Game of Thrones
8.2
Game of Thrones

Série HBO (2011)

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QLF on veut le trône dans la ville près des hommes

Attention, je spoile à mort sur la série mais aussi sur les tomes du Trône de Fer parus à ce jour


29 août 2022. Après des années d'attente, j'entame enfin la fameuse saga littéraire Le Trône de Fer, étape décisive - et nécessaire suite à un accord avec mon père - vers mon visionnage de Game of Thrones, la série qui trône largement en tête de mes envies. Je dévore les quinze tomes de l'édition française en autant de semaines et la liste de mes livres préférés accueille sans surprise un nouveau membre qui serait même dans les toutes premières positions si elle était classée. Me voilà donc fin prêt pour regarder le mastodonte de HBO...


À peine plus d'un mois plus tard, le monde a changé d'année, je ne digère toujours pas ce qu'il s'est passé au stade Lusail le 18 décembre et j'ai donc fini Game of Thrones. Ma seule crainte était d'être déçu par des modifications apportées à l'histoire ou par l'adaptation de certains personnages mais il n’en est finalement rien : au contraire, la première moitié est dans l'ensemble tellement fidèle que je n'ai pas eu de surprises et n'ai donc pu apprécier certaines séquences comme si je les découvrais. Cela ne m'a heureusement pas empêché d'adorer la série, surtout que les événements des dernières saisons étaient inédits pour moi puisque l'histoire de la série avait alors dépassé celle des romans.


J'ai même réussi à me motiver pour écrire cette critique. Je vais beaucoup évoquer le matériau de base et espère par conséquent que cela ne sera pas trop indigeste pour tous ceux n'ayant vu que la série... Commençons donc avec les différents protagonistes.


Tyrion s'impose comme un de mes personnages de fiction favoris. Extrêmement intelligent et fin stratège mais détesté par sa famille à cause de son infirmité et par le reste de Westeros à cause de son nom, il nous offre quelques moments d'émotion, notamment face à son père, sa maîtresse ou encore son frère avec lequel il a une belle relation. Il s’avère aussi être tout simplement quelqu'un de bien mais ce sont avant tout ses petites phrases, ses traits d'esprit, ses moqueries qui font que je l'aime tant. Il m'aura beaucoup fait sourire voire rire et fait donc parfaitement honneur à son alter ego littéraire, bien aidé en cela par un Peter Dinklage magistral.


Daenerys est elle aussi un gros coup de cœur. Elle est sans nul doute un de mes personnages féminins préférés tout confondu et peut même prétendre à la première place bien que la fin de la série ne joue pas en sa faveur... Je reviendrai plus en détail sur cela ultérieurement mais c'est frustrant de voir une héroïne que j'aime autant, une femme forte, juste, droite, intelligente, belle, sublime, magnifique perdre le contrôle à ce point et devenir ainsi une sorte d'antagoniste.


Jon est lui le héros typique : grand guerrier, leader charismatique, homme de cœur et d'honneur... Mon seul regret concerne ce dernier point : il devait servir la Garde de Nuit à vie et s'est parjuré... Il l'avait d'ailleurs fait une première fois en ayant des relations sexuelles avec Ygrid, c'était justifié dans les livres par le fait qu'il se disait (ou pour être probablement plus exact se persuadait) qu'il s'agissait là d'honorer son serment à Qhorin Mimain de tout faire pour gagner la confiance des sauvageons. Cette opposition entre ces deux serments est absente de la série mais il est bien sûr difficile de nous montrer ses pensées à l'écran. J'ai en tout cas été amusé par sa condamnation à revenir dans la Garde à la fin de la série.


