Parait que l'ordinateur c'est l'avenir...

Sous ce titre barbare et totalement obscur se cache surement l'une des meilleures nouveautés de l'année dans le petit monde des séries TV.
Contrairement à l'appellation méprisante du "Nouvel Obs", à savoir une série soi-disant "pour les geeks"... Un terme qui ne veut strictement plus rien dire depuis bien longtemps mais venant de leur part, on ne va pas surjouer l'étonnement.
Non, Halt & Catch Fire n'est pas juste une série pour les Mark Zuckerberg en puissance malgré les termes informatiques employés pas à la portée de tous certes mais ne faisant jamais obstacle à la compréhension de l'histoire.

Cette histoire met justement en scène 3 personnages très clichés de prime abord mais finalement, chaque protagoniste est un cliché en puissance en y réfléchissant. Ce qui importe c'est l'évolution du personnage, qui lui permet ou non de sortir du stéréotype.
C'est un peu ce qui se passe dans la série avec tout d'abord le personnage plus où moins central du show :

• Joe MacMillan, le cadre sup' typique au sourire ravageur aussi bien sapé que bon communicant prêt à tout pour imposer sa vision.


• Gordon Clarke, la caricature du IT Guy affublé de grosses lunettes


• Cameron Howe, la jeune prodige aux allures de garçon manqué.

Tout ce beau monde ayant chacun leurs problèmes à la fois professionnels et personnels va se trouver un projet commun : fabriquer un ordinateur révolutionnaire pour mettre fin à la suprématie d'IBM, le géant du marché mais avec le budget d'une petite entreprise texane sans prétention.
Avec un tel pitch, on aurait pu s'attendre des séquences interminables de technique avec le jargon qui va avec (le pilote peut faire peur de ce coté-là) mais finalement, l'équilibre est très vite trouvé, transformant un sujet pas reluisant sur le papier en une passionnante quête de réussite qui n'oublie jamais la vie personnelle de son trio.

C'est aussi cela que l'on découvre dans Halt&Catch Fire au fur et à mesure des épisodes : chaque action des personnages n'est pas sans conséquence (coucou Gordon), chaque motivation est expliquée (coucou Joe).
La vie de famille de Gordon Clarke est surement la plus développée, peut être aussi car les deux autres protagonistes sont finalement les plus timides en matière de sentiments et de relations.
La femme de Gordon : Donna, prend donc une place prépondérante et contrairement aux apparences, est loin d'être qu'une simple femme au foyer mais le véritable pilier du couple injustement délaissée par son cher mari au profit d'un projet ressemblant plus à une quête de reconnaissance de la part d'un Gordon trop investi dans son boulot pour pouvoir comprendre ce qu'il pourrait perdre.

Comme pour Masters of Sex (en passant regardez tous cette série, c'est super) avec les moeurs sexuelles, le recul que l'on a aujourd'hui sur l'informatique est assez amusant lorsqu'on voit Joe totalement se fourvoyer sur les attentes des gens dans l'épisode 9 à propos des ordinateurs. Tout en sachant rester pas trop technique, la série sait aussi mettre en perspective les progrès immenses accomplis depuis cette époque.

A souligner également la très bonne BO souvent liée aux bons goûts musicaux de Cameron.
Comme d'hab' chez AMC, l'aspect esthétique est impeccablement travaillé avec son lot de cadrages harmonieux rappelant une certaine Mad Men qui prendra fin l'an prochain. C'est du tout bon également pour le casting avec un Lee Pace (Pushing Daisies, Le Hobbit etc) qui doit beaucoup aimé l'interprétation de Jon Hamm en Don Draper mais faut bien admettre que c'est le personnage qui exige ce rapprochement.
Scott McNairy (vu dans le sympathique Monsters) et Mckenzie Davis sont également à la hauteur.

Halt and Catch Fire, au vu de sa première saison franchement réussie malgré 2-3 épisodes en deçà mériterait très clairement un renouvellement pourtant loin d'être acté étant donné les audiences plus que moyennes.
Malgré cela, j'espère qu'AMC saura elle aussi reconnaître ses évidentes qualités, autant sur la forme que sur le fond (comme elle a su le faire avec Breaking Bad et Mad Men) et comprendre le formidable potentiel que représente une série ayant comme sujet le boom du PC familial qui a eu un peu de succès comme chacun sait...