Créé en 2014 par Noah Hawley, Fargo était initialement une adaptation du film éponyme des frères Coen. Par la suite, la série a muté en anthologie reprenant les codes scénaristiques établis dans la première saison.
Cette quatrième itération s’intéresse aux conflits entre familles mafieuses.
Le premier épisode dresse efficacement le cadre du récit. Nous suivons les différentes vagues d’émigrations aux Etats-Unis durant le XXème siècle par le prisme de la criminalité. Cette introduction nous permet de comprendre les rituels en place et découvrir les protagonistes dans leur environnement.
Comme lors des précédentes saisons, nous allons assister à une succession de mauvais choix entrainant des situations dramatiques. Il est toujours stimulant d’observer comment les actions individuelles deviennent des problèmes pour un collectif.
L’histoire fait la part belle à ses personnages. Nous naviguons entre un policier ayant des TOCs, un Marshall mormon, une infirmière ayant oublié son serment d’Hippocrate et bien d’autres encore. Cette diversité vertigineuse forme une base scénaristique solide où les interactions entre ces individus redéfinis les enjeux constamment.
Cette galerie de protagonistes empêche toute anticipation des actions à venir. La trajectoire dramatique de certains d’entre eux n’en est que plus dramatique voire pathétique.
Leur instant final en est souvent le reflet de leur identité, leur vécu. Le lâche sera assassiné sans avoir pu répliquer. L’impulsif périra par précipitation. Le renégat tombera dans l’oubli et ainsi de suite.
Au-delà de sa forme, cette saison plus encore que les précédentes tisse un tableau intéressant sur tout un pan de l’Histoire des États-Unis. Bien que nous assistons à un affrontement entre deux clans distincts, ils font pourtant partie d’une même famille : les parias.
En effet, lors de nombreux moments, l’auteur nous rappelle les discriminations subies par ces générations d’immigrés. Entre la ségrégation et les préjugés racistes, il est difficile pour eux de réaliser leur Rêve Américain tant espéré. De ce fait, emprunter les voies de l’illégalité pour atteindre cet objectif tient autant de la facilité que de la nécessité.
Une facilité se traduisant par un refus de se battre contre l’injustice subie mais plutôt de sortir des horizons bouchés pour s’emparer d’autres amoraux.
Une nécessité étant donné que les perspectives d’avenir en tant qu’opprimés dans une société raciste sont minces. L’accès à cette alternative devient donc le seul espoir pour survivre.
Ce sujet de fond est instillé discrètement tout au long de la saison à travers le comportement des individus ou des lieux qu’ils visitent. Il n’est pas le thème principal de cette histoire mais plutôt la base de celle-ci.
Avec cette quatrième saison, Fargo continue de se renouveler tout en reprenant une recette efficace. Le casting est toujours aussi qualitatif. Le rythme est soutenu et les situations aussi diverses qu’imprévisible. L’humour est mordant et la tragédie est percutante.
On ne peut qu’espérer avoir la chance de découvrir de nouveaux récits issus de cet univers Coennien.