Cela fait des dizaines d'années que l’hôpital public est malade, à coup de réduction budgétaire, de demande de rentabilité, d'une population toujours plus en difficulté, sans que cela ne nous émeuve pas forcément plus que ça.
On ne pourra pas dire qu'on le savait pas. Mais à l'époque de la start-up nation, le service public est un gros mot, une charge, une accumulation de dette impossible à rénover, un sujet beaucoup moins intéressant au débat public que le dernier micro-événement à tendance xénophobe et/ou sécuritaire.
Et puis bon qui a envie de penser à l’hôpital et la mort tant qu'on a pas à s'y frotter.
Alors oui le Covid a brièvement mis en lumière l'état catastrophique des conditions de travail en milieu hospitalier, mais on l'a déjà très vite oublié.
Hippocrate, série écrite et réalisée par un ancien médecin, ne peut donc pas ne pas parler de cette crise structurelle profonde, de cette machine à broyer de jeunes hommes et femmes. Mais elle réussit en plus à ne pas parler que de ça. En suivant un petit groupe d'internes, la série va balayer très large, en parlant de vocation, de responsabilité individuelle impliquée dans des échecs collectifs, de grandes et petites victoires, d'un collectif qui rame à tour de bras, de jeunes épatants.
Tournée dans une aile désaffectée d'un hôpital de banlieue, la reconstitution est minitueuse, avec un internat plus vrai que nature. Le réalisme souhaité par son auteur Thomas Lilti, que se soit dans les situations, les manipulations, les dialogues, transpire à l'écran, porté par d'excellents acteurs. C'est du très grand travail.
J'ai été porté de bout en bout par ces deux saisons, par cette ambiance incroyable de légionnaires en médecine, et bizarrement j'ai pris énormément de plaisir à suivre leur chemin de croix.