Gankutsuou : Le comte de Monte-Cristo par SubaruKondo
Quoiqu'elle prenne pas mal de libertés avec le livre - à commencer par une transposition dans un univers space opera - cette adaptation reste à mes yeux une des meilleures du comte de Monte Cristo, largement supérieure aux fades téléfilm français. Le graphisme peut surprendre et déplaire mais l'ambiance, le doublage, la montée progressive de l'intensité dramatique, rien n'est laissé au hasard.
Space opera baroque dont le design est un très bel hommage à Klimt - sans être adepte de son travail, l'instant de surprise passé, j'ai été subjugué par le visuel de la série - Gankutsuou prend le temps d'installer l'intrigue et ne laisse aucun personnage sur la touche, articulant patiemment la chute des puissants qui ont construit leur fortune et leur grandeur sur la déchéance d'Edmond Dantès. Tous les ingrédients de l’opéra sont là, le drame, l'intensité musicale, la poésie visuelle. Le doublage japonais est une vraie merveille - la version française est d'honnête facture mais ne tient pas la comparaison - et œuvre française oblige, le doubleur de Monte-Cristo débute chaque épisode par une introduction en français dans le texte.
L'anime fait le choix d'articuler tout son déroulement autour d'Albert de Morcerf - personnage très secondaire dans le livre - et de sa fascination pour le comte, relation trouble père/fils, maître/élève mâtinée d'une légère romance - nous sommes bien chez les japonais. Jamais de vulgarité, jamais d'humour déplacé (il y en a juste ce qu'il faut pour désamorcer la tension dramatique). Le propos d'Alexandre Dumas est remarquablement restitué : proposer un feuilleton épique et dramatique montrant l'étendue et les conséquences de la soif de vengeance et du désir de justice lorsqu'il est acharné. Gankutsuou prend le parti de transformer Dantès en monstre au sens propre du terme, dévoré par sa rancœur au point d'éclipser le grand homme qu'il a réussi à devenir malgré son passé en ruines. Les puristes pourront éventuellement grincer des dents sur une fin très différente de celle du livre mais qui constitue pourtant une somptueuse apothéose de la série.
Sans conteste mon anime favori.