Cette critique est écrite après visionnage de la saison 5 (et de longues années après les visionnages des saisons 1-2-3, j'ai raté la 4).
Pour moi, ce qui fait le lien entre le film des frères Cohen et les séries qui en ont découlés, c'est cette capacité à faire cohabiter dans un même objet télévisuel des personnages et des ambiances si différentes. Polar, thriller, comédie, drame. Personnages terrifiants, intelligents, cyniques, manipulateurs, balourds, imbéciles. Et leur capacité à passer d'un état à 'l'autre, d'un style à l'autre. Le tout sans paraitre surjoué ou forcé. Avec en fil rouge ce thème si cher aux frères Cohen, la bêtise humaine.
Dans cette 5e saison, le cocktail est particulièrement réussi. Que ce soit sur les thématiques: violences domestiques comme ils disent outre Atlantique, séparatisme et ennemi intérieur (un thème qui fonctionne bien en série, que ce soit dans Homeland où ici, cela donne des personnages haut en couleurs), capitalisme effréné et business de la dette. On balaye ainsi des style allant du western au thriller en passant par le film d'action ou la comédie burlesque et même le fantastique, ou, encore plus surprenant, un film d'animation de marionnette (sans que ce soit un artifice, mais une vraie façon de transmettre de façon forte mais non voyeuriste des éléments sur les violences faites aux femmes).
Pour que cette mayonnaise prenne, il faut des bons acteurs, depuis les têtes d'affiches jusqu'au second rôle ; dont certains devront balancer entre 2 pôles parfois opposés. Juno Temple incarne le mieux ce grand écart, tant dans son jeu d'actrice que dans la construction de son personnage: femme dévoué presque péronnelle qui se révèlent une véritable tigresse rescapé de violences inimaginables. Jon Hamm en tyran cowboy/sheriff qui montre encore une fois le grand acteur qu'il est quand il est bien dirigé, que ce soit dans la terreur qu'il peut inspirer où l'absurdité quasi british de l'humour qu'il déroule parfois. Jennifer Jason Leigh vient compléter ce trio de tête, redoutable en requin dirigeante de son empire de la dette. Les acteurs gravitant ensuite apportent toutes et tous une note de leur propre épice (David Rysdahl en gentil mari imbécile et fils neuneu, Joe Keery en fils voulant se montrer à la hauteur, Lamorne Morris en flic intègre, Richa Moorjani tiraillé entre ses idéaux, Dave Foley délicieusement absurde en avocat borgne, Sam Spruell terrorisant dans ce personnage mi fou mi mystique, ou encore les 2 agent du FBI).
On mélange le tout, et on obtient une saison de haute qualité, qui parvient à être drôle, effrayante, haletante, féministe, intègre et brillante. Les clins d'œil au film et aux autres séries régaleront les fans, sans laisser sur la touche les néophytes.
On a l'impression qu'il sera difficile de faire mieux et d'apporter autre chose au propos de cette franchise. Mais miraculeusement, les mélanges proposés saisons après saisons ne perdent rien en qualité. Donc attendons la suite, ou régalons nous de redéguster les précédentes séries ou le matériel de base!