Hors d'œuvre
Saison 1 On l'a attendu, on était pas convaincu (surtout après l'échec grinçant de Bates Motel) mais on l'a vu et... Mon Dieu, quel chef d'oeuvre. Hannibal c'est plus qu'une série sur l'un des serial...
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le 21 juin 2013
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Le menu que propose « Hannibal » est alléchant dès le premier coup d’œil. Le nom du chef, Hannibal Lecter, donne en lui-même envie, tant ce personnage reste associé à l'un des plus charismatiques méchants de l'histoire du cinéma. Mais ce nom ne suffit pas, car ce nom est aussi associé à des films très inégaux. Pour nous remettre l'eau à la bouche, on rajoute le nom de Mads Mikkelsen en tant qu'interprète du personnage. Un acteur au charisme phénoménal dans la peau d'un personnage au charisme phénoménal. On tient là une équipe qui gagne.
Pourtant, dès que l'on attaque le repas, on s'aperçoit bien vite que les saveurs sont loin d'être aussi exquises qu'on l'avait escompté. Dès ses prémices, la série va tâtonner, chercher son terrain, va tenter des propositions de format et batailler pour trouver le rythme qui lui colle à la peau. Cela occasionne une saison 1 vraiment très inégale, qui se contentera pendant de nombreux épisodes d'un format répétitif et lambda de la découverte de plusieurs meurtres et leur résolution (ou non), et de l'avancement d'une enquête.
En fait, « Hannibal » part mal car elle n'a pas su au départ déterminer quel serait son format. On oscille alors entre une enquête qui sert de fil rouge (Le Chesapeake Ripper), et d'autres petites enquêtes qui ponctueront d'autres épisodes et ne feront rien avancer du tout.
Le problème, c'est que si lors de la découverte de la série, on s'intéresse un peu à tout, on finira par la suite par ne s'intéresser qu'aux intrigues étant directement liées à Hannibal Lecter. Puisque c'est lui notre fil rouge, lui que nous voulons suivre, apprendre à redécouvrir via cette préquelle se déroulant plusieurs années avant Dragon Rouge ! Après tout, c’était ça que nous avait promis le show !
On tient donc ce que je considère être du remplissage. L'assiette n'étant pas suffisamment garnie, on rajoute des aliments cuits à la va-vite, des réchauffés au micro-onde du festin de la semaine dernière, et qui dénotent avec le reste des mets proposés.
En effet, ces épisodes qui tâtonnent affreusement n'apportent rien à la trame globale, se regardent distraitement mais ennuient doucement dans la mesure où ils ne font pas avancer l'histoire qui nous intéresse. Pire, les intrigues proposées et leurs résolutions sont souvent tirées par les cheveux dans leur exécution. Ou du moins, elles n’apportent pas la qualité standard qu’on était en droit d’attendre.
Plus gênant encore, contre toute attente cette saison 1 semble graviter autour d’un nouveau personnage : celui d’Abigail Hobbes. Si la relation qui se noue entre elle et Hannibal, et entre elle et le profiler du FBI Will Graham a de quoi séduire par quelques idées bien trouvées, globalement ces liens manquent de crédibilité. En fait, quelque chose manque, un je-ne-sais-quoi (des épices ?) qui a fait que je n’y croyais qu’à moitié. Peut-être étaient-ce les dialogues, ou la qualité globale de l’écriture entourant ce personnage ? Et puisque les épisodes sont trop nombreux en début de saison à tourner autour d’elle, c’est dans ces moments là où on est perplexes, où on a l’impression qu’on nous a fait quitter le show « Hannibal » pour nous mener vers un autre show, une autre histoire, quelque chose de plus lambda et moins intéressant.
Disons qu’en fait je pense que le double parrainage qui s’établie autour d’Abigail arrive bien trop tôt, dans la mesure où les personnages principaux ne sont pas encore assez centrés. Là où on voulait pour le moment découvrir Hannibal, on découvre finalement des personnages moins consistants.
La série trouvera tout de même ses marques au plat de résistance, lorsqu'elle se concentrera sur l'évolution de l'intrigue concernant Hannibal Lecter, sa relation avec Will Graham, et comment le premier va influencer le deuxième sans qu'il ne s'en aperçoive. C'est là le cœur de la série, sa force, son énergie, et quand l'intrigue se fixera dessus on aura des éclats de génie éblouissants. Les scénaristes semblent d’ailleurs l'avoir compris car la saison 2 est (presque, à un ou deux trucs près) uniquement axée sur ces points forts, ce qui permet à l'ensemble du show « Hannibal » de briller et de réparer ses erreurs passées.
