Une adaptation assez terne d'une de mes lectures d'enfance favorites, que la photographie grisonnante quasi permanente décolore un peu plus. La direction artistique dans son ensemble est bien trop artificielle pour insuffler une âme à l'univers proposé, cette esthétique froide ne colle pas du tout à l'ambiance merveilleuse de mes souvenirs. La version ciné tant décriée parvenait néanmoins à mieux cerner l'aura du truc et l'ambigüité des personnages so british, ici le casting complètement à côté de la plaque renforce la sensation d'artificialité qui se dégage de l'ensemble.
Dafne Keen pourtant mémorable en partenaire de Hugh Jackman dans Logan devient très quelconque dans un rôle plus verbeux, l'acteur jouant Lee Scoresby a un trop gros déficit de charisme et d'expérience pour être crédible une seconde dans son costume de baroudeur, pareil pour le père de Will qui est obligé d'enfiler sa capuche de hippie pour tenter de faire illusion en chaman (sans parler de l'inutilité ahurissante du personnage) et Madame Coulter à trop vouloir en faire une méchante et une femme forte elle en devient presque une caricature de maîtresse SM. Un mot aussi sur le blackwashing dorénavant obligatoire qui s'applique ici même sur les "minorités" à n'y plus rien comprendre, l'histoire des frères gitans noirs et blancs par exemple rend le truc encore plus abscons. Concernant le personnage de Will c'est plus intelligement fait, ce n'est pas totalement gratuit scénaristiquement parlant pour une fois et ça rajoute une dimension sociale sous-jacente à son background familial par rapport au mariage mixte de ses parents.
Côté réalisation c'est du travail correct et plutôt efficace mais il n'en n'est pas de même de l'écriture, les épisodes sont mous du genou et l'intrigue patine souvent. Dans la première saison par exemple on s'attarde trop et trop tôt sur des intrigues futures comme celle de Will qui met quasiment 8 épisodes juste pour rentrer de l'école. Bref on se dit que la série n'a tout simplement pa su retranscrire et tirer parti de la richesse du roman, certaines facilités scénaristiques comme les pouvoirs magiques sortis de nulle part de Mme Coulter ou les snapchat de la scientifique avec la poussière tombent dans le grotesque et soulignent un peu plus cette incapacité à respecter toute la complexité métaphysique de l'oeuvre originale. Autre symptôme de cette mésadaptation : la narration chorale qui n'arrive pas à se placer tout à fait à hauteur d'enfant avec l'émerveillement qu'insufflait Pullman à son récit enchanteur et dépaysant. Comme quoi l'adaptation de cette saga semble maudite, le projet mettait l'eau à la bouche pourtant avec un sacré combo de choc BBC/HBO à la barre synonyme généralement de gage de qualité mais le compte n'y est malheureusement toujours pas.