Entre nostalgie, émotion et crises multiples, une comédie à l'humour noir pour traiter de la dépression, des différentes façons de l'appréhender et des moyens mis en œuvre pour y remédier...du déni à des solutions plus radicales !
Une série qui se démarque par le ton fleurtant entre une ambiance bucolique et la sévère déprime. Entre discussions vaines et scènes de vie de famille peu emballantes, les problèmes de communication, les non-dits, les frustrations et leurs conséquences, se font jour. Parfois cinglante mais révélatrice et dotée d'une noirceur drolatique.
La recherche du bonheur s'apparente ici au désastre ! Ne vaudrait-il pas mieux se contenter de s'oublier pour apprécier son malheur, ou apprécier justement le bonheur à s'être oublié (?)
Un couple et le temps qui passe : Maurice créateur de livres pour enfants, qui n'a plus goût à rien, vit avec Deborah qui tente elle, de gérer entre sourire de convenance et rires hystériques. Deux grands enfants en crise et en quête d'identité, une grand-mère fantomatique et des voisins en prise avec l'adversité, où se croisent l'amoureux transi, l'entrepreneur de la ville, une voisine divorcée envahissante et une sœur ravie de l'être...l'ensemble joue allègrement avec la comédie par des quiproquos dévastateurs et jubilatoires.
Et chacun se côtoie sans se voir ni s'entendre mais tous luttent contre leurs démons ; les rencontres réservent leurs moments de décalage entre tous ces personnages loufoques aux dialogues qui se télescopent et finissent par se dissoudre dans l'inintérêt général...De grands moments d'inutilité sans temps morts !
Un repas de fête tant attendu par Deborah est représentatif de l'ensemble où le délire qui va crescendo rebondit sans cesse entre malaise et rire.
Mais c'est sans compter Shun (Will Sharpe) recueilli par la famille et ses créations débridées, qui propose ses mangas Erotico-Héroïques, à Maurice en panne d'inspiration. Shun est l'optimiste sur lequel le malheur n'a pas de prise. Il n'aura de cesse de trouver les meilleures solutions aux problèmes insolubles, avec ou sans le consentement des uns et des autres...
De cette famille déjantée où la panne artistique, les inventions inutiles, les romances avortées en passant par des suicides plus ou moins réussis, nous plongent dans la perplexité communicative, on se perd dans les méandres de leurs esprits torturés, à l'image de leur maison encombrée, entre visions métaphoriques, rêves et cauchemars, ruralité anglaise désolée et forêt brouillardeuse en hommage aux films asiatiques qui confèrent à cette série sa signature si particulière et créative.
En y ajoutant ses références japonaises, Will Sharpe offre de beaux moments mélancoliques qui se fondent à merveille dans son univers visuel et sa narration dynamique.
Originale, en six épisodes de 24mn, cette série me rappelle "Enlighteen", de Mike White, dans le ton déprimé mais rafraîchissant, qui avait aussi le mérite de pointer les maux de la société entre comédie et tragédie.
Olivia Coleman reprend un rôle à sa mesure, elle joue de son physique et de ses expressions guindées pour brosser cette femme qui au fil des péripéties se révèlera. Tous les autres acteurs jouent de leurs excès avec un certain flegme. Une réussite.