Je ne raffole pas des fictions post-apocalyptiques. J'ai l'impression qu'elles sont toutes les mêmes, qu'il est toujours question du retour de l'Homme à l'état sauvage, de survivants dégénérés qui tuent, violent et pillent. Ça ne m'intéresse pas trop. J'étais donc enthousiaste en découvrant les premières infos sur Girls' Last Tour qui se présentait comme un slice of life posé, une plongée dans le quotidien de Chito et Yuuri, deux jeunes filles survivant dans un monde où la vie a pratiquement disparu, mais sans violence ou larmes excessives au programme.
L'anime débute dans un entrepôt abandonné imposant, sombre, métallique. Il y a des tuyaux dans tous les sens, des vis au sol et nos deux héroïnes, juchées sur un véhicule à mi-chemin entre la jeep et le tank, semblent bien petites dans tout ça. Après 3 minutes d'errance au son du moteur, Yuuri brise le silence par des plaintes enfantines sur le fait qu'il fasse trop sombre. Ce décalage constant entre des protagonistes relaxées et leur environnement difficile -accentué par un chara-design simple- est l'une des forces principales de l'anime. D'une part le contraste est amusant, d'autre part il confère une signification particulière à chaque instant de répit accordé aux filles. On peut trouver de la joie dans la plus merdique des situations, voilà ce que l'anime nous raconte, voilà ce qu'il nous montre et ça fait chaud au coeur !
Mais Girls' Last Tour n'est pas qu'un excellent slice of life "feel good", c'est aussi une oeuvre de SF qui aborde tout un tas de thèmes passionnants. Nos deux héroïnes ont grandi dans ce monde désert, elles explorent les vestiges d'une civilisation qu'elles n'ont pas connue et cherchent logiquement à comprendre son mode de vie, ses rites. De cette façon, c'est leur propre humanité que les filles questionnent, leur rapport à la vie, à la mort, à Dieu, au temps... Elles qui sont seules, sans domicile fixe et avancent au rythme de leurs rations, qu'ont-elles en commun avec leurs ancêtres, quel sens a leur vie ? L'anime amorce de vraies réflexions philosophiques sans en avoir l'air, souvent par l'intermédiaire de la curieuse (et un peu bête) Yuuri, qui ne peut pas s'empêcher de poser plein de questions auxquelles Chito n'a pas toujours de réponse.
L'univers dépeint dans Girls' Last Tour est pour le moins intrigant, fait d'immenses structures labyrinthiques en pierre et en métal s'étalant sur des kilomètres, en hauteur comme en largeur. Les informations nous sont livrées au compte-gouttes, préservant ainsi le mystère. Ces larges paysages vides nous rappellent à quel point les filles sont seules, condamnées à disparaître elles aussi. La musique, empreinte de mélancolie, sublime les moments plus solennels. De son côté, l'animation fait le taf, beaucoup de 3D mais elle est bien intégrée. C'est assez rare pour être souligné.
Bref, Girls' Last Tour est à mes yeux la meilleure nouveauté d'automne, j'ai été charmé par son ambiance si particulière. Faire sourire dans un contexte si difficile n'est pas chose aisée, pourtant l'anime le fait à merveille, j'ai la banane devant chaque épisode. Et rien que pour ça, je vous recommande de le regarder.