Il ne fait nul doute que la deuxième saison surpasse de loin la première, et n’importe quel spectateur vous le dira. En terme d’écriture, elle est l’exacte opposée de sa grande sœur. Là où la première tâtonnait tant dans son narration que dans sa structure, la saison 2 est posée, sait où elle va, et nous y mène avec un déroulement exemplaire. Pas de fioritures inutiles (ou très peu), deux épisodes (les 8 et 9) en dessous des autres dans leur écriture, mais une qualité globale d’une force et d’une maîtrise indéniable. La saison est variée, et si tous les événements qui s’y déroulent ne me plaisent pas de la même manière, il faut avouer que la suivre est un véritable régal. D’autant plus quand on considère le climax final, et particulièrement celui du dernier épisode. Celui-ci est un délice dans son exécution, dans son ambiance, dans son univers sonore façon compte à rebours. Bref, le dessert qui nous est servi est tellement bon qu’on en redemande avidement.
Malgré l’inégalité présente dans cette série, on ne peut que féliciter son enrobage. Le plat est très bien servi. « Hannibal » jouit d’une esthétique très propre, par le biais d’une photographie particulière qui peut tant convaincre que laisser indifférent, mais dont on ne peut nier l’identité. Personnellement, cette identité me charme, m’enveloppe dans cet univers où la noirceur semble vouloir nous séduire. Hannibal Lecter, ce monstre impitoyable, brille d’un charisme et d’une élégance remarquable, et cherche constamment à amener chacun de ses contacts un peu plus dans la noirceur. C’est ce que représente pour moi cette photographie noire qui pourtant nous semble familière. Cette photographie est d’autant plus soignée dans la saison 2.
Pour l’enrobage sonore, c’est à peu près le même constat. Il y a une identité qu’on ne peut réfuter, mais celle-ci peut vraiment agacer tant elle appuie parfois ses notes volontairement désagréable. Pour autant, il est clair que le compositeur est talentueux, et qu’il a une vraie maîtrise de l’univers sonore. Les musiques peuvent être mélodieuses, belles à écouter, comme anxiogènes, désagréables et coller totalement à l’angoisse présente à l’écran. Le piano peut être magnifique et être remplacé quelques minutes plus tard par des percussions flippantes. Elles dérangent et charment à peu près autant qu’Hannibal lui-même.
Censée créer une ambiance malsaine, l’ost et la photographie réussissent aussi bien qu’elles échouent dans certains épisodes, car leur manière d’appuyer le sordide sombre parfois dans un too-much dérangeant dans le mauvais sens du terme, qui ne nous immerge plus mais nous sort du show. En fait, il faut trouver la mesure exacte quand on est dans ce genre de registre. Et à ce niveau-là, « Hannibal » est assez bipolaire.
Parfois la série est maligne, joue particulièrement bien de ses effets pour nous convaincre, avec une subtilité très fine. Par exemple, elle joue régulièrement avec la suggestion, les non-dits, les non-montrés. On va voir Hannibal se diriger vers telle potentielle victime et la seconde plus tard le raccord le montrera en train de déguster un repas. Voilà. C’est brillant. L’art de ne pas savoir, mais de savoir quand même. Le doute, le questionnement, c’est ce qui marche énormément dans cette série. Dans la saison 1, lorsque l’on découvre le personnage, ils utilisent beaucoup ces effets et c’est très efficace. Ce qu’il y a de génial, c’est que je me dis que ceux qui ne connaissent pas les films/livres sortis auparavant, et qui découvrent par conséquent le personnage devaient être très intrigués. Car il n’est montré que tardivement dans la série qu’Hannibal est l’auteur de crimes, et surtout qu’il est cannibale. Les scénaristes sont partis du principe que les spectateurs connaissaient Hannibal Lecter, et on choisit de faire passer toute la nature de son horreur par ces raccords subtils qui veulent tout dire en ne montrant rien.
Si cette intelligence m’exaltait, la série me déprimait en me servant également tout l’inverse. C’est-à-dire une absence totale de subtilité. « Hannibal » cultive le goût pour l’exhibitionnisme morbide, en nous montrant des exécutions hardcores, des gros plans sur des corps massacrés, pour le simple plaisir de jouir de son interdiction à une certaine tranche d’âge. Si parfois c’est parfaitement justifié (la série après tout est violente, et a raison de l’être), elle abuse jusqu’à l’écœurement de certains effets « esthétiques » montrant la violence.
