Un texte qui apparaît à l'écran nous met tout de suite en garde. Cette série est une fiction. L'avertissement a son importance : malgré le contexte, Fauda, série israélienne qui montre l'opposition des services secrets de Tel'Aviv à un groupe terroriste, se veut avant tout un divertissement. Ne surtout pas y voir un quelconque contenu politique.
Et quel divertissement ! Prenez l'intensité dramatique des meilleurs épisodes de 24 Heures Chrono et mélangez-la avec les réflexions sur la morale telles que l'on pourrait les trouver dans The Shield, placez le tout dans le contexte du Proche-Orient, et vous obtiendrez Fauda (Le Chaos, en arabe).
La saison 1 commence lorsque, pendant une opération de routine, les services secrets israéliens apprennent que Abou Ahmad, dit La Panthère, terroriste qu'ils croyaient avoir assassiné 18 mois plus tôt, est en fait toujours en vie et en pleine activité. Ils vont faire appel à Doron, l'homme qui avait tenté d'assassiner le terroriste, et le seul capable de le reconnaître. Mais l'agent est revenu à la vie civile et cultive son vignoble, bien tranquille dans son coin.
La série va montrer comment, petit à petit, la vie civile et la vie d'agent secret vont s'entremêler. Ainsi, la violence qui est le lot quotidien des services secrets va envahir la vie privée de Doron : on le voit s'entraîner au tir au milieu de ses vignes, et l'acte pourtant banal de mise en bouteille se fait avec des gestes qui ressemblent à ceux d'un combat.
Cette saison va donc se focaliser sur l'opposition entre deux hommes, Doron et Abou Ahmad. Une opposition mais aussi, paradoxalement, un parallèle. Les deux hommes se ressemblent, et agissent de la même façon. Tous les deux ne vont pas hésiter à sacrifier leur famille (au sens propre de l'expression s'il le faut) au nom de leur cause. Pour eux deux, cet affrontement n'est plus celui de deux causes qu'ils veulent défendre. C'est devenu une histoire personnelle.
Et la série nous montre bien ce terrible enchaînement de causes à effets qui produit un crescendo de violence. Plus les épisodes s'enchaînent (à toute vitesse d'ailleurs), plus la violence augmente. Une violence crue, montrée directement par une mise en scène très immersive. Remarquablement écrite, cette saison prend la forme d'une sorte de maelström qui attire irrémédiablement ses personnages vers le fond.
Les douze épisodes se déroulent à une vitesse impressionnante. On n'a pas le temps de reprendre haleine. Chaque épisode contient son lot d'action et les conséquences de celle-ci. La tension est permanente, le suspense est prenant. Il faut noter l'emploi très intelligent des décors, que ce soient les rues labyrinthiques dont les méandres peuvent dissimuler des dizaines de tireurs embusqués, ou un entrepôt désaffecté. Tout contribue à cette ambiance lourde et au suspense de la série.
Une belle découverte qui fut le plus grand succès de la télévision israélienne et reçut même des prix internationaux. A voir, en attendant la saison 2 dont la diffusion vient de débuter dans le pays d'origine.
[8,5]