Des fois, dans la vie, on est obligés de remettre en question une opinion que l'on pensait inébranlable.
J'aime pas Billy Bob Thorton.
C'est une certitude que j'avais depuis des années. En premier lieu j'aimais pas sa gueule. Bon, faut dire que durant une partie incompréhensiblement longue de sa vie le gars s'est trimballé avec une petite barbe dégueulasse juste en dessous de sa lèvre inférieure qui lui donnait une tronche de gland à claque (dans le cas de tronche de gland à claque, peut-on abréger en supputant qu'il a une tronche à biffle ? Mais pas dans le sens sexy du terme hein, soyons clairs) (Aaah non mais bordel, vraiment, pour écrire cette critique j'ai cherché "Billy Bob Thorton" sur google -car je n'arrive jamais à écrire son nom correctement du premier coup, faichier- et du coup j'ai en visuel cette barbichette de lipette (lipette comme dans "petite lippe", donc lèvre quoi. Ce n'est pas l'erreur de tape d'une insulte homophobe, c'est pas mon genre) et c'est immonde).
Cette digression ayant établi les bases importantes pour saisir à sa juste valeur mes aprioris initiaux, nous allons continuer.
DONC
J'aimais pas Billy Bob Tourton pour des raisons non seulement esthétiques (cf. avant) mais en plus je ne l'avais jusqu'à présent vu qu'en seconds rôles pas très folichons et pas très sympathiques dans divers films et il ne m'avait pas vraiment transcendée par son jeu.
Mais il y a un petit mois je me suis tapée la saison 1 de Fargo et j'ai été légèrement ébaubie du haut de mes certitudes qui commençaient à se fissurer à leur base.
Ayant donc amorcé ce phénomène de fissurage me voici donc toute fraîche avec mes 30 jours gratuits d'Amazon Premium me donnant libre accès à leur bibliothèque Prime Video.
Donc quand je vois dans les suggestions l'affiche de ce Goliath avec un Billy Bob Futton debout au milieu de débris enflammés s'abattant autour de sa silhouette relativement frêle mais à l'air cependant bien décidé à ne pas bouger son derch de là, je me suis dit BANCO, on va voir si le type agrandit les fissures sus-citées.
Alors pour faire rapide (car ne tournons pas autour du pot, je vous prie), ouais. Mes certitudes ont dégringolées dès le premier épisode pour ne jamais se relever, sur-plantées qu'elles furent par de nouvelles certitudes toutes fraîches: Billy Bob Tonton est un putain de bon acteur.
Déjà, ses problèmes de lippe à poils se sont résolus. Le mec a gagné en sex-appeal et a une intensité dans son jeu à ne pas piquer des hannetons (Billy Bob Hanneton ?).
Ce rôle d'avocat brillant tombé au fond du trou mais mû par une immuable force et hargne intérieures qui le mènent à faire stoïquement face à des forces bien plus imposantes et puissantes que lui est taillé pour lui.
L'histoire est prenante et complexe, les personnages secondaires attachants et multi-dimensionnels.
On navigue souvent dans le tragi-comique où le fond dépressif affleure toujours.
Je regretterai peut-être juste un manque d'originalité dans la seconde saison où les retournements de situation et les dangers reposants sur certains personnages clés sont parfois prévisibles.
Mais il n'en reste pas moins que cette peinture désabusée et cruellement noire de notre société, ses faux-semblants et ses luttes de pouvoirs dans les hautes-sphères au dépend du petit peuple a un effet cathartique et étrangement attrayant. On suit donc les tribulations du personnage principal, usé jusqu'à la moelle par la pourriture ambiante. N'ayant plus grand chose à branler de ce qui lui arrive, fonçant tête baissée dans les murs que l'on dresse devant ses pieds.