Pour certaines productions, la patience est une vertu allègrement comblée. Les 3 premiers épisodes avaient déjà pris leur temps pour se révéler et émerveiller. Trois autres années auront été nécessaires pour réaliser 4 nouveaux chapitres. Néanmoins, il faut préciser qu'en durée totale cette deuxième salve double le temps de visionnage (plus de 2h). Et on est prêt à tout pardonner quand les premiers plans se dessinent et flattent abondamment la rétine. Les environnements cristallisent une beauté éthérée, de par leur apparence de canevas peints, sur lesquels les traces de pinceaux se discernent, ainsi que dans le sound design très ambiant. Chaque frame est une toile de maître dans laquelle on ne demande qu'à se perdre tant elle regorge de subtilités. La luminescence vibrante des couleurs crée également l'envoûtement dans chaque univers visuel : la flamboyance du jaune chez les démons, la minéralité ressourçante de l'émeraude dans la forêt, l'iridescence cyan-rose dans le surréalisme, la douceur de l'orangé terrestre, ou l'apaisement des nuances polaires glacées ; et régulièrement un contraste doré scintillant fascinant. C'est une minutie artistique inégalée qui impose une atmosphère onirique idoine pour la fable contée.
On l'avait déjà vu, il y a trois ans, l'intrigue est moins originale, écrite dans le manichéisme cosmologique des guerriers élémentaires protégeant l'humanité des monstres. On apprécie le récapitulatif en début de saison, car l'histoire est très référencée sur la mythologie et les philosophies sacrées chinoises, gravitant autour de cet animal fabuleux - le qilin - exploité par les hommes pour les capacités immortelles qu'il leur donne, attirant ainsi le courroux d'êtres plus maléfiques. Cette deuxième saison plonge directement dans le conflit entre ces forces surhumaines et, là aussi, c'est irréprochable ; il n'y a aucun plan faible. Chaque élément possède sa propre palette visuelle. Ainsi, dans les décors peints, les personnages sont dessinés (avec traits apparents) et colorés de façon plus neutre et unie, ce qui leur permet de se délimiter. Les représentations des pouvoirs sont en cel shading numérique, et le rendu de ces énergies fluides est spectaculaire. En résultent des séquences d'action impressionnantes, où chaque mouvement est soigneusement esquissé dans un dynamisme précis et lisible. En y ajoutant la sonorisation des impacts - et une bande-son évidemment plus épique, mais n'oubliant pas les instruments traditionnels - la puissance de ces accrochages décuple, et surpasse l'ensemble de la saison précédente. Le climax final plurigraphique finit de transcender les propositions visuelles de ce donghua, défiant les dimensions pour côtoyer l'abstrait. Malgré son classicisme scénaristique, c'est pour ces séquences incomparables que l'on attendra religieusement la conclusion de cette aventure, peu importe le temps que cela nécessitera.