Depuis que je suis petit, j'ai toujours été fasciné par les histoires effrayantes. À la fois fasciné et horrifié. J'ai toujours pris un malin plaisir à regarder des vidéos d'épouvantes ou de lire des récits terrifiants dans le noir, ou avant de me coucher. Je ne pense pas être le seul, bien au contraire. L'être humain moyen a une fascination pour les choses qu'il craint.
Et en tant qu'enfant d'Internet, la plupart des expériences horrifiques que j'ai pût découvrir vienne naturellement de ce support. Jeux-vidéos, creepypastas, vidéos maudites ou étranges, ainsi que des histoires glauques racontées par des passionnés devant leur caméra. Et c'est de cette manière, par le plus grand des hasards, que j'ai découvert Feldup.
Devenu un youtubeur francophone majeur depuis ces trois dernières années, Feldup est un créateur de contenu, traitant de mystères s'étant propagés sur la toile, d'ARGs, ou de faits divers. Il est aussi musicien et a crée quelques oeuvres de fiction seul ou avec d'autres confrères. Son format d'émission le plus récurrent porte le nom de Findings, des vidéos où il traite de mystères et d'histoires macabres. Cela peut aller du récit d'expériences psychologiques, à l'analyse d'esthétique et de musique, ou à la retrospective de web-séries. Notre hôte s'intéresse majoritairement à la culture d'Internet, traitant de sujets de seconde zone, voire carrément niches.
Sur le papier, ce n'est qu'une émission qui traite de faits-divers. Ça existe depuis toujours, que ce soit à la télé, à la radio, ou dans les journaux. Mais Feldup passe la barre plus haut en défiant toute concurrence. C'est simple : je suis amateur de bonnes histoires. J'aime prendre du temps pour entendre un bon récit. Et bien ce gars est de loin l'un des narrateurs les plus talentueux que j'ai pu voir.
Pour raconter une histoire, il faut deux ingrédients majeurs : un sujet intéressant et une ambiance. Dans le premier cas, nous sommes vernis, les thèmes traités par Feldup sont variés et tous fascinants. Des faits-divers sombres aux morceaux de musique tordus jusqu'aux légendes et mythes du jeu-vidéo, il y a de quoi faire. Parfois, on peut s'attendre à un thème sans prétention, une énième histoire criminel ou un phénomène horrifique d'Internet. Et pourtant il parvient toujours à trouver des sujets intéressants, et même à rendre des histoires banales passionnantes ! Car non seulement chaque sujet est traité avec passion et intérêt, mais on sent que les recherches ont été méticuleuses. Que ce soit les nombreuses images et textes d'illustrations, ou même les théories et termes employés, la création de chaque vidéo prend du temps à être conçue. Et les efforts payent, étant donné que chaque nouvelle vidéo sonne comme un rendez-vous à ne pas manquer. À l'heure où la quantité est privilégiée à la qualité, ça fait un bien fou de voir des vidéos de près de deux heures une fois par mois qui en valent la peine.
Second point majeur : l'ambiance. Quand je regarde une chaîne horrifique, je cherche à ressentir ce sentiment d'effroi et de fascination dont je parlais plus haut. Tel l'enfant qui observe l'orage gronder au-dehors alors qu'il est blotti sous sa couette. Et je dois dire que je n'ai quasiment jamais trouvé cette sensation chez un youtubeur d'horreur français : Pourquoi avoir peur ? Insupportable. Motorx24 ? Les histoires et la narration sont à chier. Occulture ? Bof...
Mais chez ce cher Fel', j'ai retrouvé cette sensation, ce frisson macabre qui frôle l'orgasme. J'avais envie d'arrêter de regarder quand il parlait du stalker siffleur. J'avais envie d'arrêter quand il parlait de ce malade mental et de ses tutos bidons. J'avais envie d'arrêter en écoutant l'Ave Maria d'Alessandro Moreschi. Et pourtant j'ai continué. Pourquoi ? Parce que le narrateur me donnait envie de continuer.
La lumière tamisé, la voix douce du conteur, la musique faite maison qui peut aussi bien évoquer l'angoisse ou le confort, c'est juste parfait. Ce n'est pas juste jouer à se faire peur, c'est prendre place dans l'histoire, dans l'univers. S'imaginer arpenter les Backrooms, se souvenir des traumas des débuts d'Internet, ou écouter de la musique aux sonorités torturer, ce n'est pas du masochisme stupide, c'est s'imprégner d'une forme d'art.
Et je pense que cette ambiance cosi malgré la gravité des sujets se doit aussi grâce à l'hôte de l'émission. Je ne connais pas personnellement Feldup, mais il dégage une aura de sympathie, surtout depuis ces deux dernières années. Avec ses cheveux en bataille, sa face ronde, ses chemises et son micro, on croirait écouter un ami, ou quelqu'un qu'on a pas vu depuis longtemps. Ajoutez à ça les messages de bienveillance à la fin des sujets plombants, et vous obtenez un gars qui a tout pour plaire.
Ce n'est pas juste un rendez-vous pour se faire peur et faire des bouffoneries d'Halloween. Feldup nous prend la main et nous emmène dans de multiples univers, nous racontant le pourquoi du comment de chaque histoires. Avec finesse, douceur, avec humour et second degré parfois, mais jamais avec bouffonerie. Cela doit sûrement s'expliquer par le fait qu'il doit être une personne sensible qui a dû passer par des passages plutôt difficiles.
Findings, c'est la traditionnelle réunion des amateurs d'art, d'histoires effrayantes et de sujets glauques. Et je ne pense pas être le seul spectateur à trouver un moment de répit sur cette chaîne. Malgré l'horreur de certains sujets, je parviens à trouver ce mélange de fascination et d'effroi qui me fait sentir en vie dans le bon sens du terme.
Si vous n'avez pas encore regarder un épisode de l'émission, je ne peux que vous invitez à en regarder un, récent de préférence. Décryptage de fiction énigmatique ou histoire d'un media perdu, vous trouverez sûrement votre compte.
Et qui sait, peut-être que vous y trouverez une étincelle de joie à travers le brouillard.