Juste le Pilote.
Le Pilote. Car je n'irai pas plus loin, désolée. HBO + Apatow, on était tous foufous là, n'est-ce pas ? En tout cas, moi, oui. Alors je me suis installée devant le pilote, pleine de bonnes...
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le 24 avr. 2012
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What’s the point ?
On pourrait brosser la série comme « une bonne chronique sur trois bonnes copines. Leurs ruptures, leurs déboires sentimentaux, leurs relations en couples » (Fabien S. sur Allociné). Ou encore la résumer en « l’histoire d’une héroïne mégalomaniaque qui ne pense qu'à elle, [entourée] d’amies tout aussi centrées sur leurs petites personnes avec des vies pathétiques et inintéressantes au possible »*.
Ce serait oublier que la chronique de quatre copines et leurs galères ne se limite pas à conter des histoires de fainéantisme, de goinfrage post-rupture, de folies et de manque de confiance en soi. Et que quand bien même on voudrait parler de « trucs » de femmes et de relations amoureuses, il y a mille façons de le faire avec exceptionnalité et fraîcheur, sans calinotades. Qu’il existe une finesse de récit et de dialogues à l’épreuve de tout. Girls est ainsi un remake de qualité de nos vieilles séries contant les mésaventures de jeunes femmes (coucou Sex and the City !), en cent fois plus moderne et qualitatif, en mille fois moins gnangnan et plus déconstruit.
Girls ou mille façons d’être une (bonne ?) amie
Tout d’abord, la série échappe aux bévues habituelles en montrant des filles en personnages principaux qui ne sont ni sages, ni parfaites, qui s’apprécient en elles et surtout, ne parlent pas que de mecs. De ce fait, la série passe facilement le test de Bechdel sur la sous-représentation des protagonistes féminins et leur méreprésentation à l’écran.
Cette série, bien qu’elle ne soit pas à montrer aux plus jeunes, aurait pu en éduquer plus d’un.e d’entre nous aux choses de la vie avec humour. On y montre des femmes profondes avec leurs défauts et leurs contradictions là où « Hollywood a toujours voulu faire rêver avec des gens plus beaux, mieux habillés, plus riches » d’après la réal Dunham. Ici, les personnages sont simultanément ambigus, émouvants et insupportables (c’est-à-dire humains ?) et sortent des carcans stéréotypés des femmes qui devraient être réduites à épouse, mère ou p*tain.
Ces pénétrants portraits de relations et d’amitiés s’adressent à un public autant féminin que masculin aspirant à de beaux récits. Loin du drame sans importance, les déchirements qu’on y trouve sont le reflet de la profondeur et de l’intensité de ces amitiés universelles. C’est un brio d’intimité humaine. Dans la série, on se trouve renvoyer aux réalités du quotidien, de vrais sujets comme les relations complexes ou plates, les amitiés sincères ou hypocrites, les corps naturels, les galères financières, etc. Tout ce qui ne ressemble pas à une happy end, mais plutôt un récit doux amer, nuancé.
La série est terriblement réaliste dans sa description de la période post-étude. Une période de vie qui semble bien plus riche que l’adolescence si souvent dépeinte et qui aborde des thèmes tels que « l'obsession de soi, la besogne du devenir adulte, la passion sexuelle destructrice, la compétitivité, les sursauts amoureux inopinés–, le tout malaxé et trituré à l'extrême » (Slate).
Un genre nouveau de série
Pour faire court, cette série d’un genre nouveau est provocatrice et sensuelle, elle désarçonne. Elle ose des rapports complexes (ou compliqués ?) et bouleverse la représentation du sexe à l’écran. Les dialogues sont incisifs et jouissifs, on y lit l’art de l’humour pour survivre au malaise, au mal de vivre, soit comme une échappatoire hilarante aux aléas de la vie. La série possède également une *f*cking* sublime esthétique. Elle s’inscrit dans la continuité des nouvelles séries subversives des cinq dernières années comme Fleabag (2016), I love Dick (2017) ou Modern Love (2019) pour élargir nos horizons et nous faire découvrir des scénarios originaux dont même les plus cinéphiles ne devineront pas l’issue. Si vous croyez avoir tout vu, cette série va vous permettre de vous renouveler les idées et le tout, de manière bien plus déconstruite que Sex education (2019) dont le prétend le marketing.
