Aucun doute. Cette mini-série "Fantômas", que j'avais découverte avec mes parents en 1980 sur Antenne 2 m'avait fortement marqué comme a pu le faire entre autres celle sur "Le Comte de Monte-Christo" avec Jacques Weber la même année.
Les deux ont en commun une approche plus sombre, tragique et sans doute plus fidèle à l’œuvre d'origine qu'un certains nombre d'autres adaptations qui en ont été faites.
C'est donc ici -pour moi- la principale qualité de cette version : Fantômas est dépeint ici en tant que sombre criminel qui n'hésitera pas un instant à tuer veuve et orphelin si cela sert ses desseins. Une machine froide, l'ennemi public n°1, personnification du diable.
Elle est en cela beaucoup plus fidèle aux romans de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Ses quatre épisodes reprenant d'ailleurs les scénarios de quatre d'entre eux. On est donc ici très loin (et tant mieux) de la comédie burlesque avec un Louis de Funès/Juve gaffeur et empoté... mais dans une version assurément plus sombre, plus tragique.
Malheureusement, il n'est vraiment pas facile de revoir aujourd'hui cette série.
Le rythme est très lent, certaines scènes totalement inutiles ou longues (surtout dans le premier épisode ou alors c'est peut-être moi qui me suis adapté au rythme petit à petit)... et surtout ma principale surprise et source d'incompréhension : Pour une série réalisée par des pointures comme Claude Chabrol et Juan Luis Bunuel (rien que ça), je l'ai trouvée tout de même parfois extrêmement mal réalisée.
Des éclairages fades et qui aplatissent tout (qui donnent un aspect de vieille série TV petit budget), certains acteurs qui jouent vraiment mal et des tirades qui parfois sonnent tellement fausses.
J'ai trouvé difficile de rentrer dans le bain et sans le souvenir ému de la série qui m'avait marqué il y a quelques dizaines d'années, je ne suis pas sur que j'aurai continué après le premier épisode.
Mais pour le spectateur qui s'accrochera, cette version de Fantômas a aussi clairement ses bons côtés, entièrement tournée en lieux réels (chambres d’hôtels particuliers parisiens, vieux châteaux, égouts et souterrains, prison de la Santé,..etc...), avec des scènes et des éclairages de nuit qui font parfois penser à l’expressionnisme allemand. Sa principale force étant l'ambiance générale qui s'en dégage. Une fois passées quelques tirades un peu ridicules du premier épisode, j'ai trouvé plutôt convainquant et en tout cas attachant Jacques Dufilho en Inspecteur Juve.
Le niveau de réalisation de certains passages reste un grand mystère pour moi (plus grand que celui de l'identité de Fantômas !)... et je ne peux que garder un goût un peu amer, l'impression qu'avec peut-être plus de moyens et plus de temps, cette série aura pu être réellement géniale.