Dans l’embouteillage de séries qui sortent régulièrement ces dernières années, faire son choix sans trop de heurts est devenu un défi titanesque. Avec une médiatisation écrasante de shows à succès comme Game of Thrones, The Walking Dead ou encore le récent WestWorld, beaucoup de programmes, tout aussi méritants, se retrouvent noyés dans la plus cruelle des indifférences. Succès critique qui mériterait d’attirer plus l’attention des projecteurs, Godless est de ces oeuvres fortes et brillantes qui devraient faire couler beaucoup plus d’encre.
Règlement de comptes à La Belle
Dans la ville de Creede, devenue l’ombre de ce qu’elle était, le Marshall John Cook et ses hommes découvrent, effarés, une scène de fin du monde. Tous les habitants, hommes, femmes et enfants ont été assassinés froidement. Pour témoigner de ce massacre, une seule survivante que ce macabre spectacle a rendu folle.
Après avoir mené l’enquête, l’homme de loi se rend compte que cette boucherie résulte d’un différend entre le tristement célèbre hors-la-loi, Frank Griffin et l’un de ses anciens hommes qu’il considérait comme son fils, Roy Goode. Fou de rage après avoir été détroussé par celui qu’il considère à présent comme un ennemi, lui et sa “famille” composée de coupe-jarrets sans foi ni loi se lancent à sa poursuite.
Pendant ce temps, Roy est recueilli dans une ferme aux alentours de la bien nommée ville de La Belle, peuplée majoritairement par des femmes devenues veuves à la suite d’un éboulement de la mine du coin, deux ans auparavant...
Contrées de l’Ouest Sauvage
A l’instar des grands westerns de l’âge d’or du cinéma, Godless c’est avant tout des décors sublimes et sauvages dans lesquels les protagonistes évoluent avec une justesse troublante.
Les intérieurs ne sont pas en reste avec des ambiances et des jeux de lumières toujours en accord avec le propos. Mais comme pour tous les représentants de ce genre, à la base, cinématographique, c’est en extérieur qu’on en a pour notre argent.
Des montagnes verdoyantes, en passant par les ruelles poussiéreuses des villes, les étendues désertiques ou encore les décors forestiers, on voyage avec plaisir bien vautré dans notre canapé à s’imaginer vivre à cette époque difficile et impitoyable mais où la nature était encore si présente. Cela finit par distiller chez nous comme une envie d’enfourcher son fidèle destrier en s’en allant vers le Soleil couchant tout en entendant résonner dans sa tête le très célèbre air : “I’m a poor lonesome cowboy…”
Le Pistolero et la Bête
Si l’histoire gravite autour de Roy Goode et Frank Griffin, elle n’oublie pas pour autant de tisser le destin de plusieurs personnages plutôt attachants et bien écrits. La téméraire Alice Fletcher, le brisé Bill McNue, l'arrogant Whitey Winn ou encore la surprenante Callie Dunne, Godless est une galerie de personnages hauts en couleur que la fuite du temps n’a pas ménagé. Des tranches de vie qui s'entremêlent dans l’attente d’une confrontation finale qui pourrait avoir de terribles conséquences.
La relation complexe de Roy et Griffin, au même titre que le passé torturé des autres protagonistes, se révèlent au fil des épisodes sans trop ralentir la progression du récit principal. On découvre alors des histoires simples mais qui ne tombent pas dans le manichéisme facile. Les héros et antagonistes oscillent facilement, de par leurs actes, de l’ombre à la lumière muent par la seule volonté d’arriver à leurs fins. Un mode de pensée représentatif du caractère impitoyable du Far West de notre imaginaire collectif.
Western de 7 Heures
Plus qu’une simple série, Godless est un hommage à un des genres les plus codifiés de l’histoire du cinéma. Remplissant sa part du contrat à merveille en dépeignant une fresque rendant un vibrant hommage au Western, c'est un récit formidable nimbé par l’aura et l’ambiance si particulières du Far West. Même si le contexte choisi lui attirera tout d’abord les faveurs des fans du genre, la qualité d’écriture et la mise en scène peuvent indéniablement plaire à un plus large public. Une série à la fois sombre et poétique qui vous emmènera le temps de ses 7 épisodes dans le quotidien tourmenté de ces survivants. Un Western de plusieurs heures qui vaut le détour et qui accompagnera à merveille vos longues après-midi d'ennui.
By Roxassanctuary