Article originellement paru sur le site le con, le culte et les écran
SAISON 1
Qu'on se le dise, je n'ai jamais lu le bouquin dont la série est tirée, je l'évalue donc sur ses qualités en tant que série et le fait que ça ne soit pas pareil que le livre, moins bien ou mieux, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre.
Passé cette introduction nécessaire bien que pauvre lexicalement parlant, il faut concéder que dans la vie il y a les gens qui aiment Zola, ceux qui aiment Tolkien et ceux qui comme moi aiment les deux. Du premier, Game of Thrones conserve les fourberies et complot en tous genre ainsi qu'un sous-texte assez intéressant sur la lutte des classes. Du second, elle prend la fantasy, le coté épique et les personnages charismatiques.
De ce savant mélange naît un univers puant la traitrise la luxure et la violence et c'est donc tout naturellement à HBO qu'est revenu la lourde tache d'adapter ces bouquins aussi épais que l'humour de michel Leeb.
Une fois les 10 épisodes d'une heure ingurgités, on ne peut qu'applaudire des deux mains la franche réussite de l'ensemble. Les acteurs sont fantastiques ( sean bean pue la classe), l'histoire tient en haleine tout du long, l'ensemble est correctement mis en scène et surtout le spectateur n'est pas pris par la main
Ce dernier point est pour moi la plus grosse réussite de la série : pour pouvoir comprendre l'univers de la série, le spectateur ne doit pas fermer les yeux une seule seconde, repérer les prénoms important dresser un arbre généalogique dans sa tête, etc... La série expliquera tout en détail pour qui l'écoutera, mais ne reviendra pas sur les évènements passés au grand dam du spectateur voulant checker son Facebook entre deux scènes d'action. Cette implication nécessaire du spectateur couplé au fait qu'il n'est pas pris pour un idiot ( pas de résumé, de rabâchage d'information)le rend à même de s'approprier l'univers de la série et en décuple même l'intérêt.
De plus, cette saison pose juste les enjeux d'une saga çà venir : les résolutions se comptent sur les doigts d'un Manchot tandis que les problématiques s'accumulent tel ma vaisselle salle dans mon évier.
On serait tenté, une fois mes lignes précédentes lues de penser que l'on est face à une série adulte et c'est malheureusement là que les compliments sur GOT s'arrête.
Oui, il y a du sang, oui il y a des fesses, oui il y a de l'inceste, non cela ne suffit pas à rendre la série adulte. Tout ce qui touche à des thèmes "adulte" visuellement dans la série est victime d'un paradoxe assez étrange que j'ai nommé "couillemollisme". On n'hésite pas à montrer du sang pour des égorgements de masse, pour des guerres, mais on zappe la décapitation finale ou des scènes de tortures. On filme sans problème des viols, et des coucheries avec des sublimes naïades, mais à aucun moment, on ne nous montre des gens normaux physiquement. Pour vous donner un exemple concret, il y a dans la série un personnage atteint de nanisme qui passe la plupart de son temps à copuler. À aucun moment, l'acte n'est filmé, aucun. Filmer ses conquêtes ( toutes magnifique au passage) ne pose aucun problème, filmer un nain nue visiblement si.
Ça reste lisse et consensuelle malgré un déballage un peu gratuit d'artifices sanguinolent ou mamairement bien pourvu. En bref Game of thrones c'est le drame d'un ado persuadé d'être adulte à 14 ans parce qu'il est "trop mature" quand il regarde arte entre deux téléréalité.
Vouloir proposer un univers violent et sexué est une attention louable, encore faut-il s'en donner les moyens.
Je te vois ronchonner derrière ton écran à te dire " oh mer il chairche la petyte baite la " ( oui si tu lis mes textes, tu es analphabète, ou aveugle) et tu as surement raison.
Mais proposer une série d'une telle qualité sans parvenir à la transformer en chef d'œuvre du fait d'un manque d'ambition ( ou plutôt d'une volonté de ne pas se couper d'une part du public) est un peu rageant.
Je vous recommande quand même chaudement cette saison, œuf magnifique qui deviendra je l'espère un bien joli dragon.