Du KORE-EDA tout craché, en version longue à peine édul-KORE...

... qui déroule sur un rythme tranquille pépère, par petites touches, toute la richesse de son propos, ce qui pourrait déplaire aux personnes non coutumières du style de ce réalisateur mais satisfera pleinement les autres.

La recherche de Kunas, petits êtres forestiers de la mythologie japonaise, n'est qu'un prétexte pour nous inviter à apprécier ce qui a vraiment de l'importance... la quiétude d'un environnement loin des turpitudes de la ville, où la nature reste malgré tout sous la menace permanente des humains symbolisée, dans cette série, par la présence d'un 1er barrage assez imposant & le projet d'en construire un 2nd.

Le genre de truc très stupide à faire dans une zone sismique active, mais bon... j'imagine que, par cet exemple, Hirokazu-sensei cherche juste à démontrer la nature contradictoire un rien schizophrénique de notre espèce à moitié dégénérée qui sait qu'il ne faut pas, mais qui fait quand même car elle se croît suffisamment maline pour résister aux manifestations des forces dévastatrices de notre chère planète.

Les Kunas, censés offrir la possibilité aux vivants de communiquer avec les défunts, permettent d'aborder d'une manière assez originale (pour changer), subtile (KORE-EDA oblige) & plutôt exhaustive, tout un éventail de sujets parmi lesquels la mort & la religion &, par là même, la pollution culturelle (emploi d'anglicismes, halloween, football, mayonnaise, pizza, hamburger, café, ...) & cultuelle (idéologie catho-pathos) occidentalo-étatsuniennne, dont le Japon est la cible + ou - consentante.

Le sens que l'on donne à sa vie & la famille, 2 thèmes chers à Hirokazu, d'autant plus difficiles à concilier avec un travail qu'il est prenant & valorisé par la société, sont évidemment l'alpha & l’oméga de cette histoire parsemée d'airs musicaux à la guitare sèche aussi épurés qu'agréables à l'écoute.

C'est aussi un (trop ?) discret plaidoyer CONTRE l'exode rural conséquence de l'incompétence d'élus locaux simples gestionnaires du déclin, autant méprisants & condescendants que méprisables (à l'instar de leur électorat), & POUR les petits commerces, l'artisanat & ses produits authentiques ayant une histoire parfois générationnelle (boîte de bento, fabrication du miso, etc...)

La nourriture, enfin, y tient forcément une place importante car rien de mieux, en effet, qu'un bon repas d'aliments traditionnels, sains & locaux partagés avec ses proches.

Par contre, il n'y a rien de plus nocif que de cuisiner avec de l'aluminium ou dans des poêles/plats en teflon, ça ne fait pas très sérieux... surtout pour une prétendue cuistot professionnelle, c'est à croire que les Japonais ne connaissent ni l'inox ni le laiton.

Mais passons sur cette fausse note & savourons du regard, pour ce qu'elle est, une des meilleures gastronomies au monde qui sait faire des prouesses avec relativement peu & sert en quelque sorte de fil conducteur tout au long de cette série de 11 épisodes.

Itadakimasu !