Chaque meurtre présent dans la série est une « œuvre d’art ». Chaque cadavre laissé est une pièce exposée, un truc particulièrement sale, malsain, formant une scènettes. Il y a tous ces corps transpercés, mais il y a aussi d’autres idées farfelues, comme celle des deux anges, celle du totem, celle de l’œil, celle des ruches, celle de l’arbre… Bref. J’ai l’impression que les créateurs de la série s’adressaient au spectateur comme pour lui dire : « Eh ! T’as vu ! C’est chez nous qu’il y a les meurtres les plus morbides ! Stay on NBC !!! ». Sauf que, au bout d’un moment, l’effet recherché ne marche plus et ça devient ridicule. Trop, c’est trop.
Je vais prendre l’exemple de Dexter Saison 6, qui présentait un tueur aussi inspiré que les scénaristes d’ « Hannibal ». Dans cette saison, chaque nouveau meurtre était un événement tant on découvrait quelque chose d’encore plus horrible. Mais cela arrivait uniquement ponctuellement, et donc on était à chaque fois surpris et effaré. Dans « Hannibal », il y a un meurtre comme ça par épisode, et si au début on peut s’en réjouir, au final on s’en lasse, ça devient commun, ça ne fait plus rien, c’est juste débile.
Si encore chacun de ces meurtres étaient le fruit d’un seul tueur (Le Chesapeak Ripper) ou son imitateur, je ne dirais rien, ce serait logique. Après tout. Mais là non, tous les tueurs de cette série semblent partager une imagination commune, un inconscient collectif dirait Jung (ou pas), mais du coup c’est nul. Car les tueurs n’ont pas d’identité, ils ont l’identité de la série, et n’existent pas en eux même. Et ça c’est le genre de truc qui m’agace au plus haut point quand je regarde cette série.
Si j’ai fait une longue pause avant de me mettre à la suite de la saison 2, c’est que « l’œil » du premier épisode m’a énervé, et que je me suis dit qu’on repartait sur le même cycle nul de la saison 1. Car oui, ces meurtres absurdes sont surtout présents dans cette saison, et beaucoup moins dans la seconde. Mais parfois ils reviennent dans la saison 2, on ne sait pas trop pourquoi, peut-être parce qu’il manquait un truc choquant à mettre en pré-générique (le coup de la ruche était sympa mais servait à rien franchement).
Pourtant, quand ces meurtres sont bien fait et bien dosés, ils sont vraiment efficaces dans l'écriture de la série. C'est d'autant plus rageant de voir ces bonnes idées noyées dans des moins bonnes. Elles perdent ainsi en force.
Il y a donc dans « Hannibal » des éléments très positifs, et d’autres très agaçants. Le menu d’un chef un peu bipolaire qui aurait mis dans le même plat du caviar et des lasagnes Findus. Heureusement, dans la saison 2 la balance pèse beaucoup plus dans le positif, tellement que le négatif s’oublie très facilement. On peut alors savourer tout ce qui fonctionne dans la série.
Et ce qui fonctionne, c’est justement cette ambiance, cette noirceur, cette intensité croissante, cette manipulation et ce désir de savoir ce qui se trame réellement. Les personnages principaux sont plutôt bien écrits (malgré quelques trucs bizarres), et sont parfaitement incarnés. Mads Mikkelsen est un régal de tous les instants, lui que j’associais encore après toutes ces années au Chiffre de James Bond, est devenu sous mes yeux le nouveau Hannibal Lecter. Tout en classe, en élégance, et son accent danois ne fait que rajouter au charisme qu’il impose. Il est parfait dans ce rôle car il terrifie autant qu’il charme par son regard, son sourire, ses manières. Il incarne ce puits de mystère qui pourtant contrôle tout. Ce sont lui et son personnage qui font que la série fonctionne si bien au final, quand elle est bien maîtrisée. Hugh Dancy ne dénote pas, même si certains sont agacés par son jeu schizophrénique, je suis pour ma part très impressionné par son jeu facial qui colle parfaitement à son personnage. Laurence Fishburne reste Morpheus, mais il se fond bien dans Jack Crawford.
« Hannibal » dans ses deux premières saisons, c’est dans ses meilleurs moments un jeu de manipulation et de séduction particulièrement attractif, un nœuds mystérieux qu’on cherche à dénouer, un plaisir malsain d’être tant charmé qu’horrifié par Lecter, de le voir dominer, et de chercher à prendre le dessus. Un petit univers criminel intéressant, plein de surprise, avec de grands moments de génie.
La saison 3, en revanche, part tout de suite sur des pistes très différentes et mérite ainsi d'être traitée comme un plat à part. La trame a évolué, changeant ainsi tout le schéma narratif auquel le spectateur était habitué.
