Skyrim 90210, mais où est le jarl Brandon ?
Vu que l'héroïc-fantasy sauce nordique est très à la mode en ce moment (coucou Skyrim), il fallait bien, un jour, se laisser tenter par cette série phénomène.
Le premier épisode se regarde sans trop de mal, même si de suite on sent un gêne énorme qui ne nous lâchera plus jusqu'à la fin du dixième. Il faut bien se le dire : tout le côté heroic-fantasy sonne faux comme rarement vu, certaines prods ritales bis des seventies s'en sortent mieux sur pas mal de plan d'ensemble. C'est toc, quand c'est pas odieusement ridicule. Qui n'a pas étouffé un rire gêné devant les deux Legolas du pauvre Daenerys et son frère ? Mais ayons bon coeur, les 60M de budget sur les 10 épisodes n'étaient visiblement pas suffisant face à la folie des grandeurs des créateurs de la série.
Chaque épisode contient son lot de cul. Ou plutôt sa levrette, histoire de bien montrer que le moyen-âge oulala c'est pas pour les tapettes. On est en plein dans le "zappe salope" qui règne dans les produits formatés comme celui-ci. Bon, disons que ces séquences soient justifiées (mais qu'on se le dise, après les Rome etc les séries doivent comporter du cul, ça plaît, c'est facile, c'est plus bankable qu'un guest, profit !). Après tout, on est dans un clone à peine déguisé de Berverly Hills, tout le côté surnaturel, le plus intéressant, est mis de côté pour nous montrer des trucs aussi passionnants qu'une soeur qui couche avec son frère parce que son roi de mari qui couche avec toutes les roturière ne la baise plus. Pendant ce temps, les vrais prétendants au trône, en exil, veulent vengeance. Epique ? Oui, potentiellement mais qui peut bien se foutre d'une grande aventure ? Non, montrons plutôt un frère barge prêt à "donner sa soeur à 40 000 hommes et leurs chevaux si ça pouvait me constituer une armée". Donc la soeurette revient à un chef de tribu barbare aux gros tatouages très impressionnants. Après moults levrettes (utilisation du sexe parmi les plus nullissimes jamais vues à l'écran, Basic instinct 2 était plus maîtrisé, c'est dire), elle va devenir une super amazone trop baléze depuis qu'elle s'est faite troncher pendant tout l'épisode 2. On recherche encore la soit-disant complexité des rapports, tant tout ça sent la telenovelas dans la neige. Le niveau du spectateur abreuvé de Bref et séries daubées tous les soirs sur toutes les chaînes serait-il tombé aussi bas pour se laisser avoir de la sorte par un produit très bien marketé : on vous promets du fantastique, on vous fidélise à base d'assauts rectaux et de têtes tranchées entre deux blabla ?
Les intrigues se multiplient à une vitesse ahurissante, on ne sortira certainement pas grandi de cette soupe racoleuse, mais au moins on ne s'y ennuie pas. C'est très bavard, la plupart du temps pour pas grand chose, mais ça se suit sans encombre. Il faut au moins reconnaître un travail impressionnant sur les personnages, nombreux mais tous très reconnaissables et pour la plupart bien interprétés.
Alors oui, c'est dense en lieux et personnages, oui ça se suit sans encombres. Mais c'est putassier, racoleur, l'intérêt numéro un est survolé au profit du cul et violence à tout prix et ça fait très factice sur pas mal de plans. Et une deuxième saison ne pourra qu'enfoncer ce triste constat : Game of the Thrones est une série sur-hypée de plus. Si vous voulez de l'heroic-fantasy qui s'assume dans son univers violent, préférez largement une séance Beowulf, suivi d'un porno-fantasy.