Get to the Chopper

Ce n’était qu’une question de temps avant qu’Arnie ne finisse par imiter son rival de toujours, Sly Stallone, en basculant à son tour vers le petit écran ; après tout, entre Tulsa King et Samaritan, cela semble avoir plutôt réussi à l’Étalon italien ! Malheureusement, s’il souhaite rattraper son retard, Governator va devoir s’empresser d’oublier la bien nommée FUBAR pour aller chercher l’inspiration ailleurs.

Pourtant, difficile de concevoir prémisse plus confortable pour l’idole du cinéma d´action des années 80 : un agent vieillissant de la CIA découvrant que sa fille est elle aussi une espionne, et vice-versa. C’est peu ou prou True Lies bis, avec la pétillante Monica Barbaro en lieu et place de Jamie Lee Curtis et sans avoir à payer d’émoluments à Claude Zidi. What could go wrong?

Là est bien le problème : si FUBAR s’en était tenue à cette trame avec un minimum de sérieux et surtout de discipline, cela aurait pu marcher. Personne ne s’attendait à une révolution du genre : nous sommes là pour voir Arnold faire du Arnold, tout en jouant sur le contraste avec sa jeune partenaire à l’écran, révélation du récent Top Gun : Maverick. Et pour peu qu’on leur laisse un peu de latitude, l’un et l’autre s’en sortent plutôt bien. Leur alchimie n’est pas un problème.

Non, le hic, c’est plutôt tout ce qui les entoure. Il y a clairement, par ordre de gravité, un problème de casting, d’écriture et de format. Pire, ces défaillances s’alimentent les unes les autres. À la possible exception du trop sporadique adversaire joué par Gabriel Luna (déjà confronté à Schwarzy dans Terminator Dark Fate, encore un titre hélas prémonitoire), personne n’est à la hauteur du duo de tête ; mention particulièrement déshonorable à Fortune Feimster (?), véritable détartrant audiovisuel. Il faut dire que le scénario ne les aide pas car tout ce qu’il leur donne, ce sont des pseudo-blagues de geeks que même Big Bang Theory aurait rejeté. Battu et rebattu, ce déchet est impardonnable en 2023.

Je le crois d’ailleurs imputable à ce qui constitue à mes yeux le pire problème de FUBAR, celui dont découle tous les autres : 8x50 minutes, c’est beaucoup trop pour un script aussi mince et basique. Réduire de moitié la longueur des épisodes aurait permis de trancher dans le gras et de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la dynamique Schwarzenegger/Barbaro et éventuellement le personnage du méchant.

J’ai vu des commentaires accablant le message ouvertement féministe de cet énième produit Netflix tirant la couverture sur une héroïne aux dépens d’une vieille gloire des années 80, et je ne suis jamais le dernier à grincer des dents en la matière, mais honnêtement je n’ai rien de vu de tel ; la fille n’est pas hyper-compétente en tout et le père n’est pas constamment à côté de la plaque. Je pense que le problème vient surtout de la différence flagrante de dynamisme entre Barbaro, qui semble accomplir elle-même une grande partie de ses cascades, et un Arnie à des années-lumières de son heure de gloire. Même les doublures de feu Roger Moore dans Dangereusement Vôtre étaient moins évidentes...

Bref, trop occupée à meubler son format inadapté à grands renforts de personnages clichés et horripilants, FUBAR peine à répondre aux promesses dèjà limitées de sa prémisse, tant et si bien que j’ai lâché l’affaire à mi-chemin, comprenant qu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent et que si c’est tout ce qu’il lui reste avant la retraite, mon Arnold ferait bien d’anticiper cette dernière s’il ne veut pas davantager polluer le si bon souvenir des Terminator, Conan le Barbare et autres Total Recall. Si le mix action/sitcom et les blagues postmodernes ne vous dérangent pas, il y a éventuellement de quoi vous divertir un mimimum avant d’aller dormir. C’est sans doute tout ce qu’espère Netflix, de plus en plus désinvolte avec son contenu, mais en ce qui me concerne, I won’t be back.