Hannibal, la série qui souffrait de trop ressembler à une série policière classique, a fini par ne devenir similaire à aucune autre. Ce simple fait m'a énormément impressionné. Je reprochais initialement à la série, dans ma découverte des premiers épisodes de la saison 1, de ne pas jouer avec son esthétisme et ses idées de manière créative mais de s'en servir uniquement que pour faire vendre un show avec de la violence (trop souvent) gratuite. Le type de série qui aurait privilégié une démarche commerciale à une démarche artistique. Mais plus on avançait dans la série, plus on s'en éloignait - à ma grande satisfaction. Et la première partie de cette saison 3 n'a fait que le confirmer puisqu'elle a une démarche tellement artistique qu'elle en devient difficile à être commercialisée. Elle est devenu ce genre de série qui demande du temps pour être appréciée et qui demande au spectateur de se laisser absorber plutôt que de tout lui envoyer à la figure.
Sa direction artistique très stylisée marque en effet son identité. Des ralentis esthétiques extrêmement nombreux, des gros plans, des jeux de lumière, une photographie époustouflante. Et il y a cette musique, réussissant ce que de nombreux compositeurs cherchent à faire sans jamais y arriver, qui forge elle aussi l'identité artistique d'Hannibal. Cette musique ne sonne comme aucune autre, elle ne fait qu'un avec les images et contribue à plonger le spectateur dans une hypnose esthétique.
Mais cette esthétique n'est-elle pas que poseuse ? Je n'ai pas vraiment la réponse à cette question. Oui, Hannibal s'affiche beaucoup. Parfois, on ne comprend pas trop pourquoi. A de nombreuses reprises on s'interrogera sur la signification derrière tel ou tel plans, ou on essaiera de comprendre ce que les scénaristes veulent nous raconter derrière tel ou tel flashback stylisé.
Car si "Hannibal" s'amuse avec son esthétique, elle s'amuse également avec sa narration. Elle privilégie les silences, les lenteurs, joue avec des flashbacks qu'elle emmêle et démêle. Ainsi, la première partie de cette saison 3 est volontairement confuse, mais m'a étrangement happé. Tout ce qui est construit contribue à créer une série se focalisant sur les sens d'une manière proche de l'onirisme. Une manière intéressante de nous mettre dans l'état d'esprit de certains personnages.
Cette construction aurait été vraiment efficace si cette saison allait dans une seule direction, qu'elle déroulait son intrigue de manière logique, amenant ainsi vers un climax final époustouflant (comme la saison 2 l'avait fait). Malheureusement, il y a clairement deux parties très distinctes dans cette saison 3, à un tel point que l'on pourrait même considérer que la deuxième moitié n'est autre qu'une saison 4 dissimulée.
Il y a deux arcs narratifs : le premier durant 7 épisodes, le second n'en durant que 6. Ils sont tellement distinctifs qu'il y a même une fracture dans la logique de l'appellation des épisodes. Les 7 premiers épisodes ont des noms se rapportant à des plats italiens, les 6 derniers font allusion au Dragon Rouge.
En soi, cela n'est pas un véritable problème. Ce qui en est un, selon moi, c'est qu'il n'y a pas assez d'épisodes dans cette saison pour traiter ces deux intrigues de manière efficace. La fin de la première partie résonne encore en moi comme une immense déception. J'attendais tellement de cet événement scénaristique, c'était pour moi l'enjeu principal de TOUTE la série, et il a été traité presque dans la plus grande indifférence. Le pire est peut-être de n'avoir ressenti aucun climax à ce moment là de l'histoire. Je peux accepter, en tant que spectateur, de ne pas avoir exactement l'histoire que j'attendais... mais il manque vraiment quelques épisodes pour rendre cet événement scénaristique aussi important qu'il aurait du l'être.
... Alors quand l'épisode suivant passe directement à une autre intrigue, sans aucune transition, j'ai simplement le sentiment qu'on a skippé le plus important pour me raconter autre chose.
Bien que je n'ai rien, au contraire d'ailleurs, contre l'histoire du Dragon Rouge, celle-ci est tout de même infiniment plus classique (et surtout connue des connaisseurs d'Hannibal) que la fuite en avant racontée dans la première partie. Toutefois, j'attendais tout de même beaucoup de l'adaptation du roman de Harris (Dragon Rouge donc) par l'équipe de Bryan Fuller... Il était alors question de partir d'un matériau connu et d'y insuffler les éléments scénaristiques de la série Hannibal, à commencer par le plus important : la relation fusionnelle entre Will et Hannibal.
