Je n’étais pas prête.
Comment parler d’une des séries qui a marqué au fer rouge la décennie 2010 ? Je n’essaierai pas vainement de répéter ce qui a été loué et critiqué au cours des 9 dernières années, ne me prononçant pas spécialement sur tous ces points.
Game of Thrones m’a accompagnée tout au long de mon passage à l’âge adulte, avec ses chocs, ses émois et sa maturité intellectuelle. Première série dont la complexité du monde et des rapports humains m’a bousculée. Ainsi, les gentils ne gagnent pas toujours. Les méchants ne sont pas toujours forcément punis à la “juste” mesure. Des personnages empathiques deviennent détestables, des personnages détestables deviennent empathiques. Le monde peut-être sale, laid, repoussant...mais également chaleureux avec des éclats de lumière. Les parcours des héros ne sont pas tout droit tracés et ils font parfois des allers-retours, voire des cercles. Beaucoup de surprises, d’imprévus aux carrefours des destinée de chacun et chacune.
Je n’étais pas prête pour suivre les péripéties de personnages magnifiques tels qu’Arya, Sansa, Jon, Brienne, Jaime. J’aime Sansa, le personnage auquel je m’identifiais le plus quand j’avais 18 ans.
Je n’étais pas prête vis à vis du déferlement épique, inattendu de cette fantasy réaliste aux intrigues socio-politiques que certains appelleront tirées par les cheveux, pas crédibles, longues.
Je n’étais pas prête par rapport à la myriade de sentiments que me feraient ressentir la série. Elle n’a jamais laissé indifférente. Déception, joie, surprise, dégoût, effroi, excitation.
Je n’étais pas prête quant à l’univers riche de Westeros et d’Essos aux ethnies et religions variées. Une immense carte géographique qui donne l’occasion de voyager en suivant le point de vue de plusieurs personnages différents.
Je n'étais pas prête pour la grande qualité de jeux des actrices et des acteurs, dont certains sont issus du théâtre Shakespearien.
Je n’étais pas prête pour jauger du véritable spectacle scénaristique et visuel où l’association des deux mots divertissement et qualité a repris tout son sens dans une époque clairement chaotique niveau télévisuel.
Je n'étais pas prête pour cette révolution télévisuelle à l'ambition cinématographique qui m'a définitivement fait évoluer et ouvert des portes de réflexions que je n'aurais même pas songé atteindre.