La question se pose : Duke Togo (Golgo 13) est-il un badass™?
La définition plutôt convenue du badass™ se limitant au bucolique mais néanmoins explicite « ultra-cool motherfucker », pour moi la réponse est non.
Non en fait Duke Togo serait plutôt un enculé.
Un enculé de sa race, même.
Et pour ceux qui me trouvent grossier, je vous jure, il n’y a pas de qualificatif plus éloquent.
Prenez un badass™. Il est bien gentil sous ses airs de gros dur, mais il plaisante, il parle un peu trop —pour ne pas dire grande gueule ; il fait son malin, ressent des émotions et même que parfois il est sympathique.
Pas Golgo 13.
Golgo 13 ne plaisante jamais, ne parle que si cela est nécessaire, ne sourit jamais, reste impassible dans n’importe quelle situation.
Prenez un enculé. Un enculé de base je veux dire. Un T-800 par exemple. Ben mine de rien ça ressemble à un être humain, imitant leur comportement ; en plus contrairement à ce qu’on pense un T-800 ça crève à un moment donné.
Pas Golgo 13.
Si une poignée d’hommes ( dont Nick Stahl ! ) a réussi à détruire quelques Terminators, sachez que rien ni personne (amateur, assassins pro, milice, armée privée, mercenaires, mafia, forces gouvernementales) n’est arrivé à éliminer Golgo 13.
Golgo 13 ne meurt pas. Golgo 13 est infaillible. Golgo 13 est avenant comme un inspecteur des impôts laconique. Golgo 13 ne pardonne rien ni personne. Golgo 13 ne se contente pas de jeter les gonzesses sans les rappeler après le coït, il les tue aussi.
Froid, implacable, intransigeant, inhumain.
Un enculé de sa race je vous dis.
Je ne sais pas si se taper les 50 épisodes de la série de Saito s’avère être une exploration exhaustive du personnage, sachant que le manga éponyme figure parmi les plus longs du genre (depuis 1968) et que 4 films lui sont dédiés ( 2 d’animation et 2 live dont 1 avec Sonny Chiba dans le rôle titre ). D’autant qu’ici rien ne nous renseigne sur la mythologie du personnage ni sur les fondements de sa psychologie. Un peu frustrant au bout du compte.
La série se limite en fait à une série de démonstrations.
Démonstration des capacités uberman de Golgo 13 surmontant tous les défis et difficultés techniques auxquels ses missions le soumettent. Démonstrations de tirs, de combats, de résistance, de la froideur du personnage, de son efficacité clinique et détachée. Et un ou deux coups de quéquette sans attache entre deux trucs histoire de décharger la pression.
On a beau être inhumain, on n’en demeure pas moins homme.
Tout ça s’écoule au rythme d’épisodes à la structure narrative s’appuyant sur un schéma identique. Techniquement, on est sur du télévisuel honnête mais peu flamboyant —sans grande surprise— malgré l’application d’ensemble. Deux character designs se distinguent : un assez rond et fidèle au style de Saito, et un autre semi réaliste et anguleux ; assez rédhibitoire pour ma part.
L’emploi systématique des BGM (BackGround Music) rappelle l’usage fait sur un comics adventure (type de jeu vidéo très répandu sur Pc-Engine) : une musique pour les intros, une musique pour la descritption des missions, une pour la réussite des dites missions (genre ‘Stage Clear’ sur ta console), une pour l’instant glamour et ainsi de suite. Et on recommence, dans l’ordre, cinquante fois.
On se retrouve donc devant un rendu très mécanique, voire répétitif —à quelques exceptions près, sans pour autant être forcement ennuyeux ; cependant si une poignée d’épisodes ravivent l’attention, beaucoup demeurent, faute de mythologie de fond, largement dispensables.
Néanmoins, cet aspect mécanique renforce aussi l’attachement et l’intérêt porté au personnage et à ses péripéties. Constant dans son efficacité et son détachement glacial et partial, Duke Togo finit par fasciner et surprendre toujours un peu plus dans son absence totale de faiblesse sous toutes ses formes. Un sentiment vis à vis d’un « héros » assez délectable, faisant fi des bons sentiments et des défis se dressant face à lui, il est là, mutique, impassible, inébranlable tueur qui nique des gonzesses comme on se torche le cul :
Un enculé de sa race je vous dis.