Fargo est une série qui prend son temps. Dès les premiers plans, on peut s'en apercevoir. Le crissement des pas sous la neige, et ce blanc à perte de vue. Cette série prend son temps sans pour autant rappeler des séries à la Rectify qui font le même choix. Parce que Fargo est avant tout une série à l'humour noir acéré et subtil, aux personnages bien campés, et souvent monstrueusement drôles autant qu'effrayants. On y retrouve le talent des frères Coen, leur cynisme exploité à la perfection. Des situations improbables et génératrice de stress quand on sait qu'aucun personnage ne sera épargné.
La morale ne semble pas avoir sa place dans cette série dans laquelle une affection particulière est porté au magnifique Lorne Marvo, à son ingéniosité et son calme implacable, à son inhumanité parfois hilarante. A sa dangerosité et son absence de pitié.
/Spoils/
En miroir, il faudra attendre presque une saison entière pour voir la transformation totale de Lester Nygaard pour qu'enfin il puisse devenir le monstre qu'il était en sommeil dès le début de la série et tenir tête à Lorne Marvo.
Les personnages semblent tous poser une seule question : qu'est-ce que le pouvoir révèle chez les individus qui en jouissent? Comment gérer le rapport entre égo et pouvoir? Ici, les trois personnages ayant du pouvoir sont des personnages masculins (le chef de la police, Lorne Marvo et Lester Nygaard) qui seront tous les trois mis en échec par
Molly Solverson et sa capacité analytique. Si son humilité n'incite pas à se méfier d'elle, c'est ce qui lui assure la victoire face à ces trois personnages masculins néfastes. Les faiblesses de l'agent Gus Grimmly sont également ce qui le mèneront à la victoire, tant en amour que dans l'affaire en question.
L'amour des Coen pour l'humilité semble ici évident. Vous l'aurez compris, Fargo est une série à voir.