Fausse renaissance

Fan d'animé japonais depuis les années 90, avec selon moi le paroxysme qu'a été Evangelion dans ma vie, au fur et à mesure des années, je trouve malheureusement de moins en moins de renouveau dans les séries japonaises, qui souvent trainent en longueur, et répètent les mêmes stéréotypes de personnages, de situations et de symboles à outrance. Certes il y a quelques petits ovnis animés qui passent de temps en temps, mais noyés dans la masse.

Je me suis donc lancé dans Guilty crown avec du scepticisme, surtout tenté par le character design.
Au tout début, difficile d'accrocher, mais c'est une habitude à avoir en général avec les animés japonais, de perdre 2 épisodes à trop vouloir situer les choses. Sauf que là non, on rentre assez vite dans le vif du sujet.

Même un peu trop vite donc, ce qui perd un peu, et les épisodes suivants sont un peu dans cette veine, introduisant des personnages et des intrigues complémentaires. Après quelques épisodes, malgré un rythme qui ne faiblit pas, l'histoire avance très vite, on commence à se sentir un peu plus en maîtrise du sujet proposé. Et la curiosité fait que la série se regarde sans trop de difficulté jusqu'à la fin, dont on attend le dénouement avec impatience !

C'est une des grandes qualités de cette série.... Mais c'est aussi son défaut.

On passe très vite sur beaucoup de choses. Des personnages dont on ne comprend pas trop la raison d'être dans la série (Daryl ?) et auxquels on ne s'attache pas vraiment. Ou des personnages qui ont une influence sur l'histoire, qui peuvent défendre une cause ou une autre au moment ou c'est nécessaire à l'avancée de l'histoire, mais sans qu'on sache pourquoi.
Heureusement qu'il y a des personnages atypiques et intéressants (Ayase et sa détermination, Arisa et son dilemme, Yahiro et son ambigüité), mais on aimerait bien en savoir un peu plus sur eux.
De la même manière il y a certains événements qu'on aurait bien voulu connaître un peu plus en détails.

Et même si la série nous apporte beaucoup de réponses, il y en a qui ne sont même pas suggérées ou évoquées, ce qui laisse un sentiment d'inachevé. Et la raison vient probablement de la production, qui a trop voulu donner de sens à cette série, au point de la charger de trop de choses. Il aurait été possible d'alléger l'histoire de certains personnages, de certaines symboliques un peu trop revues (Adam et Eve encore -sic-, un certain manichéisme, la présence de mechas, la multitude de voids présentés, jusqu'aux plus anecdotiques). La série aurait gagné en simplicité et en lisibilité, avec tout autant d'impact.

Côté plastique, c'est beau, peu à dire là dessus, même si on a quand même toujours droit à des travellings sur des images fixes agrémentés d'une bande sonore, pratique trop courante à force. Mais quand ça bouge, ça bouge plutôt bien. La musique est bien intégrée à la série, parfois imperceptible mais présente, parfois oppressante, elle ajoute une bonne dimension à l'ambiance.

Au final je ressors du visionnage avec une impression plutôt bonne dans l'ensemble, meilleure que ce à quoi je m'attendais. Je ne suis pas persuadé de la revoir en revanche, contrairement à d'autres séries que je peux avoir plaisir à revoir après plusieurs années.
Mais elle peut valoir le coup pour un premier visionnage. Il faut se lancer dedans et avancer sans se décourager pendant quelques épisodes, sans tout comprendre, les choses prennent leur sens petit à petit.