Le couple Jaime-Cersei apparaît comme maléfique dès le premier épisode dans lequel on les surprend en pleine relation incestueuse avant qu'ils ne tentent de tuer un enfant. Si notre avis sur la vipère Cersei ne changera pas, l'amour qu'elle porte à ses enfants étant la seule qualité humaine que l’on pourra lui reconnaître, Jaime l'évolution de son frère et amant qui est la plus intéressante de la série. Le Régicide parjure amoureux de sa sœur et tueur d'enfants se révèle petit à petit lui aussi homme d'honneur et de cœur. Ses interactions avec Tyrion et Brienne notamment permettent de développer sa rédemption, qu'il trouvera définitivement en abandonnant Cersei pour défendre le Nord face aux morts. Je remarque que la série ne me semble pas véritablement condamner l’inceste et j'ai parfois même eu l'impression du contraire, ce qui est plutôt étonnant.


Ned et Catelyn (Michelle Fairley, déjà chef de famille qui ne s'en laisse pas conter dans Gangs of London) sont eux aussi gens d'honneur, bons, intègres, charismatiques, intelligents et prêts à tout pour leur famille. La seule tache sur l'honneur de Ned est en plus finalement effacée puisqu'il n'a en réalité pas trompé sa femme et conçu Jon Snow. Le rejet complet de Jon est justement le seul défaut que l’on peut percevoir en Catelyn. Dans les romans, elle est également assassinée suite au suicide politique, personnel et collectif de son fils aîné qui aura vraiment pris la pire des décisions en épousant Jeyne (remplacée par Talisa dans la série) mais est ressuscitée par Thoros de Myr - merci Wikipédia parce que je n'avais pas compris, je croyais qu'elle s'en était miraculeusement sortie - et prend la tête des hors-la-loi de la Fraternité sans bannières. Notons aussi que ce n'est pas une épouse de Walder Frey mais son petit-fils simple d'esprit qu'elle égorge avant de mourir, c'était peut-être trop peu politiquement correct pour la série (qui n'hésite cependant il est vrai pas à rire d'un handicapé mental dans un hilarant dialogue entre Tyrion et Jaime).


J'aime beaucoup leurs deux futures mutantes de filles, chacune dans un style très différent. Elles ont toutes les deux vu les épreuves les transformer : la sage Sansa qui rêvait de beaux princes et de grands châteaux se retrouve mariée successivement à trois hommes dont deux psychopathes et se fait entre autres choses battre et violer pendant que le garçon manqué Arya erre sur les routes et est témoin de diverses horreurs. Elles perdent qui plus est une bonne partie de leur famille. La première devient finalement une excellente dirigeante tandis que la deuxième, noir sur noir comme un Sans-Visage, devient une machine à tuer avec un Death Note mental et venge sa mère et son frère de manière iconique. La scène où Sansa accuse Littlefinger et non Arya est également mémorable, quel bonheur de constater que les Stark ne se sont pas divisés. Je regrette en revanche que ce soit Arya et non Sansa qui exécute l’ancien Grand Argentier, le précepte de leur père selon lequel celui qui énonce la sentence doit l'appliquer n'étant pas respecté.


Deux personnages sont à mes yeux magnifiés par la série : Tywin Lannister et Littlefinger. Charles Dance incarne en effet à la perfection l'homme le plus puissant et le plus craint des Sept Couronnes qui était déjà très bien dans les livres mais que je considère comme l'un des plus grands méchants de série. Quant au machiavélique Petyr Baelish, que je trouvais intéressant mais qui ne me m'avait pas spécialement marqué dans les romans, il bénéficie d'une interprétation exquise d'Aidan Gillen (dont c'est la troisième série qui figure dans mon Top 10 après Peaky Blinders et The Wire). C'est un homme complexe dont j'ai parfois eu un peu de mal à suivre les motivations. On se demande s'il est réellement fidèle à Catelyn puis à Sansa mais il semble bien que l'amour du pouvoir ait supplanté dans son cœur le pouvoir de l'amour et qu'il ne soit fidèle qu'à lui-même. J'ajoute que j'aime beaucoup son « Chaos isn't a pit. Chaos is a ladder » (« Le chaos n'est pas un abîme. Le chaos est une échelle ») qui symbolise idéalement le personnage ainsi que le meurtre de Lysa. Pour rester dans les méchants, Ramsay est aussi sadique que dans les livres et son père, sinistre à souhait, m'a plus marqué dans la série.


