Hippocrate est une série particulièrement réaliste sur le milieu hospitalier, au même titre qu’Engrenages avec la Police Judiciaire. Et Thomas LILTI – coscénariste et réalisateur des 8 épisodes – a su introduire une dose de romanesque qui génère encore plus d’empathie pour ses personnages. Des personnages qui doivent composer avec des secrets personnels, des caractères divergents, des histoires sentimentales mouvementées et surtout un manque de moyen qui favorise l’entraide.
La série alterne judicieusement les moments de tensions extrêmes (lors d’une réanimation d’urgence par exemple) avec des passages plus calmes.
En outre, Louise BOURGOIN, Alice BELAÏDI, Karim LEKLOU et Zacharie CHASSERIAUD interprètent les rôles principaux de ce drame médical avec beaucoup de justesse.
La saison 2 commence par une nouvelle crise : suite à une inondation, le service des Urgences doit se replier en médecine interne. Sous l’autorité du docteur Olivier BRUN (Bouli LANNERS, excellent), Alyson, Hugo et Chloé (handicapée après son opération) sont réquisitionnés, tandis qu’Arben a disparu sans donner de nouvelles…
Les données ont changé : Alyson (Alice BELAÏDI) n’est plus la petite stagiaire maladroite de la saison 1. Elle va s’épanouir au sein des Urgences et gagner en assurance. Par contre sa relation avec Hugo (Zacharie CHASSERIAUD) va sérieusement pâtir du surmenage qui touche tout le personnel médical. A l’inverse, Chloé (Louise BOURGOIN) repart de zéro – avec des séquelles en plus – mais reste déterminée à retrouver le niveau qui était le sien avant son burn out. Arben (Karim LEKLOU) quant à lui, revient par la petite porte.
Conséquence du manque de moyen, la solidarité qui anime les médecins – toujours sur la corde raide – fait plaisir à voir. En outre, malgré le langage spécifique des praticiens, on ne décroche jamais, bien au contraire. Le dernier épisode, particulièrement intense, fait la jonction avec l’actualité et la crise du Covid.
A travers la fiction – bien ancrée dans le réel – Thomas LILTI nous fait prendre conscience de la situation dramatique de l’hôpital en France. Sujet d’autant plus sensible depuis un an. 9/10
Plus ramassée (6 épisodes /8 précédemment) et peut-être plus intense, la Saison 3 est marquée par l’insoumission des soignants contre leur hiérarchie. En effet, face à la fermeture des services d’urgences en période estivale (par manque de moyens), les héros des premières saisons : Chloé, Arben, Hugo, Alyson et son copain ophtalmo (le nouveau venu William LEBGHIL) vont refaire corps afin d’accomplir leur mission – en flirtant avec l’illégalité.
De fait, cette nouvelle intrigue s’aborde comme la saison-somme de la crise hospitalière, qui s’affirme plus politique que jamais, et qui croise même le scandale des EHPAD. Les soignants sont sous l’eau et puisent dans leurs ultimes réserves tandis que les décisions venues d’en haut révèlent un déni criant de réalité.
En outre, l’évolution du personnage de chef de service joué par Bouli LANNERS est intéressante.
Les 3 premières saisons – écrites et réalisées par l’ancien médecin Thomas LILTI – sont homogènes en qualité et laissent espérer la création d’une suite (sans attendre 3 ans et demi cette fois-ci…) 8/10