Quand on vous vend une filiation plutôt difficile à porter, c'est jamais facile de percer. Oh que non. Helix, du coup, s'est vanté d'être issu des neurones des créateurs de Battlestar Galactica. Forcément, ça pique un peu, comme promesse. Parce que Battlestar, c'était quand même du lourd - avec ses hauts et ses bas, j'en conviens, mais globalement, une série de qualité. Ici, le pitch a tout de l'intrigue qui peut aussi bien convaincre que se rouler dans la fange : une équipe du CDC, composé du héros, de sa future petite copine, de son ex-femme, d'un traître et d'une grosse mais rigolote, débarque dans une station polaire pour y enquêter sur l'infection assez étrange qui a touché... le frère du héros. Qu'il a vu pour la dernière fois au lit avec son ex-femme. Ouais, bon, je sais, vu comme ça, c'est un peu vaudeville dans la banquise, mais passons. Le souci de cette infection, c'est qu'elle a transformé en boue noire deux autres patients, mais le frère du héros résiste et parvient même à s'enfuir, outch... avec cette station qui, forcément, limite les déplacements, on sent le huit-clos qui vient poindre le bout de son nez.
Bon, on ne va pas se mentir plus longtemps, c'est clairement de la série Z, mais de la gentille, où les zombies - qui sont donc des infectés, en fait - vomissent dans la bouche de leurs victimes pour les contaminer, avant de les laisser tranquille. Oui, dans Hélix, on ne mange pas son prochain, on le préserve et on l'aime. On se comporte comme un zombie, mais on évite quand même les débordements inutiles, à quoi cela sert de se dévorer la panse, franchement ? Et encore, c'est du zombie, certes, mais sans réelle survie : les zombies sont rapidement confinés à un étage, normalement coupé du reste de la station (à part quand les scénaristes jugent bon de faire transiter des persos d'un étage à l'autre, là, c'est open-bar). Ouais, le côté huit-clos, c'est pas tout à fait ça. D'autant que si vous pensiez avoir du développement un peu plus communautaire, c'est tout aussi fini : les "civils" de l'histoire, s'ils ne sont pas importants, sont relégués à un autre niveau et n'interviennent pas. Vous ne les verrez tout simplement pas. Une station remplie de scientifiques, mais on ne va demander qu'aux membres du CDC de bosser sur un vaccin, tranquille. Chômage technique pour tout le monde !
Le fait que l'intrigue se concentre uniquement sur un cercle très restreint de personnages aurait pu être profitable : cela aurait évité un côté un poil trop feuilletonesque à la Lost, mais pour ça, il aurait été nécessaire que les personnages soient bien écrits. Ce n'était pas spécialement le cas, à dire vrai. Donc, d'un côté, on a une ribambelle de personnages parfois même campés avec passion mais sincèrement pas assez intéressants pour retenir l'attention, et de l'autre... eh ben, rien. C'en est à un point où l'on passe même sous ellipse la décomposition sociale de tout un étage (ce qui aurait pu être chouette à voir). L'instant d'avant, tout le monde va bien, l'instant d'après, apocalypse dans tous les showrooms ! Et je n'ose même pas parler de l'interprétation. Si Alan, le héros, s'en tire de façon assez honnête, certains n'ont pas cette chance. En tête, le pauvre Hiroyuki Sanada, qui semble ne pas bien comprendre pourquoi on l'a choisi. On lui a demandé d'être froid et distant, ce qu'il fait bien, seulement on le fait pleurer un épisode sur deux pour faire comprendre combien il est torturé et là, même son chouette accent n'y peut plus rien. Je retiens aussi le soldat, Sergio, personnage écrit avec le cul, apparemment, qui semble trahir pour le plaisir de trahir et faire énormément de trucs un peu con pour monopoliser un maximum d'informations cruciales, sans raison. Quand, en prime, un personnage sur deux ment "pour protéger l'autre", on en arrive à des situations un peu délirantes. Pire, les relations entre les persos finissent par devenir très brouillonnes, au fur et à mesure que les épisodes avancent et on ne sait plus qui fait alliance avec qui.
Si le scénario est à ce point bâcler, il faut bien avouer que c'est aussi pour sa volonté ineffable d'aller taper dans d'autres registres et de sortir de son chapeau de nouvelles situations grotesques, comme l'arrivée de la méga-corporation ou toute la sous-intrigue sur le chef de la sécurité, qui en fait, est un inuit, et va aider son vrai peuple à lutter contre les... nan mais sérieux, euh, on peut revenir aux zombies, là, où c'est trop demander ? Ajoutons à ça un lieu à la porosité assez spectaculaire (les tuyaux d'aération ont été conçu pour permettre à n'importe qui de circuler d'un étage à l'autre... vraiment !) et on tient quand même une oeuvre qui se fourvoie assez vite dans le grand n'importe quoi, sans même plus chercher à retrouver la barre.
Au final, Helix est ZE déception. Tout y fleure bon l'amateurisme, que se soit le discours pseudo-scientifique, le jeu d'acteurs ou la confusion du script. C'est quand même un comble, pour un scénario se passant dans une base, d'être incapable de prendre son temps pour montrer d'autres personnages alors que la station est sensée en regorger et finalement, montrer simplement les protagonistes surnager dans un complot complètement WTF ! Bref, Syfy n'a pas vraiment donné vie à un produit captivant. Personnellement, je pense passer à The Strain, qui a l'air bien plus savoureux.