Davos était un de mes chouchous des romans et je craignais qu'il ne soit ici mis de côté mais c'est loin d'être le cas, bien au contraire : c'est un second rôle marquant et important, dévoué jusqu'au bout à Stannis puis à Jon. La Mélisandre de Carice van Houten (l'excellent Black Book, Le bruit de mon âme, le cacao - tout est nwaar) n'est pas la meilleure Sorcière rouge qui soit puisque cet honneur revient à Wanda Maximoff mais c'est un personnage ambigu que j'ai davantage aimé à l'écran.


Le mystérieux et omniscient Varys s'avère être loyal avant tout au peuple et au royaume pour lesquels il œuvre en sous-main, soutenant ainsi le retour de l'héritière d'Aerys II Targaryen puis la trahissant quand il comprend que son pays risque fort de ne pas vivre en paix sous son règne. Dans les livres, il est à l'origine d'une sous-intrigue absente de la série qui me plaît grandement : on apprend qu'il avait en fait sauvé le fils de Rhaegar, Aegon (il n'y a pas ou tout du moins pas encore de révélation sur les origines de Jon Snow), lors du sac de Port-Réal et qu'il préparait depuis lors patiemment sa prise de pouvoir, projetant de lui faire épouser sa tante Daenerys. Dans l'épilogue du dernier tome paru, il supprime Pycelle et Kevan Lannister parce que ce dernier risquait de réconcilier sa maison avec les Tyrell (Cersei et Margaery sont encore toutes deux accusées par le Grand Moineau), ce qui aurait compromis les chances d'Aegon et de ses alliés de la Compagnie Dorée de profiter du chaos politique pour mener à bien leur offensive sur Westeros.


On passe par toutes les émotions vis-à-vis de Theon (Alfie Allen, acteur de celui qui déclenche tout en tuant le chien de John Wick et co-réalisateur de L'interrogatoire), jeune homme déchiré entre son peuple d'origine et sa famille d'adoption : on le déteste quand il s'empare de Winterfell, on finit par le plaindre devant les sévices terrifiants que Ramsay lui inflige et on lui pardonne - ou presque, à chacun de voir - lorsqu'il sauve Sansa puis décide de venir se battre aux côtés des Stark au lieu d'accompagner tranquillement sa sœur aux îles de Fer, d'autant plus qu'il trouve alors la mort en protégeant Bran dans le Bois sacré. Méchant, victime puis héros : il bénéficie donc d'une très bonne évolution. Je profite de ce paragraphe pour signaler que l'intrigue sur la succession de Balon Greyjoy est beaucoup plus développée dans les romans et inclut notamment son frère Victarion, guerrier très charismatique que j'aurais aimé voir à l'écran.


Jorah Mormont est plus sympathique que dans les livres dans lesquels il est très bourru et embrasse même Daenerys de force. Le Limier est en revanche lui particulièrement bourru mais est avant tout l'un des protagonistes les plus complexes de la série. D'abord présenté comme une véritable brute, il révèle d'autres facettes de sa personnalité au contact d'Arya surtout mais aussi par exemple de Brienne. Dans un style très différent, Bronn est également excellent, il est très spirituel et fait partie des personnages que j'apprécie davantage dans la série que dans les romans.


