La dernière saison de Game of Thrones s’est terminée il y a déjà plus de trois mois, clôturant une histoire qui passionna les foules pendant plus de huit ans. Porte étendard d’HBO, la série a eu, de façon crescendo, des allures de superproduction hollywoodienne. La dernière saison étant composée de six épisodes d'une durée inédite pour le format série télévisée, à savoir 90 minutes par épisode. Chaque nouvelle saison était attendue de pied ferme par une communauté de fan qui n'a cessé de grossir au fil des années. L’audience de la série aux USA a explosé entre le tout premier épisode de la série, visionné par 2,2 millions de téléspectateurs, au final de la saison 8 qui réunit 19,3 millions d'Américains devant leur téléviseur.
L’histoire, complexe mais très bien ficelée, nous emmène à travers les 7 royaumes de Westeros et le continent d’Essos. L’univers de George R. R. Martin a été fortement inspiré par l’histoire des rois maudits. Le quotidien des rois, princes et nobles n’est fait que d’intrigues, complots et traîtrises motivés par une soif de pouvoir inextinguible. Guerres, pillages et assassinats ne sont que les conséquences de cette avidité. Le Saint Graal dans Game of Thrones est de devenir le roi de Westeros et de poser son royal postérieur sur le trône de fer, composé d’un millier d’épées et forgé par le souffle d’un dragon.
La force de la série réside dans ses nombreux rebondissements, ses somptueux décors et paysages, sans oublier les caractères bien trempés des personnages. On peut se féliciter que le casting soit essentiellement composé d’acteurs britanniques. Imaginez un peu un fier guerrier du Nord veillant sur le Mur et parlant avec un accent américain. Les détracteurs de la série pointent du doigt la forte proportion de sexe et de violence gratuite. Il est vrai qu’on a rarement vu une série où la morale est à ce point bafouée, mais c’est aussi ce qui fait le charme de Game of Thrones. J’entends d’ici les «Oh my god!» des millions de spectateurs américains. Bon faut dire que j'ai lâché aussi quelques «Oh putain!» à chaque saison.
Lorsqu’on se lance dans Game of Thrones, l’environnement devient tout à coup hostile. Le risque de spoil est partout. Il faut faire attention au boulot, lors d’une soirée entre potes, sur le net et même à l’abri bus. Que ce soit un simple passant, un collègue ou ton ami le plus cher, tout le monde a le pouvoir de détruire ton prochain épisode, voir plusieurs si t’es vraiment à la bourre. J’ai commis l'erreur irréparable d'attendre 2 jours avant de visionner le dernier épisode de la saison 4. Malheur à moi! Un collègue profita de ma faiblesse passagère pour me planter un coup dans le dos et m’annoncer par inadvertance (présomption d’innocence oblige) la fin de l’épisode. Ô rage! ô désespoir! Je l’ai maudit, lui et sa famille, sur dix générations. Pour la petite histoire, à la fin de la quatrième saison, une personne était capable de spoiler le monde entier. Il s'agissait de Barack Obama himself. Grand fan de cette série épique, le président avait demandé à David Benioff et Dan Weiss de lui livrer une copie. Les créateurs n’ont pas osé refuser la demande, de peur de finir comme Ed Stark.
Les hostilités sont donc terminées. Mais rarement une série aura autant déclenché de colère chez nombre de ses fans au cours des derniers épisodes. Une pétition a même été lancée pour que la saison 8 soit tournée à nouveau, dans son intégralité et avec d'autres scénaristes. La pétition dépassait le million de signatures fin juillet. Ce qui a été reproché à la dernière saison ? L'accélération du rythme et une rupture par rapport au déroulement de l'histoire des sept saisons. Il est important de prendre en compte le fait que la série a rattrapé les romans de l'écrivain George R. R. Martin, obligeant les créateurs et scénaristes Weiss et Benioff à être en roue libre pour la dernière ligne droite. Comment pouvoir rester entièrement fidèle aux écrits qui ne sont pas les siens ? Quant aux nombreux reproches qui ont été faits sur les choix narratifs, il est sûr que la série a quelque peu perdu de sa superbe dans ce domaine. De là à dire que tout est à jeter...
Game of Thrones se termine donc sur une note quelque peu amère, mais restera pour beaucoup, les premiers mots venant à l'esprit lorsque l'on parle de série. Les reproches faits à a dernière saison ne découlent, peut-être, que de la nostalgie que l'on éprouve en sachant que l'on visionne les derniers épisodes de quelque chose d'épique qui nous aura accompagné durant tant d'années et alimenté tant de conversations. Le deuil ne durera pas. Un préquel, dont le tournage a commencé, est déjà annoncé par HBO. Se déroulant 5000 ans avant les évènements de la série originelle, elle se focalisera sur l'origine des marcheurs blancs et la période de la longue nuit, ce qui promet de nouveaux moments épiques. L'univers créé par George R. R. Martin a sans aucun doute de belles années devant lui et finira par échapper à son créateur. À moins que ce ne soit déjà le cas.