Comment ça, l’héroïne n’est ni sage et ni gentille ?
Vous cherchiez un modèle de féminité ? Vous l’avez peut-être trouvé, mais pas dans le sens dans lequel vous le pensiez. Les héroïnes sont des êtres humains bourrés de défauts, de contradictions, ce ne sont pas de fausses rebelles et… elles sont particulièrement attachantes en fin de compte, étrangement proches de nous.
Elles apparaissent comme une sorte d’antihéros au féminin (car oui, habituellement, la plupart de ces personnes antipathiques sont de sexe masculin ou représenté sous un male gaze). Et puis, on aime détester les personnages en tant que spectateur parfois ! Surtout quand ce sont de personnalités si fortes et pittoresques, à la fois insupportables, égocentriques, névrosés !
On peut se retrouver dans ses femmes qui grandissent en suivant un chemin initiatique plutôt anarchique et trouble, ne sachant pas trop où elles seront dans 2 ans. Car ce sont des Girls, et non des Women. Car ce sont des Girls en devenir, ne suivant pas un unique chemin tracé de la Girl tel qu’on pourrait le leur dicter. Il s’agit d’un récit de l’affirmation en tant que soi et en tant que jeune femme sous un female gaze. Pour Iris Brey, experte du concept, la question qui guide ce récit est « comment une femme peut se prendre en main pour réfléchir à ses projections, à ses fantasmes, à son plaisir, à son désir ? ».
Critique entendue à propos de la sexualité dans Girls
Pour avoir vu la série, je comprends que les épisodes, en particulier ceux du début sur Adam et Hannah puissent choquer et ne sont donc pas pour les âmes sensibles.
Je répondrais toutefois à la critique trop souvent faite, que ces scènes crues, mais pas pour autant vulgaires sont parfois un bon miroir de la réalité et que même s’il nous dérange, il peut être bénéfique d’en prendre conscience notamment sous un regard féminin qui lui détonne de nos habituels visionnages cinématographiques. Dunham répond elle-même à cette critique en inversant les rôles : « Les hommes narcissiques et immatures couchent avec de belles femmes tout le temps dans les films et à la télévision, alors pourquoi ce couple est si difficile à imaginer ? Je pense que c’est parce que Hannah est particulièrement affreuse dans cet épisode ».
Cette sexualité gênante et peu réussie est tout particulièrement le fruit d’une révolution sexuelle inaboutie qui a laissé planer l’idée d’une sexualité libérée en laissant une génération paumée, qui veulent expérimenter ou plutôt tout tester, sans comprendre ce qui les intéresse, qui confonde sexe et envies, qui oublie les limites du respect qui leur est dû. Ils veulent se caser durablement sans y parvenir, le tout se mêlant à un fond de crise économique et identitaire.
Critique saine sur la représentation, les manqués de la série
Si le parallèle entre Girls et Sex and the City est si parlant, ce n’est pas seulement pour leur scénario de départ, mais aussi pour la position homogène et aisée des héroïnes, des bourgeoises blanches vivant dans un environnement chic de grande ville américaine. La diversité ethnique est quasi inexistante, bien qu’on trouve une légèrement amélioration sur les dernières saisons, à l’image de ce que semble connaître la réalisatrice dans son propre environnement.
On reproche aussi beaucoup à la réal et actrice Lena Dunham son narcissisme qui se retrouve beaucoup dans son rôle principal à forte composante autobiographique. Ce trait doit néanmoins être nuancé car il est parfaitement conscientisé et utilisé à des fins artistiques enrichissant ainsi le scénario à travers de multiple forme d’autodérision le mettant en perspective.
Bref, à consommer sans modération !
Créée
le 25 janv. 2022
Critique lue 22 fois
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