a, sont courts et concis, on a donc bel et bien plus de 15 à 20 minutes intenses, contrairement par exemple à One Piece qui traine depuis un bout de temps 5 minutes pour le résumé, autant en additionnant ending et opening et un rythme horriblement lent qui fait qu'il n'y a eu qu'une ou deux informations intéressantes sur tout l'épisode.
Est-ce que j'aime? Oui. Est-ce que je le recommande? Certainement! Sous ses airs d'outsider, Fairy Tail est un shonen original qui se taille sans problème une place parmi les tenants du genre. Ca sent bon de partout (men!), et il fait désormais partie de mon panthéon personnel. Vivement la reprise de l'anime!