Tragédie de sang et de cendres, d'une folie pure et d'une beauté inouïe, orgie d'émotions contraires et apocalyptiques (via Daenerys Targaryen Née du typhon Mère des dragons qui conservera notre loyal attachement, via l'ex-aveugle et sans visage Arya Stark, fantomatique témoin de la Mort), le quasi-final de Game of thrones est une éclipse totale qui détruit le soleil des Hommes, et détruit toutes les lignes, toutes les défenses, convoque les fantômes des plus grands, Shakespeare, Eschyle et Homère, ne palit pas devant Antoine et Cleopatre ou Jules César, Les Sept contre Thebes ou L'Orestie, L'Iliade, invite à un vertige depuis longtemps perdu.
Vous êtes un dragon, agissez comme un dragon !
Dracarys...
Pas de pitié pour les cloches et les petits joueurs. Pas de pitié pour un trône de fer dénué de sens, bientôt fondu et remplacé par un fauteuil en bois à roulettes. Les Cloches donc, l'avant dernier épisode de la saison 8, est un chef d'oeuvre absolu, déjà honni et maudit par la foule (accrochée à ses cloches comme à ses escroqueries, oublieuse de ses anciens vertiges, de fureurs indicibles, de lances avides de sang et d'âmes en feu), qui n'a pas accès à sa vérité et à sa pureté hellénique, à sa puissance et à sa folie shakespearienne. Beaucoup prendront l'épisode pour un spectacle pyrotechnique vain, les mêmes se seraient reconnus dans une victoire des femmes ou des hommes de l'ombre, dans le calcul et le proxénétisme de la détestable Sansa Stark (en grande partie responsable de la folie de ces événements, ayant trop appris de cet infect Littlefinger), logiquement absente de ce tragique chef d'oeuvre. Beaucoup, les petits joueurs, auraient voulu assister à l'ascension d'un héros enfermé dans un nom qui n'est pas le sien (qui ne sera jamais Aegon Targaryen, le fils du feu et de la glace), n'attendaient qu'un nouveau cul, à leur convenance, pour le trône de fer, incapables d'appréhender cette vérité : aucun cul ne mérite de régner sur les autres culs ; un cul se corrompt à soumettre d'autres culs. Un cul ne peut que guider un autre cul. Et surtout :
Valar morghulis...
A grandes douleurs, à grandes injustices, grandes terreurs, grandes apocalypses...
"Qui a versé des flots de sang (et de cendres) retient le regard des dieux ; les noires Erinyes finissent par anéantir l'homme dont le bonheur offensait la Justice" ...
Eschyle, L'Orestie