Et si cela est majoritairement bien réussi, grâce notamment à la très bonne interprétation de Richard Armitage en Great Red Dragon, on ressent malgré un sentiment d'empressement. Le scénario n'est pas aussi riche qu'il aurait pu l'être, la relation entre Will et Hannibal amorce des éléments intéressants mais n'a jamais le temps de les approfondir. On aurait voulu, je ne sais pas... des échanges plus réguliers et intelligents entre les deux ? Une rivalité plus soutenue ? Retrouver ce même jeu de manipulation et de séduction dont on se délectait auparavant ?
Le problème de la saison 3 d'Hannibal, c'est à la fois qu'elle va trop vite et qu'elle va trop lentement. Elle est trop rapide dans sa manière d'expédier certains passages pour faire avancer l'intrigue, et ainsi de composer avec de beaucoup trop nombreux Deus Ex Machina. Et elle est trop lente puisque, paradoxalement, c'est une saison qui prend son temps, qui s'attarde beaucoup sur certains éléments pour atteindre une certaine sensibilité et un traitement juste des personnages (ce qui est le bienvenue)... Mais de ce fait elle s'attarde trop, et pas toujours sur les bons éléments.
On s'interrogera alors sur la place qu'on, par exemple, certains flashbacks inutiles où Hannibal revoit Abigael Hobbes qui ralentissent l'intrigue et qui n'ajoutent... strictement rien d'intéressant. De même, la place de Bedelia et sa relation avec Will dans la seconde partie est plus confuse qu'autre chose et n'apporte rien qui ne me paraisse essentiel à l'intrigue.
Je pourrais ainsi lister de nombreuses choses qui me dérangent au sujet des choix opérés par les scénaristes, mais je préfère m'arrêter ici. L'essentiel à retenir est que le format de cette saison 3 ne correspondait pas à leur vision de ce qu'ils ont voulu y raconter. Ils ont voulu trop en mettre, choisissant à la fois d'adapter Dragon Rouge tout en insufflant à l'intrigue des éléments du livre "Hannibal" (pas une mauvaise idée en soi) mais aussi des "Origines du Mal" (et là pour moi, c'est clairement en trop et hors de propos).
Un brin de bon sens me permet de comprendre leur volonté. Se doutant de l'annulation de la série après la saison 3, ils ont certainement souhaité aller au bout de leurs idées et clôturer ainsi l'arc Will/Hannibal. Si je ne peux pas le leur reprocher, je continuerai de penser que cela s'est fait au détriment de la pleine appréciation de ce qui y est raconté. Par exemple, si leur idée de la fin de la saison 3 est réjouissante, assez belle et bien fichue, elle n'est cependant que trop peu crédible (du fait des Deus Ex Machina évoqués) pour être appréciée à sa juste valeur.
En un sens, j'apprécie le fait que cette série soit allé au bout de l'histoire liant Hannibal et Will. Il est juste dommage que certains personnages n'aient plus aucun intérêt pour l'intrigue passé à un certain point, n'aient plus aucun traitement scénaristique, mais continuent d'apparaître à l'écran... Je pense particulièrement à Jack Crawford et Alana Bloom.
Dans son ensemble, la série Hannibal apparaît alors comme une série ayant multiplié les qualités, tant scénaristiques qu'artistiques, mais ayant collectionné les imperfections et les confusions. Le personnage d'Hannibal reste celui qui aura été le mieux écrit (ainsi que le mieux interprété). Bénéficiant d'un traitement de qualité, on est arrivé mieux que jamais à pénétrer l'esprit du fameux psychopathe et d'apprécier ses jeux de manipulation. Le personnage de Will, en revanche, est un peu plus trouble. Je reste perplexe au sujet de son traitement scénaristique, notamment autour de l'attachement qui le lie à Hannibal et qui n'est pas toujours exprimé correctement. Parfois, c'est flou, on n'arrive pas vraiment à comprendre Will et c'est un sentiment désagréable. Mais la relation que noue les deux, elle, est intéressante et a fait l'objet de très belles scènes qui resteront mémorables... A commencer, sans aucun doute, par le final de chaque saison.
"Hannibal" la série a donc à de trop nombreuses reprises emprunté de mauvais chemins, mais elle n'en reste pas moins une série de qualité qui comporte de grandes qualités artistiques et son lot de moments forts. On aurait préféré qu'elle bénéficie d'un meilleur traitement, ou du moins qu'elle traite tout ce qu'elle aborde avec le même temps et la même intelligence.
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Créée
le 4 juil. 2014
Modifiée
le 5 juil. 2014
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