L'anime qui vrille toujours au fil des ans
Gurren Lagann trainait sur des forums, avec une meute de smiley qui allait du sourire béat à ce que l'on peut appeler de la branlette en gif animé. Un signe qui ne rassure pas forcément, tant ces lieux impurs regorgent d'avis complètement enflammés et d'auto-persuasion après un achat regretté. Mais dans le doute, en prenant le risque de peut-être tomber sur une perle insoupçonnée, le premier épisode se lance, tranquillement. Deux frères de galeries creusent dans une société souterraine qui a une peur panique de la surface. Ils tombent alors sur un mécha ridicule que le jeune Simon met en marche accidentellement. S'en suivent quelques péripéties qui amènent Kamina, grand-frère autoproclamé de Simon, à tenter d'éliminer une créature venue justement de cette terre encore soumise aux rayons du soleil. Aidés de la protubérante Yoko, ils percent des siècles de secret et surgissent hors de ces cavernes poussiéreuses. Une sortie qui balance, en un plan, plus d'émotion que des couches d'animes réunis, peu importe leur qualité. Oui c'est emphatique, mais ce n'est rien à côté de ce qui vient après. Dès le deuxième épisode, on se prend une gifle. Ok, facile à encaisser. 5 de plus et on se fait piétiner le visage en rigolant. Dur mais gérable. Moitié de série et on compte ses dents. Puis arrive la dernière partie, celle de toutes les exagérations, celle de ces idées, de ces images qui semblaient même trop folles pour des rêves épiques. Gurren Lagann devient LA définition de l'épique. A cet instant précis, un homme ou ce que vous voudrez, vient de courir 300 kilomètres à pleine vitesse et vous colle son poing juste au milieu du visage sans aucune hésitation. Et le pire c'est que c'est jouissif. Gainax a compris comment transcender, non seulement les émotions de base (tristesse, joie, colère) mais aussi l'imagination.
Gurren Lagann est une fuite en avant incroyable, une gradation qui, miracle, atteint les limites de la folie visuelle et narrative, pour donner au spectateur un show son et lumières qui va plus loin que n'importe quelle scène la plus impressionnante qui se niche en ce moment au fond de votre mémoire. Cette série matérialise le sentiment diffus du "ça serait génial si..." et en fait une sorte de définition de ce qu'elle est. Un trip mémorable, qui en étant juste de bout en bout, en allant du macroscopique au microscopique - aller et retour - est un marqueur de génération. Ce n'est peut-être pas un roman, une peinture ou un film, c'est peut-être simplement le représentant glorieux d'un soit-disant parent pauvre de la création. Gurren Lagann risque bien, dans la bouche de beaucoup, d'être entouré d'un : "tu te souviens de ..... , c'était génial". La marque des grands ; des gigantesques ; des cosmiques ; des galactiques. Seul défaut, tout paraît un peu terne après, car comme dirait Simon : "On that day, we lost something that couldn't be replaced." Oui, le sens de la mesure.
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