L'animation japonaise fait le tour des sports. Aujourd'hui : le badminton, discipline qui peut devenir spectaculaire chez les professionnels. Nous suivons Nagisa, joueuse passionnée mais venant de subir une importante défaite, et Ayano, son adversaire, dont le rapport à ce sport est beaucoup plus complexe.
Les séries sportives peuvent se diviser en deux grandes catégories : celles misant tout sur la victoire finale (Captain Tsubasa), et celles où il ne s'agit que d'un moyen pour les personnages de s'épanouir (Ace wo Nerae). De ce point de vue, Hanebado ne sait pas vraiment où se situer. Les personnages importent plus que la discipline pratiquée, mais la victoire devient rapidement une condition indispensable pour qu'ils atteignent leur but. De la première catégorie, la série récupère un rythme souvent enlevé lui permettant de fonctionner à la perfection en tant que divertissement.
Seulement, cela ne signifie pas que les animes sportifs peuvent faire l'impasse sur le scénario et l'écriture des personnages. Or Hanebado montre de grandes difficultés dans ces deux domaines.
La série est bâtie sur deux incongruités, deux éléments que nous voyons très rarement dans les animes de ce genre, voire dans l'animation japonaise. La première, c'est une figure maternelle imparfaite, trop passionnée mais aussi trop obsédée par l'idée de faire de sa fille une championne, et qui dans cette optique prendra plusieurs décisions contestables. C'est original, mais maladroit ; non seulement car la mère en question n'est présentée ni comme une vile manipulatrice ni comme une personne trop candide pour comprendre à quel point elle peut blesser son entourage, mais surtout car son comportement n'est justifié que pour le bien du scénario, afin de créer la situation de départ. Malheureusement, il s'agit d'un problème récurrent de la série.
L'autre particularité d'Hanebado, c'est une héroïne qui est aussi le boss de fin. Dans n'importe quelle histoire qui n'aurait pas été centrée sur elle, elle aurait été cette figure du mal, douée et vicieuse, qu'il faut abattre en final alors que cela semblait impossible jusque-là. Seulement, là encore, c'est très maladroit. L'héroïne apparait au début de la série comme une fille banale - hormis le fait qu'elle soit déjà une championne de sa discipline - réservée, qui cherche à se faire des amis, comme l'animation nippone en regorge. Puis au bout de quelques épisodes, elle pète les plombs et devient la dernière des crevures, qui s'amuse à provoquer des adversaires blessées, à les humilier, et qui n'en a plus rien à faire de son entourage alors que c'est ce qui comptait le plus pour elle. Un changement radical qui, de nouveau, ne parait justifié que parce que le scénario avait besoin qu'elle évolue de cette façon.
Ce n'est pas la seule qui évolue d'une scène à l'autre selon ce que l'histoire cherche à raconter. Plusieurs antagonistes présentées comme désagréables deviennent d'un coup d'un seul étrangement sympathiques, d'autant plus si elles doivent affronter une héroïne devenue entretemps fortement antipathique.
Ces comportements extrêmes et ces changements radicaux - que nous pourrions toujours essayer d'expliquer par une série qui ne dure que 13 épisodes, ce qui empêche sans doute de développer correctement chaque évolution - empêchent de ressentir de l'empathie pour la plupart des protagonistes (même si quelques-uns arrivent à surnager), hormis à certains moments clés. Un problème pour une série donnant souvent plus d'importance aux personnages qu'au sport lui-même.
Heureusement, Hanebado peut compter sur son rythme efficace et une direction artistique certes banale mais agréable à l’œil. La qualité de l'animation monte d'un cran pendant les affrontements, néanmoins il reste des ratés et la mise-en-scène s'avère avant tout fonctionnelle ; n'attendez pas des fulgurances de ce point de vue.
Hanebado est une série sportive banale, mais qui sacrifie l'écriture de ses personnages au profit d'un scénario qui n'en avait pas besoin. Il aurait pu s'agir d'un sympathique petit divertissement, avec son lot d'efforts, d'humour, et d'amitié, et si je ne remets pas en cause son côté divertissant, le traitement de ses personnages - en particulier de son héroïne - l'empêche d'atteindre son plein potentiel.