On raconte que quand les enfants réalisent que le père Noël n'existe pas, ils pénètrent brutalement dans l'univers des adultes, comprenant alors que même les grands peuvent mentir.
Ne croyant pas, depuis ma plus tendre enfance, à une sottise inepte telle que dieu, je ne pouvais pas non plus avaler un truc aussi grotesque qu'un mec gros et barbu dans un habit rouge et blanc avec une hotte sur le dos parcourant le monde en une seule nuit, tiré par de simples bestiaux à cornes.
Par contre, les univers imaginaires rencontrés dans les livres ou les séries télé, ça, c'était du sérieux.
Je me suis donc déniaisé avec Goldorak.
Un truc m'a taraudé pendant des années, alors que je me jetais tous les jours sur RécréA2 à la sortie de l'école.
Je le comprenais tellement pas, ce truc, que ça me gâchait un peu le plaisir.
C'est même à se demander si ce n'est pas à cause de ça que je n'ai pas pu idolâtrer les mangas comme tant de mes petits camarades par la suite.
La chose était la suivante: pourquoi ces cons de Végans envoyaient méthodiquement un golgoth par épisode ALORS QU'IL AURAIT SUFFIT D'ATTENDRE CINQ ÉPISODES ET EN ENVOYER CINQ D'UN COUP POUR DÉGOMMER ACTARUS ?
Secrètement, j'ai d'abord chéri l'idée que le Grand Stratéguerre ou Minos n'aient pas capté ce détail (parce que ça préservait l'invincibilité de Goldorak), mais ça ne pouvait pas durer.
J'ai donc petit à petit compris que les histoires de la télé et des livres, ça pouvait être du pipeau comme la vraie vie et ce moment tragique a constitué, en plus d'une insondable déception, un tournant décisif dans ma vie.
D'autant que derrière Alcor et ses petits copains, RécréA2 enchainait sur Candy, et je me prenais une seconde gifle: l'univers des filles aussi, ça allait être quelque chose super compliqué à appréhender.