Plein de qualités pour un résultat un peu léger, par choix : il s'agit ici de traiter les sujets brûlants d'une époque (l'Angleterre raciste, sexiste, machiste et homophobe des années 60) sur un ton primesautier, reposant presque intégralement sur la présence lumineuse de l'actrice principale, une jolie blonde qui pourrait passer pour un peu sotte, mais qui jouit d'un sens de la répartie qu'il faut être britannique pour apprécier. Au moment d'être sacrée Miss Blackpool, autant dire Miss Rillettes, à la foire locale, elle se rêve un destin d'humoriste et se sauve à la ville, laissant derrière elle un fiancé aux faux airs de Nicolas Bedos et un père éperdu de tendresse pour sa petite fille montée en graine. Une fois passées les épreuves inévitables de l'acclimatation à la capitale, elle fait son trou, rame pas mal, fait les rencontres qu'il faut et arrive là où elle voulait être. Une histoire d'initiation, donc, où tout semble sourire à l'innocence de l'héroïne, qui se retrouve un peu sans l'avoir prémédité, pionnière dans un milieu éminemment machiste. Les personnages secondaires apportent beaucoup à l'histoire : don Juan d'opérette un brin faux-cul, patron puritain, scénariste coincé, coscénariste bisexuel, copine suffragette, copine journaliste noire, etc. En fait, on a l'impression d'une recette suivie à la lettre : le combat féministe, les minorités, l'humour entre potache et transgressif, les épreuves familiales, sociales et professionnelles, toutes les cases sont soigneusement cochées, ce qui, de fait, disqualifie un peu le scénario pour l'Oscar de la Baffe de l'année. Mais bon, c'est honnête, et Rupert Everett se régale en avatar du Doc de Retour vers le Futur...