Fear Clinic par Wykydtron IV
J'avais peut-être déjà croisé le nom de Fear clinic en fouillant la filmo de Robert Englund, mais c'est en consultant celle de Lisa Wilcox, probablement quand je regardais ce documentaire génial sur la saga Freddy qu'est "Never sleep again" et que j'avais envie de savoir ce qu'était devenu un peu tout le monde, que j'ai vraiment porté mon attention sur cette série.
Je trouvais drôle que Freddy Krueger, une de ses victimes, et Jason Voorhees soient en quelque sorte réunis dans une même série. En plus, c'est l'occasion de faire apparaître en même temps Englund et Hodder, celui qui a joué Jason le plus de fois, et qui n'a pourtant pas joué dans Freddy vs Jason.
Surprise supplémentaire au casting : Danielle Harris, habituée du cinéma d'horreur depuis ces dernières années.
Le casting est ce qui a provoqué mon intérêt pour Fear clinic qui, je ne l'ai appris que bien après, est en fait une websérie de 5 épisodes ne durant que 7mn chacun, produite par le site FearNet.com.
Et je n'ai découvert qu'aujourd'hui que le réalisateur de tous les épisodes de la seule et unique saison est Robert Hall, à qui on doit les deux films Laid to rest.
Fear clinic, c'est le nom de la série, mais c'est aussi la description de l'établissement hospitalier dont Robert Englund joue le directeur. Les patients viennent le voir dans l'espoir de faire disparaître leurs phobies. Le directeur, en les enfermant dans un caisson aux pouvoirs qui demeurent inconnus pour le spectateur, les confronte à leurs peurs sous forme d'hallucinations. Mais, forcément, les choses tournent mal.
Le premier épisode s'ouvre sur un détournement de l'expression anglaise "the devil you know is better than the one you don't", qui devient "the devil you see...". C'est une manière bien trouvée de nous introduire au thème de la phobie.
Ce qui intrigue quand on se penche un peu plus sur la série, ce sont les titres des épisodes, chacun correspondant au nom de la phobie d'un personnage sur lequel on se concentre. J'ai bien aimé l'idée que chaque épisode se concentre sur l'un des patients, mais qu'en même temps l'intrigue principale évolue.
Après ça, les bonnes idées se font rares.
La mise en scène est tape-à-l'œil, on a droit à des effets inutiles. Je ne sais pas pourquoi, je l'ai senti venir. Etant donné que Fear clinic est une websérie, j'ai eu comme crainte qu'elle cherche à compenser ce statut par des effets que le réalisateur s'est imaginé comme cinématographiques, pour se montrer à la hauteur du grand écran.
Enfin, cette mise en scène est aussi caractéristique des films d'horreur modernes, mais Robert Hall n'avait pas fait de choses pareilles dans Laid to rest 1 et 2, dans mes souvenirs.
On retrouve aussi un de ces effets vu et revu bien trop souvent, celui de la pièce où la lumière clignote comme un stroboscope. Certains cinéastes arrivent à y apporter une explication, d'autres essayent sans arriver à faire oublier le procédé forcé ; ici, il n'y a aucun justification. Les lumières sont normales, la scène d'après elles clignotent.
Inévitablement, on se retrouve aussi avec des jump-scares, prévisibles qui plus est.
La série manque de finesse dans sa façon de vouloir précipiter les frayeurs, un peu moins dans celle d'amener les quelques informations sur les personnages, mais malheureusement c'était un peu obligé vu le format très court des épisodes.
Je dois avouer quand même qu'au niveau de la narration, Fear clinic ne se débrouille pas trop mal, arrivant à concentrer beaucoup d'évènements en peu de temps sans qu'on ait l'impression que ce soit accéléré ; on a presque l'illusion que le temps est plus long (et je ne dis pas ça en mal).
La série souffre aussi de pleins de petites erreurs bêtes. Le CGI cheap du cafard qui se rue sur le sol, bon, c'est un problème de budget (enfin quand même, quelle idée d'animer la bête de façon aussi grotesque ?), mais justement, il aurait fallu y pallier en faisant attention au reste. Si dans l'ensemble il n'y a pas grand-chose à critiquer au niveau de la réalisation et du montage, tout d'un coup on a une grande impression de bâclé avec cette utilisation du Wilhelm scream qui est la pire que j'aie vue à ce jour. On essaye de faire passer ce stock-sound pour... le cri de Lisa Wilcox. Le Wilhelm scream appliqué à une femme, quoi...
Et à la toute fin du dernier épisode, il y a cette erreur vraiment nulle où l'on voit que Robert Englund n'écrit pas vraiment ce qui est dans son carnet ; il a la main en bord de cadre pour dissimuler le texte déjà rédigé, mais ça se remarque quand on voit que le dernier mot est souligné avant que le personnage ne fasse le geste pour tirer un trait. Et rien que la façon dont est rédigé le carnet pue le fake. Le directeur n'écrit qu'au recto des pages, en ne mettant qu'une phrase au milieu de la page, sans que les mots soient à la ligne. Et qui souligne des mots pour insister dessus ? C'est un procédé qui ne s'applique qu'aux bulles de BD.
Il y a une idée de mise en scène géniale dans l'épisode 2. Danielle Harris, qui joue une patiente ayant peur du noir, se retrouve à marcher dans un filet de lumière qui se rétrécit, et qui passe par l'ouverture d'une porte d'ascenseur retenue de la fermeture par une lampe-torche. Il y a pas mal de tension, en plus.
Et en même temps, il y a dans les zones d'ombres des représentations trop concrètes des monstres que la fille s'imagine rôder dans le noir, qui apportent de la lourdeur à la scène.
Bon voilà, on a ça, et après c'est fini, plus de bonnes idées.
Les hallucinations dans le caisson et la réalité se confondent, on ne s'y retrouve plus, et ce mélange, au lieu de donner un air complexe à la série comme l'a sûrement souhaité le scénariste, n'a juste aucun sens.
Des éléments de la réalité se retrouvent dans le rêve, et inversement : le garde joué par Kane Hodder est assommé dans la réalité par une patiente, normalement personne ne doit le savoir à part ces deux personnes impliquées, pourtant juste après dans le cauchemar d'un autre patient, le garde arrive en ayant l'air de souffrir à la tête.
Aucun sens !
Et les manifestations de la peur des patients deviennent réalité, c'est n'importe quoi.
Une patiente craignant les insectes voit une araignée géante à la place d'une seringue qui la pique, c'est idiot...
Bon au moins après, son cauchemar où les insectes sortent de son corps a le mérite d'être dégueu (ce qui ne m'a pas empêché de manger en même temps).
Il y a une référence sur les casiers des patients dans l'épisode 3, on peut lire "Fred" et "Jason", et voir un poster de Laid to rest. Kane Hodder a aussi un tatouage du personnage de ce film sur son bras, comme on peut le voir sur une des photos promo de la série.
Voilà, à part les quelques idées sympas évoquées, le rapport de cette série au cinéma d'horreur, passant par son casting, est pratiquement le seul intérêt.
Heureusement que ça ne durait que 5 épisodes, et que ceux-ci ne faisaient que 7 minutes, sinon je n'aurais pas regardé en entier. Et encore, dès l'épisode 1, j'ai cru que j'allais m'arrêter à la moitié de la saison.