Saison une nouvelle fois formidable pour Fargo qui réussit à s’imposer comme l’une des expériences télévisuelle les plus enthousiasmantes ! Il faut voir tout ce que propose, par exemple, le premier épisode en un petit peu moins d’une heure. Une mise en place foisonnante d’histoires et de personnages dont les destins se croiseront grâce à la malchance, la bêtise et l’incompétence des uns et des autres. Proposant un rythme nonchalant, engourdi par le froid de cette semi-lenteur provinciale, cette nouvelle saison monte un puzzle reposant sur le gouffre qui sépare les faits des histoires, questionne l’idée même de vérité et témoigne de l’angoisse d’une Amérique qui quitte la crise des subprimes pour se plonger dans les errements psychopathiques et mythomanes de l’ère Trump. L’histoire nous fait miroiter une grande conspiration, des croque mitaines cosaques et articule la peur d’une société parallèle, puissante et prédatrice alors que la réalité est bien plus minable. La série prend son temps pour explorer ses fausses pistes comme si la résolution de l’énigme était moins intéressante que ce qui s’en éloignait. Comme si l’évidence n’était jamais là où les gens voulaient qu’elle soit. La virée à Los Angeles (dans une ambiance fabuleusement « best of » du cinéma des frères Coen) et la virée dans une forêt totalement désaturée où deux personnages sont poursuivi par un « loup » restent deux des plus beaux moments de cette saison et deux respirations faussement gratuites d’une série dont la conclusion illustre le trouble et l’attente de notre époque. Jamais le carton « basé sur une histoire vraie » n’aura autant eu d’importance dans Fargo, son sens se culbutant aux thèmes même de l’histoire et se confrontant de manière délicieuses aux petites touches surnaturelles qui saupoudrent de fantastique toute l’intrigue (l’intervention savoureuse d’une sorte d’envoyé divin, la fille qui pense tellement ne servir à rien que les portes ou les robinets automatiques ne la voient pas). C’est magistral et même si je préfère toujours la seconde saison, Fargo 3 aligne de nouveau des acteurs aux prestations parfaites, des dialogues fabuleux et une image magnifique (cette symétrie froide où s’agitent les personnages)…