Un combat éternel. Des prétendants casqués, sur de puissants destriers qui crachent le feu, et qui se battent pour un trône en fer. Une lutte à mort pour le pouvoir, et des intrigues de palais.
Recommandée par l’ami Belphegues, c’est la série la plus excitante du moment et c’est sur Netflix. Et, non, ce n’est pas le Trône de Fer mais bien Formula One : Drive to Survive. Ce documentaire, formidablement monté, raconte la saison 2018 de Formule 1 en dix épisodes de trente minutes, racés comme une McLaren.
Un doc choc, sans la langue de bois habituelle du documentaire sportif : à cause, (ou grâce) au casting constitué uniquement d’underdogs. Pas de grosse écurie, type Ferrari ou Mercedes. Pas de Hamilton, pas de Bottas. On ne parle pas chez ces gens-là, on gagne le Championnat du Monde. Non, dans F1: DtoS, les héros c’est ceux qui se battent pour la 3ème, la 4ème, la 5ème place : Force India, Renault, Red Bull, Mc Laren … Nico Hülkenberg, Kevin Magnussen, Carlos Sainz, Romain Grosjean…
Et la bagarre n’en est que plus intense, car ça se bouscule, derrière, et pas seulement sur la piste. Il s’agit tout simplement, comme le dit le titre, de survivre en Formule 1. On verra ainsi les vacheries que s’échangent les patrons : Christian Horner (Red Bull) et Cyril Abiteboul (Renault), s’invectivant live en conférence de presse, le premier quittant le motoriste, le second lui piquant son pilote, Daniel Ricciardo. On comprendra aussi que son pire ennemi, c’est son propre coéquipier, un véritable duel à mort pour garder son siège la saison suivante. Et ça ne se règle pas que sur la piste. Sergio Pérez (Force India) n’hésite pas à balancer son propre équipier Esteban Ocon dans le décor du Grand Prix d’Azerbaïdjan. Mais c’est lui qui garde son siège, car il attire de meilleurs sponsors que le pauvre Ocon, meilleur pilote, mais fils de garagiste…
Une fois de plus, sous l’argent, le champagne, les grid girls, les salaires stratosphérique, perce la peur, la frustration, et la détresse inhérents au haut niveau. Depuis l’enfance, ces gamins passent leur week-end sur les circuits de karting. La famille a tout investi dans la carrière du petit (Esteban Ocon), ou, au contraire, c’est un choix paternel : Lance Stroll, fils d’un milliardaire qui finit par… racheter Force India pour que son fils ait un siège en 2019…
C’est toute la beauté de ce documentaire, par ailleurs remarquablement écrit. Un exemple de reverse screenplay (on connait la fin, y’a plus qu’à écrire le scénario) : chaque épisode a son lot de cliffhangers, et ses arcs narratifs ne trouvent leur résolution qu’à la fin de la saison.
A recommander, même au pire contempteur de la F1.
cinefast