N'essayez même pas de me convaincre !
Les séries télé c'est de la merde. De-la-merde !
J'ai été diagnostiqué sériephobe par douze grands spécialistes des névroses incurables. Inutile de me foutre sous le nez un épisode de Game of Thrones, c'est de la merde ! Pas la peine d'essayer de me faire rire avec la 17ème saison de la dernière daube du moment, c'est de la merde aussi !
Alors pensez-vous ! Quand quelques inconscients ont eu l'idée absurde de faire du chef d'œuvre des Coen une série; y'en a forcément un qui était prêt à déverser toute sa glaire sulfurique et sa haine stérile sur ces quelques épisodes qui constitueraient forcément une insulte intolérable au matériau d'origine.
Sauf que là j'ai l'air bien con.
C'est l'heure de la rédemption.
Le show de Noah Hawley m'a assené une telle claquasse dans ma tronche confite que j'en suis à un charmant paradoxe. Les 99% de la production télévisuelle qui me consternent me semblent encore plus faisandés mais... mais l'espoir de retomber sur un tel condensé de génie est plus que jamais vivace.
N'empêche faut sûrement pas trop rêver. Une telle maîtrise du début à la fin, c'est tellement ahurissant que je doute vraiment revoir ça un jour. Parce qu'absolument tout (tout !) est aux petits oignons.
Prenez l'écriture. Les personnages, les intrigues, la narration, les dialogues... On te brasse une chiée de thèmes casse-gueules, car archi rabattus, avec une intelligence constante. L'écriture conserve du début à la fin sa verve, sa finesse, sa cohérence, sa fluidité, sa simplicité, son efficacité et son humanité (tout ça). T'as pas une digression foirée; t'as pas un personnage qui fait tâche (et paye ton casting de dingue !); et t'as une gestion insensée des ruptures de ton (ouais j'te tutoie maintenant). Et par dessus tout ça ? Un respect/prolongement/hommage à toute l'œuvre des Coen si riche qu'il est impossible de tout saisir.
Faut voir aussi la réalisation d'une classe folle : mise en scène d'une précision dingue, montage parfait, élégance de la direction artistique, gestion des ambiances... De putains de grands moments à chaque épisode; que ce soit un plan fixe tendu comme un string sur le cul d'un rhinocéros ou un travelling virtuose sur une baston qu'on ne fait qu'imaginer, ça déboite. Et c'est brillant jusque dans l'utilisation de la musique; en témoigne le retour parfait du thème de Burwell sur les derniers instants du show qui filerait à lui seul les larmes aux yeux.
Je ne sais plus où j'en suis. Comme Marge Gunderson je ne comprends toujours pas.
Mais ne profitez pas de ce moment de faiblesse pour tenter de m'avoir.
Les séries télé c'est de la merde !