Si rares sont ceux qui ignorent encore l'œuvre de Matt Groening, Les Simpson, trop rares sont ceux qui connaissent son pendant du 30e siècle, Futurama. Je considère aujourd'hui cette série comme un des meilleurs animé de tout les temps.
La chose n'était pas gagnée d'avance. Peu réceptif à l'ironie dans mes (plus) jeunes années, et aux clins d'œil à une culture qui m'était inconnue j'ai perçu tout le génie de cette œuvre il n'ya pas si longtemps. Et je souhaite à tout les gens auxquels les aventures du héros cryogénisé et réveillé mille ans plus tard sont inconnues, de remédier à cette lacune au plus vite.
Si la tête de Phillip J Fry est aujourd'hui célèbre pour le meme "Shut up and take my money", il faut savoir qu'il est avant tout le héros de l'excellente série diffusée par la FOX (pour le meilleur et pour le pire) au côté de Leela la cyclope Capitaine du Planet Express et ses difficultés pour apprécier les distances, Bender le robot tordeur cleptomane et sa réplique "Et mon cul c'est du téflon?", le Professeur Farnsworth et ses bonnes nouvelles, d'Hermes le bureaucrate jamaïcain rastafari (oxymores?) et du non moins célèbre et attachant docteur Zoïdberg crabe humanoïde complètement crétin et mangeur d'ordures mais néanmoins médecin de l'équipage.
A l'image des péripéties de la famille de Springfield, il s'agit essentiellement d'une satyre de la société américaine en particulier (et du monde en général) et des dérives de son évolution dans le futur. Et force est de constater que c'est un sujet qui réussit aux auteurs. Tout y passe écologie, colonialisme (les Indiens de Mars dépossédés de leur Terre par exemple), la guerre (intersidérale évidemment, le personnage de Zapp Brannigan est d'ailleurs énorme), ou sur des aspects bien plus scientifiques les voyages temporels, spatiaux, les mutants (qui vivent bannis dans les égouts), la vie extra-terrestre, les I.A et la place des "robots" (entre autres) dans la société... avec humour bien sur, mais aussi parfois ce soupçon de drame propre à l'ironie, et cette sensibilité nécessaire à l'attachement aux personnages, illustrant avec classe et drôlerie des propos aussi bien sérieux que légers. Chaque épisode m'a laissé au moins le sourire aux lèvres, au mieux la mâchoire décrochée, et même pour certains avec la larme à l'œil.
Que dire de toutes ces références plus ou moins fines à la culture populaire, cinématographique, geek, ou musicale? Leonard Nimoy, Pamela Anderson, Lucy Liu, ou George Washington sous forme de têtes dans des bocaux? Check. Vol au dessus d'un nid de coucou? Check. Presque toutes les séries, ou films que vous pouvez connaitre ont à coup sur eu droit à une parodie, citation, ou réinterprétation. Toujours avec ce brin de folie et de génie si particulier. Et le cadre futuriste est le vivier idéal pour toutes les fantaisies créatives permettant de modeler des mondes et des décors à l'infini, avec des histoires aussi surréalistes que crédibles, une logique argumentée, et un rétro-futurisme (voir par exemple le grammo-holographe...) que n'auraient pas renié les visionnaires de la SF du 19eme siècle. On peut d'ailleurs remarquer un attachement réel à l'aspect scientifique des sujets évoqués et un travail de recherche important sur tout les sujets abordés.
Pour se faire une idée je vous recommande en particulier The Duh-Vinci Code, si vous n'aviez qu'un seul épisode à voir de toute la série pour vous faire à l'idée, ou les Anthology of Interest qui résument à eux seuls le travail énorme effectué par les scénaristes et les animateurs. A noter, ce qui ne gâche rien, que la VF est excellente (même si on regrette la VO sur les chansons comme souvent et aussi les changements de doubleurs pour certaines saisons) et a le mérite de bien retranscrire la personnalité des personnages.
En particulier après plusieurs visionnages, Futurama reste un coup de maitre dans le milieu des animés à l'image de ce que seuls les américains peuvent produire dans l'impertinence et la liberté de ton, dans l'auto-dérision et l'ironie, parfait exemple du fait, qu'on peu rire de tous les sujets si on y met les formes et que l'humour peut aussi bien détendre que faire réfléchir voire, comme c'est le cas pour Futurama, les deux à la fois!