Golden Kamui 3
7.9
Golden Kamui 3

Anime (mangas) Tokyo MX (2020)

Pour terminer ma sélection japanime de 2020, je souhaitais conclure par Golden Kamui, un anime historique d’action et d’aventure dont le manga, de l’auteur Noda Satoru, ainsi que l’adaptation sont fortement appréciés par la communauté. Je savais donc que je me lançais dans une bonne série...




... en revanche, j’ignorais qu’elle était aussi excellente.



Golden Kamui raconte l’histoire d’un soldat, Sugimoto, vétéran de la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Après ses expériences traumatiques sur le champ de bataille, Sugimoto se lance dans une ruée vers l’or sur l’île d’Hokkaïdo et va former une équipe avec une jeune fille, Asirpa, d’origine Aïnu le peuple autochtone de cette préfecture septentrionale. Après avoir eu vent d’un pactole caché, le duo va être entraîné dans une chasse au trésor démente qui va rapidement prendre des proportions épiques.


Unique est un adjectif qui sied bien à cette oeuvre ; l’une des principales raisons se trouve dans l’utilisation de la culture Aïnu comme thème principal. Cette dernière est, comme la plupart des ethnies minoritaires d’une nation, étouffée par la société dominante japonaise et vouée à disparaître. Aussi, sa présence dans la japanimation avant Golden Kamui s’avère négligeable. L’originalité n’en est que plus grande, puisque l’anime prend soin d’exposer au spectateur ses traditions et spécificités, et va même plus loin encore en explorant les différents sous-groupes Aïnus ainsi que d’autres peuplades similaires qui les côtoient.


Loin d’être un gadget narratif ostentatoire, cette caractéristique enrichit considérablement l’anime, nous immerge dans son scénario et nous offre des anecdotes intéressantes sur leur mode de vie (manière de nommer enfant, l’adoption des ours, etc.). Par ailleurs, leur environnement reculé, ainsi que l’importance de la chasse, donne l’occasion de moments de « nature contre l’homme » captivants, parmi les meilleures scènes de la série. Ah, et l’anime en profite pour se transformer occasionnellement en un show de cuisine, une diversion occasionnelle assez exotique qui ajoute un certain charme.


Cette curiosité intellectuelle ne s’arrête pas aux Aïnus, puisque la série va également incorporer d’autres éléments de culture japonaise (chasseurs Matagi, dialectes) et même russe. Golden Kamui s’intéresse en outre à l’Histoire, et l’exploite avec inventivité, même s’il prend pas mal de libertés avec certains faits. C’est une vraie ouverture au monde dont il fait preuve, une force d’autant plus grande que ces différents éléments sont extrêmement bien intégrés à l’intrigue.


L’aspect culturel est important pour cette série, et ma sensibilité personnelle m’a poussé à longuement développer ce point... mais soyons clair, Golden Kamui n’a pas en lui une once de sobriété académique. Bien au contraire, il est la plupart du temps complètement barré. Si la série est capable de mettre en scène des moments dramatiques, et même touchants, avec brio, Golden Kamui veut surtout être le théâtre de péripéties haletantes, ne reculant devant aucune barrière pour divertir. Cela se traduit par des personnages plus grands que nature, ayant pour la plupart un sacré grain, des moments gores à foison, ainsi que de l’action démesurée. L’anime utilise aussi tout le chaos qu’il occasionne pour créer un humour absurde, alimenté de surcroît par des expressions faciales exagérées, ou encore des moments d’homoérotisme bien loufoques.


L’accumulation des genres et l’alternance entre les tons auraient pu tarer l’ensemble sans un bon équilibre mais fort heureusement, Golden Kamui sait juxtaposer ses différents éléments avec acuité. Cela dit, la série comporte un grand nombre de psychopathes en puissance, et le facteur de folie m’a paru un peu trop dominant lors de la fin de la première saison (l’épisode de la maison hantée), ainsi que le début de la deuxième (taxidermiste). Cet ‘égarement’ a néanmoins été temporaire, et la deuxième partie s’est rapidement bonifiée, avant de se transformer en une magnifique performance lors de la troisième saison.


Par ailleurs, résumer les personnages de Golden Kamui à une bande de cinglés serait fort simpliste, et largement incorrect. L’oeuvre peut compter sur un ensemble d’acteurs variés, aux profils souvent nuancés. Asirpa et Sugimoto, les deux protagonistes principaux, portent la série sur leurs épaules durant les premiers épisodes, et ne cessent jamais d’être un duo captivant malgré l’introduction d’une pléthore d’antagonistes badass charismatiques, que l’on suit tout autant que les héros de l’histoire. Par ailleurs, l’auteur a accompli un excellent travail pour rendre chaque intervenant intelligent, indépendant, prêt à tirer sa propre épingle du jeu durant cette chasse au trésor. Les ennemis deviennent des alliés, les alliés deviennent des traîtres et chaque parti voit leurs plans secoués de rebondissements, alors que l’intrigue s’épaissit encore et encore. La fin de la deuxième saison notamment ressemble à une session grandiose de ‘Texas Holdem’, où chaque main cachée dévoile un jeu de plus en plus haut, à la hauteur des enjeux mis sur la table.


Un point qui aurait pu freiner le potentiel de Golden Kamui est la présence du studio Geno pour la réalisation. Cette entité relativement récente (2015), renforcée par des membres de l’ancien studio Manglobe, m’a toujours donné l’impression qu’elle avait de bons goûts dans ses sources à adapter (Kokkoku, Pet), mais était aussi incapable de pleinement réaliser ses ambitions à l’écran. Honnêtement, la première saison ne m’a pas donné tort ; certaines parties clairement moins travaillées, ainsi que l’utilisation d’une 3D vétuste pour les ours, ont été particulièrement décriées. En revanche, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir au fil des saisons une production de mieux en mieux gérée, plus détaillée, plus inspirée dans sa réalisation, sa bande sonore ou encore ses arrières-plans. Arrivé à la saison 3, le studio Geno devient maître de son projet et le succès relatif de cet anime donne une première marque de prestige bien méritée à lui et son équipe. Je suis donc un peu attristé par l’annonce d’une quatrième saison (annoncée ce 5 décembre) reprise par un autre studio (et réalisateur) : le studio Brain’s base.


Golden Kamui est en somme un curieux mélange. Explosif, sanguin, futé, et coloré par des thèmes originaux. Il a à la fois une allure de série d’aventure triple A mais ose partir dans des directions inattendues qui en feraient presque une oeuvre niche. Une grande réussite pour ma part en tout cas, qui me laisse enthousiaste à l’idée de le retrouver pour sa suite.

Skidda
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le 5 déc. 2021

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