Pedro Pascal est parfait dans le rôle de l'excellent Oberyn Martell en quête de vengeance et dont le trépas rapide dans La loi du régicide m'avait déçu et surpris : je savais qu'il était joué par Pedro Pascal et pensais que l'acteur avait un rôle plus important dans la série. Il est amusant de noter que ledit acteur et Indira Varma, qui joue sa compagne Ellaria Sand, sont sauf erreur de ma part les deux seuls acteurs avec lesquels j'ai vu cinq séries (Narcos, The Mandalorian, Le Livre de Boba Fett et maintenant The Last of Us pour l'un, Luther, Rome, Carnival Row et Obi-Wan Kenobi pour l'autre, outre Game of Thrones bien évidemment) même si Giancarlo Esposito s’apprête à les rattraper et dépasser. J'ajoute que je trouve dommage que l’on n'ait aucune information sur le successeur d'Ellaria à la tête de Dorne, on ne sait pas du tout qui il est.


Restons à Dorne - dont j'aurai d'ailleurs longtemps attendu l'arrivée dans la série - pour évoquer un point que je regrette un peu : le traitement du prince Doran. Il est en effet ici vu comme un lâche qui préfère s'allier avec les Lannister que venger sa sœur, ses neveux et son frère. Il en est de même dans les livres... jusqu'à ce que l'on apprenne qu'il agissait en réalité dans l'ombre depuis des années et projetait de marier sa fille Arianne à Viserys Targaryen. Après la mort de ce dernier, il envoie secrètement son fils Quentyn (absent de la série tout comme sa sœur) à la rencontre de Daenerys dans l'espoir qu'il la persuade de prendre celui qui est donc son cousin comme mari et ainsi de forger une nouvelle alliance entre Targaryen et Martell pour renverser les Lannister et régner conjointement sur les Sept Couronnes. Malheureusement, le sympathique mais peu séduisant Quentyn échoue à convaincre la Briseuse de chaînes et meurt brûlé en tentant aussi hardiment que stupidement de libérer et dresser Rhaegal et Viserion.


Jaqen et Ver Gris ont un rôle plus important que dans les romans, dans lesquels le premier disparaît après avoir donné la pièce à Arya, et Olenna Tyrell est géniale. Je pensais que Meera (petit pélican) et Jojen ne seraient pas de l'aventure puisqu'ils n'étaient toujours pas apparus lors de la fuite de Bran et Rickon mais ils les rejoignent finalement plus tard, ce qui m'a fait d'autant plus plaisir que le vervoyant est interprété par le sympathique Thomas Brodie-Sangster.


J'ai adoré un autre type de personnages : les dragons et les loups-garous. Je dis « loups-garous » car c'est ainsi que le mot inventé « direwolf » a été traduit dans les livres mais le « loups géants » de la série semble effectivement davantage adapté. Quoi qu'il en soit, ces animaux impressionnants, féroces et fidèles à leurs maîtres respectifs sont très marquants bien que peut-être trop secondaires (j'ai lu qu'ils devaient apparaître plus souvent mais que les chiens utilisés ne réussissaient pas à réaliser les scènes demandées). J’étais d’ailleurs déçu que Nymeria ne rejoigne pas Arya quand elles se retrouvent. Drogon, Rhaegal et Viserion sont également inoubliables, c'est de toute façon toujours un bonheur de voir des dragons.


Enfin, la menace glaçante des Marcheurs Blancs et du mémorable Roi de la Nuit apporte sur la fin une dimension supérieure à la série : oubliée la lutte pour le pouvoir, l'honneur ou la justice, il s'agit alors désormais d'une lutte pour la survie de l'humanité tout entière.


