Flesh and Bone par Krol

Ce n'est pas souvent dans le paysage télévisuel, que l'on a droit à une série sur la danse, qui plus est, fidèle à cet art. Il ne suffit pas de savoir tourner 3 fois sur soi-même et faire un grand écart pour être danseur et la réalisatrice l'a bien compris.
Poussée par ma curiosité de danseuse en herbe et par un trailer convainquant ("sportivement" parlant), je me suis lancée dans le visionnage de cette mini série en 8 épisodes.

• La danse •
On ne nous a pas menti, le casting est composé de vrais danseurs de haut niveau. On se délecte des scènes à la barre, pendant les cours (bien trop peu nombreuses), on trépigne de jalousie devant les chorégraphies magnifiquement exécutées, on s'emballe devant un gros plan lors d'un cambré ou d'une arabesque. C'est bluffant de réalisme. On admire les corps en mouvement, les muscles en tension, les équilibres maitrisés. On se laisse facilement emporter par les émotions qui passent très naturellement des acteurs à nos yeux ébahis.

• La photographie & Co. •
Pas déçue non plus. Il y a un beau grain d'image, les couleurs sont superbes, les ambiances colorées selon les scènes sont très bien maitrisées, c'est très beau à voir. Les lumières aussi sont travaillées. Toujours pour le plaisir des yeux, les costumes et décors sont très soignés. Vraiment rien à redire, on est plongé dans un univers graphique cohérent et très plaisant.

• Les personnages •
Je dois avouer que le visionnage était très immersif, j'étais complètement "dans" la série. J'avais vraiment l'impression d'être à coté du caméraman. Et ca, c'était très agréable. Les acteurs sont très convaincants. Avoir choisi des professionnels de la danse était une bonne idée car ils savent retranscrire au plus juste ce que vit un danseur au quotidien. On sent leur peine, tant morale que physique, on souffre avec eux.

Mais le constat n'est pas aussi positif concernant l'écriture des personnages. Et c'est là que la série pêche, en grande partie pour moi. On a affaire à tout un tas de clichés plus gros les uns que les autres et c'est extrêmement dommage. Quel manque de subtilité ! Non, toutes les danseuses ne sont pas anorexiques, non, tous les danseurs ne sont pas homosexuels, non, le monde de la danse n'est pas peuplé que de gens dévastés par leur enfance ou torturés par leurs vices. On avait déjà eu droit à ce genre de personnalité dans le film Black Swan avec Natalie Portman, mais cela m'avait semblé moins choquant car centré sur son personnage et traité de façon plus onirique et fantastique. Dans la série, on a droit à tout un panel de situations assez extrêmes. Alors, évidemment, je n'ai jamais croisé le quotidien de danseurs étoiles ou d'un corps de ballet professionnel mais à mon petit niveau, jamais je n'ai croisé de personnalités aussi abîmées ou extravagantes. La série va trop loin dans son amalgame de stéréotypes.
Malgré tout, je dois saluer la performance de l'actrice principale, Sarah Hay. Je me suis beaucoup attachée à son personnage. Elle est magnifique et fait de son mieux pour jouer un rôle qui dévoile sur la fin des travers de plus en plus profonds, à la limite de la folie et inutiles à mon avis. Mais elle dégage une telle émotion, une sensualité très douce, elle a capté mon regard comme un aimant. Elle incarne, au début du moins, la naïveté du téléspectateur devant la découverte de la face cachée du monde de la danse. C'est une étoile qui brille dans la série.

• Le scénario •
Comme pour les personnages, ca part un peu dans tous les sens sur la fin. Une multitude de petites intrigues secondaires vient polluer l'histoire principale, déjà bien assez dense. Pour moi, il n'était pas nécessaire de développer l'histoire d'autant de personnages surtout pour finalement avoir des récits inachevés, à moins qu'il n'y ait une saison 2, et encore... C'est dommage parce que ca dilue l'intrigue principale, qui du coup, reste en surface aussi.

En conclusion, une série à regarder pour tous les fans de danse - qui n'ont pas peur des scènes glauques. Mais une série qui me laisse un peu sur ma faim : pas assez de danse et trop de clichés ridicules pour en faire une bonne série.