De grandes qualités mais je ne suis pas enthousiasmé par cette série qui plait beaucoup à l'évidence

Hannibal, c'est une série qui a rapidement été un succès critique. Beaucoup l'adorent.
J'ai attendu la fin de la deuxième saison pour écrire cette critique, certains aspects me dérangeaient mais j'ai cru tout son long que j'allais passé outre.

Je voudrais d'abord mentionner ses évidentes qualités pour moi. Premièrement la réalisation est soignée, je lui reprocherai par la suite certaines choses, mais on ne peut pas la qualifier ni de médiocre, de purement utilitaire ou de basique. Mais ce qui m'a vraiment plus dans cette série, c'est le personnage d'Hannibal, moins la façon dont le personnage est écrit que son incarnation par Madd Mikkelsen. J'ai toujours trouvé terriblement intense cet acteur et terriblement juste dans ses interprétations. Ici, il incarne à la perfection, un psychopathe troublant, élégant, déterminé, aristocratique presque et mystérieux. Le charisme est de rigueur. C'est d'ailleurs le véritable personnage principal de cette série. Ses manières, son art de manipuler, son sang froid, son minimalisme instaurent à chacune de ses apparition une intensité dramatique indéniable.

Pourtant la série introduit artificiellement comme personnage principal Will Graham, un profileur ayant une empathie quasi magique lui permettant de se mettre à la place des tueurs en observant une scène de crime. Et dieu que ce personnage m'a ennuyé, m'a agaçé. Son talent premièrement, s'il laisse place à des scènes réalisées de manière quasi-onirique, apparait par trop magique. Il imagine bien trop facilement la scène d'un crime rien qu'en observant le décors. Cela relève davantage d'un super-pouvoir que d'une géniale utilisation d'une empathie extrême. Ce personnage tourmenté m'est apparu comme terriblement ennuyeux, je n'ai jamais compatis à son sort, tellement il me semblait plaintif, dépressif, toujours à se plaindre de son sort. D'abord de sa propre nature, puis de l'aveuglement des gens, alors que lui seul percevait la réalité des serial killers. La volonté à la fois de la réalisation, mais aussi dans le traitement de ce personnage, d'instaurer une sorte de flou onirique et artistique, a rendu pour moi l'intrigue et la mise en scène souvent brouillonne et chaotique. Cette belle réalisation a nuit au resserrement de l'intrigue autour d'une problématique clairement traité. La volonté peut-être de densifier cette mise en scène l'a rendue confuse.

Et malheureusement toute l'intrigue tourne autour de ce Will Graham et de ses déboires, petit à petit la relation Hannibal/Graham devient de plus en plus centrale, mais guère intéressante selon moi. Les manipulations, les rebondissements, les fantasmes, tout cela nuit à la clarté du propos quant à cette relation bien que certains thèmes soient mis en évidence. Comme la paternité.

Paradoxalement l'un des aspects primordiaux d'Hannibal Lecteur ici est sa volonté de tordre certaines psyché pour transformer ces patients en serial killer, mais cette structure de l'intrigue confuse m'a enlevé tout le sel de cet aspects qui aurait pu me passionner.
Deux personnages principaux donc, l'un terriblement charismatique, l'autre terriblement cliché pour moi, le bon samaritain génial, tourmenté et incompris, un duo déséquilibré qui n'est pas rattrapé par des personnages secondes terriblement classiques et basiques. La fin de la saison introduit un personnage féminin charismatique dotée d'un frère pour le moins tordu, personnage lucide et intéressant la relation qu'elle entretient avec Will et Hannibal est intéressante et développe enfin l'intéressante problématiques que nous promettait cette série. Pour autant, toujours la série toujours centrée autour de Will ne l'exploite pas assez et trop rapidement pour qu'elle m'ait procurée entière satisfaction. J'aurais aimé qu'elle soit le second personnage principal, évinçant Will Graham.
Le scénario pose problème, le personnage d'Hannibal Lecteur est bien connu, et nous n'avons aucun doute sur sa personnalité bien que la mise en scène le fasse apparaître génialement mystérieux au début en le plaçant d'abord en retrait. Peut-être donc pour permettre de surprendre le spectateur, la structure de l'intrigue manque d'une linéarité et juxtapose finalement de très belles mises en scène qui ne s’enchaînent pas assez clairement. Pendant toute la saison, c'est à dire trop longtemps, la série se porte sur une même tension, celle du mystère d'Hannibal à travers les points de vue de ceux qui l'entourent.

Cette série donc m'a intrigué, j'ai été toujours impressionné par le traitement de d'Hannibal Lecteur, la mise en scène par contre qui m'apparaissait vraiment travaillée m'a rapidement refroidit par sa mise en intrigue laborieuse. Finalement, je n'ai jamais donc été passionné par cette série, qui ne m'a jamais fait ressentir la nécessité de voir l'épisode suivant. Fascinante oui mais finalement assez vaine. Ces qualités pourtant m'ont toujours poussé à vouloir voir la suite, si ce n'est par un besoin viscéral, au moins par un besoin purement intellectuel. La fin de la seconde saison trop rapide, voulant absolument mettre fin à toutes les problématiques, notamment relationnelles, de l'intrigue en un épisode, m'intrigue cependant car elle semble annoncée une seconde saison qui pourrait mettre de côté tous les aspects négatifs qui m'ont déplu. Peut-être alors la trouverai-je vraiment géniale.

Petite anecdote, en terminant cette saison, je ne me souvenais même plus que c'était la deuxième. C'est pour moi révélateur d'une intrigue brouillonne qui piétine, il est rare que j'ai l'impression que deux saisons n'en fassent qu'une plus rare encore que je ne m'en souvienne pas.