Les trois meilleurs chapitres des romans sont impeccablement retranscrits à l'écran : la bataille de la Néra (dont je regrette cependant le dénouement très brutal), les Noces pourpres et l'attaque du Mur par les sauvageons sont parmi les plus grands moments de la série. Outre les trois concernés par ces événements, mes épisodes favoris sont Durlieu (l'attaque des Marcheurs Blancs), La miséricorde de la mère (la défaite et l'exécution de Stannis, l’empoisonnement de Myrcella, le meurtre de Jon), La bataille des bâtards (la victoire sur les Fils de la Harpie, la mort de Rickon - quand bien même j'avais rapidement compris que Ramsay le tuerait au dernier instant - et surtout la grande bataille pour Winterfell qui est peut-être tout simplement ma scène de bataille préférée de toutes celles que j'ai vues à ce jour, j'ai vraiment été happé sans réellement savoir pourquoi), Les vents de l'hiver (l'explosion du septuaire, le suicide de Tommen, l'assassinat de Walder Frey par Arya, la proclamation de Jon comme Roi du Nord), La Longue Nuit (la bataille contre l'armée des morts) et un autre dont je parlerai juste après. J'aimerais aussi évoquer le seul passage qui m'ait à proprement parler ému : le sacrifice d'Hodor et ce alors que je n'ai jamais eu d'intérêt particulier pour le géant. Je ne suis en revanche pas emballé par la boucle temporelle qui en résulte mais ce n'est que très secondaire.


Game of Thrones ne saurait toutefois se résumer à meurtres, complots, guerres et pouvoir. Certaines séquences tout sauf sanglantes n'en sont pas moins remarquables, à l'image de l'hilarante et même presque mignonne séance de blagues entre Tyrion, Missandei et Ver Gris. C'est cependant un épisode entier que je souhaiterais évoquer : Un chevalier des Sept Couronnes, le deuxième de la saison 8. Il commence déjà bien avec notamment Brienne qui se porte garante de Jaime et Theon qui se propose pour la dangereuse mission de protéger Bran mais c'est surtout la nuit et son ambiance de fin du monde que j'ai adorée. Tous ces hommes et ces femmes se retrouvent à Winterfell après des parcours souvent improbables, réunis dans un seul but : défendre les vivants face aux morts et sauver l'humanité de l'extinction. Tous ont conscience qu'ils vivent peut-être la dernière nuit de leur existence et cette veillée d'armes est magnifique. Le Limier et Béric Dondarrion traînent sur les remparts, Jon, Sam et Edd se remémorent leurs années dans la Garde de Nuit et leurs camarades tombés au combat, Arya découvre avec Gendry les plaisirs de la chair tandis que Tyrion, Jaime, Davos, Brienne, Podrick et Tormund (dont l'attirance pour Brienne est au passage très drôle) bavardent au coin du feu. Cette dernière partie est souvent amusante - c'est sans nul doute l'épisode devant lequel j'ai le plus souri et ri - et devient très belle quand Jaime adoube Brienne.


Restons sur cette ultime saison qui a tant fait couler d'encre qu'elle mérite une partie entière de cette critique. Comme je l'évoquais plus haut, j'ai été attristé de voir Daenerys sombrer dans la cruauté. Je le redoutais de plus en plus au fil de la saison et cela prouve justement que ce retournement n'est pas tombé de nulle part. Il a été amorcé petit à petit - Varys nous avait prévenus - et il ne me paraît pas aberrant qu'elle ait été perturbée à ce point par la mort de deux de ses trois dragons, qu'elle considère comme ses propres enfants, et de ses deux meilleurs amis ainsi que par le fait qu'elle ait appris que son amant n'était autre que son neveu et un potentiel rival pour le Trône de Fer, d'autant plus que cela signifiait qu'elle n'était en réalité pas l'héritière de la couronne et remettait dès lors en question tout ce pour quoi elle avait toujours vécu. Il ne faut de plus pas oublier qu'elle est la fille du Roi Fou et que les Targaryen ont une propension à la folie et la paranoïa. Frustrant donc, oui. Dommage, peut-être. Mais incohérent ? trahison envers la série ? Pas selon moi. Cela nous donne de plus un grand moment lorsque Jon la poignarde, je ne m'y attendais pas du tout.


