Contrairement à certains films, je reproche souvent aux séries de ne pas approfondir en suffisance les profils psychologiques des différents personnages. J'ai le sentiment que la surface seule est effleurée.
C'est donc sans grande conviction que j'ai entamé l'unique saison de la série "Gypsy" de Lisa Rubin. J'ai fait la connaissance de Jean (interprétée avec beaucoup de justesse par la talentueuse Naomi Watts) quadragénaire et psychothérapeute qui, au premier abord, nous apparait comme une femme équilibrée et épanouie dans chacune des sphères de sa vie; professionnelle, conjugale et maternelle. Mais l'adage dit vrai, on ne peut juger un livre à sa couverture.
Rapidement, on constate que Jean est une clinicienne avec une approche pour le moins directive, dont l'école s’apparenterait davantage à celle du coaching. Mais au fil du temps, on prend conscience qu'il ne s'agit pas réellement de cette vocation. En réalité, Jean ressent une impuissance grandissante, pensant qu'elle n'aide pas autant que nécessaire ses patients (sentiment d'inconfort qu'elle laisse d'ailleurs transparaître lors de certaines supervisions collectives).
Au fil du temps, ce sentiment d'impuissance s’amplifie et se matérialise par des angoisses de plus en plus fréquentes. Incapable de lâcher prise, Jean tente de (re)prendre le contrôle et progressivement, va s'immiscer dans la vie de chacun de ses patients en partant à la rencontre de leurs proches. Pour se faire, elle va s'identifier à un personnage qu'elle créera de toutes pièces: Diane. Une femme à l'apparence mystérieuse. Mais est-il véritablement possible de jouer sur plusieurs tableaux?
Au fil de ces rencontres, elle fera la connaissance de Sydney, la compagne de l'un de ses patients; une jeune femme passionnée et sulfureuse qui travaille comme barmaid dans un lieu intitulé "le terrier du lapin". Une métaphore assez amusante, vu que cette rencontre marquera un tournant dans la vie de Jean, amenant cette dernière à s'enfoncer toujours plus profondément dans la nébuleuse de désirs jusque la inconscients.
A mon sens, ce qui est remarquable dans cette série, c'est la profondeur de chaque protagonistes. Alors que l'on pensait cerner chacun d'entre eux, au fil des épisodes, les masques tombent révélant une multitudes de nouvelles facettes, miroir de leurs natures profondes. Si l'on fait preuve d'un brin d’introspection, ce phénomène peut également nous amener à nous questionner: connaît-on réellement la personne qui partage notre vie?
Déstabilisant, Gypsy ébranle et dérange. Cette série nous invite avec beaucoup de finesse à sortir de notre zone de confort. La morale? Rien n'est jamais écrit, ni acquis et tout est encore possible, ou pas.