Difficile de noter Gypsy, puisque cette série propose une idée originale et intéressante tout en se perdant un peu dans le détail concret de sa réalisation. On sent une volonté de mettre en place un piège constant, à la Breaking Bad, mais hélas sans les moyens scénaristiques qu'a réussi à trouver ce chef d'œuvre.
Les points forts ? C'est difficile de les lister car presque tout est en demi-teinte.
Évidemment, la présence de Naomi Watts au casting apporte quelque chose. Elle pourrait porter le tout seule mais le reste du casting est à la hauteur. Les personnages sont justes, les acteurs très bien choisis.
L'idée de départ est elle aussi formidable. Quiconque a suivi une thérapie comprend l'ambiguïté qui a certainement fait naître l'idée de cette histoire : fantasme que le psy aille plus loin que son rôle ne l'y autorise et terreur qu'il s'approprie sa vie.
Avec cette mère sans nouvelles de sa fille, on commence typiquement dans le fantasme que le psy aille sur le terrain changer les choses et apporter une réconciliation plus concrète que celle qu'il pourrait obtenir dans le cadre de la thérapie mais on voit bien comment cela vire rapidement à la cruauté. J'ai trouvé cela tout bonnement effroyable."""
La progression du personnage principal n'est pas dénuée d'intérêt. On voit au début que Diane n'a qu'une existence très maigre, on voit que Jean peut se permettre des négligences mais plus on avance, plus l'existence de Diane devient un gouffre à organisation et à secrets. Plus intéressant encore : on voit Jean commencer à mentir systématiquement, à créer des secrets inutiles (dans le cadre de son travail par exemple) et ainsi à glisser vers la mythomanie pure et simple. Un autre élément s'avère très intéressant mais peut-être mal exploité, c'est l'ambivalence de la démarche initiale : avec sa fille qui voudrait être un petit garçon et ces patients si touchants, on ne sait pas vraiment si c'est par philanthropie que Jean tombe dans ce jeu étrange ou si elle est juste complètement cinglée, voire psychopathe. Or, trop d'éléments viennent trop vite désambiguiser ses motivations et on y perd en richesse à mon sens.
Ainsi, les révélations du mari sur son passé montrent bien que Jean a clairement une tendance au mensonge, que celle-ci apparaît cycliquement et qu'il s'agit chez elle d'un comportement connu, répété et identifié. À partir de là, on peut aisément imaginer qu'un début de protocole de guérison a été mis en place pour désamorcer le tout et donc que la suite de l'histoire aurait été entièrement consacrée à la gestion de sa mythomanie.
"""
Autre atout de la série, mais sans doute mal exploité : le personnage du mari est loin d'être un idiot, la collègue de Jean et son supérieur sont eux aussi loin d'être tombés de la dernière pluie et on imagine aisément comment l'étau pourrait se resserrer mais chacun de ces personnages se contente de prendre note de certains faits sans en parler à quiconque, ce qui permet à Jean de ne pas se retrouver en difficulté mais comme par miracle. Sans effort aucun. Pourtant sa collègue est connectée au mari de Jean par son ex-mari. Elle et le chef pourraient aussi discuter. Mais non, la confrontation reste toujours superficielle, comme si eux-mêmes avaient des secrets à protéger.
Ainsi, la série est décevante, malgré une idée de départ que je trouve tout bonnement géniale. Finalement, c'est la gestion du hasard qui pèche dans cette trame, le hasard étant presque systématiquement avec Jean. C'est fort dommage.