En revanche, j'ai effectivement parfois eu le sentiment que tout allait un peu trop vite. Cela m'a dérangé à deux reprises. J’estime qu’il est un peu facile de n'avoir qu'à occire le Roi de la Nuit pour éliminer l'intégralité de son armée, j'aurais préféré qu'ils trouvent une explication pour qu'elle puisse continuer à se battre bien qu'affaiblie avant d'être finalement défaite (par exemple que seuls ceux qu'il a lui-même "ressuscités" meurent et pas ceux qui l'ont été par ces derniers). L'ellipse entre la mort de Daenerys et le conseil statuant sur le sort de Jon est également assez perturbante.


Je n'ai pas de reproches à émettre sur ledit conseil, si ce n'est que la ridiculisation d'Edmure me semblait évitable. Peu d'entre nous devaient imaginer Bran finir la série roi mais il ne fait pas de doute qu'il a acquis la sagesse nécessaire à la fonction. On peut néanmoins se demander si son apparente déconnexion et son absence d'émotions ne seront pas handicapantes, notamment pour se faire aimer d'un peuple qui risque de ne pas apprécier non plus de voir Tyrion de retour au pouvoir... Le rejet unanime de la proposition de Sam d'instaurer une véritable démocratie est amusant, je pensais qu’elle serait acceptée. J'aurais cependant trouvé encore plus amusant que quelqu'un suggère «Tyrion à la courte paille».


Game of Thrones a le même défaut que Le Trône de Fer et que Vikings : on a du mal à réaliser à quel rythme temporel avance la série. On entend parfois que l'on est des années après d'autres événements alors que l'on ne se l'imaginait pas forcément. Puisque je parle de temporalité, je souligne par ailleurs que la plupart des jeunes personnages ont été vieillis de quelques années, ce qui est une bonne chose tant il était difficile de se les représenter si jeunes dans les livres. Le seul dont la personnalité soit modifiée par ce vieillissement est Tommen : il n'est ici plus le bambin tout content d'apposer son sceau royal et n'en est que bien plus intéressant.


Un autre élément, certes très secondaire malgré ses conséquences importantes, est pour moi mieux exécuté - c'est le cas de le dire - dans la série : le meurtre des deux otages Lannister. En effet, contrairement aux livres, la série nous les présente rapidement dans un premier temps puis nous rend témoins de leur assassinat lâche et injuste. Le téléspectateur est de ce fait plus impliqué émotionnellement que le lecteur.


Enfin, Game of Thrones bénéficie évidemment d'un univers d'une richesse folle et de tout ce que j'aime et que l’on retrouve dans nombre de mes œuvres favorites (dont le chef-d'œuvre Les Rois maudits que je cite en particulier car source d'inspiration principale pour George R. R. Martin et que je ne peux donc que vous encourager à lire) : luttes de pouvoir, meurtres, complots, guerres, trahison, loyauté, vengeance, honneur, devoir, mystère, révélations... On ajoute à cela tout ce que j'ai évoqué précédemment ainsi qu'une bonne dose d'humour (j'ai parlé de Tyrion et de Bronn mais d'autres ont parfois des lignes très drôles), une réflexion sur la difficulté de gouverner et l'impossibilité de satisfaire tout le monde (Daenerys et Jon en font l'amère expérience), un beau message sur la famille (les différentes retrouvailles entre les enfants Stark des années après en sont un bon exemple), un aspect choral que j'affectionne tout particulièrement et une diversité de lieux très appréciable (les Jardins Aquatiques, la salle de commandement de Peyredragon - apparemment officiellement nommée Chambre de la Table Peinte - et surtout l'aperçu des ruines de Valyria sont superbes) : on a ce que l’on appelle un monument. J'ai désormais hâte de prolonger le plaisir en regardant House of the Dragon puis je l'espère en lisant un jour The Winds of Winter et A Dream of Spring...


Les meilleurs d’entre vous auront reconnu dans mon titre PNL et une variation sur Loin des hommes (« QLF on veut le trône dans la jungle loin des hommes ») ; j’ai hésité avec Booba et « Pour le trône, tout se règle par le sang » dans Trône qui aurait aussi été parfaitement adapté

Donatien92600
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le 27 janv. 2023

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