Sur les deux premiers épisodes.
Falco respecte à la lettre les critères de la production TF1, et ce sera son plus gros défaut. Tout repose sur le pitch qui se veut original - ici un flic qui après 22 ans de coma doit faire ce qu'il peut pour s'intégrer au XXIème siècle et accepter ce qu'est devenu sa vie "en son absence". Sur le papier, ça part d'une bonne idée, mais cette idée se retrouvera broyée par le cadre de la série policière archétypale dans lequel on veut la caser.
Comme chacun se doute, chaque épisode voit Falco résoudre une enquête et suivre en arrière plan le fil rouge que forme sa réadaptation. Conséquence directe : tout ce qui a trait aux enquêtes est secondaire, les protagonistes sont des fantômes traités superficiellement, sans la moindre profondeur ; ce sont des coquilles vides récitant un texte pour faire avancer l'intrigue. La phrase "Ma soeur est partie quand elle avait 18 ans, je ne sais pas ce qu'elle a fait depuis, quand elle est revenue elle avait plein d'argent, mais elle n'a jamais voulu me dire comment elle l'avait obtenu" suffit pour donner au spectateur toutes les informations dont il a besoin pour l'enquête ; n'importe qui aurait pu la dire, quelque soit son passé, sa vie, son caractère, on s'en moque, ceci n'intéresse personne et la série nous le fait bien sentir. Inconvénient : après tous les romans policiers et toutes les séries policières que le Français moyen a lu/vu dans sa vie, y a-t-il vraiment une chance pour qu'une enquête casée sur 45 minutes le surprenne? Pour qu'il ne reconnaisse pas, pour peu qu'il fasse attention, toutes les ficelles de cette dernière?
L'autre versant de la série concerne donc son personnage principal qui doit surmonter ses problèmes, un truc qu'on a encore une fois vu et revu ; cependant les problèmes de Falco sont d'un ordre particulier. Comment fait un homme pour reprendre sa vie à 45 ans quand il l'a quittée à 23? Comment surmonte-t-il le vide dans sa vie? Comment va-t-il gérer ses retrouvailles avec sa fille de 22 ans? Comment va-t-il vivre le fait que sa femme a fini par se remarier après 10 ans d'attente? Hélas là encore tout est traité superficiellement à coup de clichés : l'homme est charmant/moqueur au bureau et broie du noir seul dans son appartement, à la manière de Patrick Jane dans Mentalist, sauf que Simon Baker est bien meilleur à ce jeu. On en est à un point où même ses scènes de tristesse sont prévisibles (oh, il a les larmes aux yeux devant son miroir. 3, 2, 1... voilà, il a pété son miroir à coup de poing, on nous l'avait jamais faite celle-là). Si c'était bien fait ça pourrait avoir son effet, mais là tout va trop vite, la série ne prend pas le temps de poser ses personnages et montre directement tout ce qu'elle a à proposer en un soir, en trois scènes clefs sans originalité. C'est triste d'avoir tout gâché pour une production fast-food préfabriquée. Ils auraient du poser l'ambiance et les personnages au fur et à mesure des épisodes, prendre leur temps pour développer et approfondir. Là, en deux épisodes, tout est dit, et on n'attend rien de la suite. C'est tellement torché qu'il y a plein de petites incohérences et d'éléments pas crédibles au cours de l'histoire (oui, déjà, en 2x50 minutes).
Falco ne bénéficie même pas de comédiens à la hauteur pour ses personnages principaux, ces derniers souffrant du syndrome du jeu d'acteur pseudo réaliste et froid dont souffrent bon nombre de productions françaises. Je croise des personnes plus hautes en couleur dans la rue, pourquoi perdrai-je mon temps à en regarder des aseptisées et sans intérêt à la télé? Seul Falco lui-même tente quelque chose à ce niveau là - en même temps c'est censé être l'argument de vente - mais sans grand succès.
Comble pour la fin : même moi qui ne suis pourtant pas très doué pour ce genre de choses j'ai fini par tiquer sur les gros plans sur les visages réalisés par des cameramen atteints de la maladie de Parkinson.
Je donne malgré tout un 5 poli pour l'idée de départ et la tentative de faire autre chose qu'une grotesque imitation des séries à succès des USA. L'épisode pilote commençait même pas si mal, jusqu'à la sortie de Falco de son hôpital.