Cette série documentaire, qui aborde les années 1870 à 2005 en France sous l'angle des immigrations, m’a passionnée.
Déjà par sa composition, qui alterne :
-courtes vidéos d’archives (de moments historiques marquants, ou bien de routines quotidiennes parfois difficiles, ou encore de moments simples voire festifs), avec une narration de l'ensemble par Roschdy ZEM, dont les mots sont très bien choisis.
-et témoignages sous forme d’anecdotes précises et personnelles, racontées par des personnes plus ou moins médiatiques dont les parents ou grands-parents ont vécu un jour ce déménagement d’un pays à l’autre, plus connu sous le nom d’IMMIGRATION.
Quand on évoque l’Histoire depuis ce point de vue, on permet de mettre en évidence que les habitants de la France sont devenus ce qu’ils sont, au fil du temps, par des déplacements de population, par des volontés de mieux-vivre, d’espérer trouver le bonheur ailleurs, ou de fuir l’invivable. Ce ne sont pas 67 millions de personnes dont chacun des ancêtres est resté planté là, dans le même patelin, pendant des milliers d’années. Et que le « nous » quand on parle de la Nation a lieu d’être, mais pas pour représenter des personnes figées et toutes d’apparences similaires.
Les difficultés pour être accueilli, être considéré comme semblable, et se sentir accepté autant que les natifs sont parfois énormes, même avec le temps, même avec tous les efforts du monde.
Ce genre de récit permet aussi de réaliser que l’accusation de toutes les fautes contre celui qui n’appartient pas au "groupe" a toujours trouvé des raisons d’être dans l’esprit de certaines personnes : fut un temps où c’était contre celui du village voisin qui déménageait dans le vôtre, puis celui qui venait de Bretagne, Corse, … ; puis (et encore aujourd’hui) contre celui qui vient d’un pays différent, jusqu’à parfois contre celui dont les parents ou grands-parents sont venus d’un pays différent.
(sans compter tous les critères plus repérables de religion, d’apparence physique, de prénom et nom de famille,…)
On aperçoit, par les images, qu’à chaque moment où les natifs ont pris la peine de vivre AVEC les nouveaux-venus, cela a créé de belles rencontres, de belles idées, ou tout simplement un quotidien paisible pour tous. Même les coutumes évoluent : elles se croisent, se reconnaissent, se rencontrent, se mêlent parfois, et créent de nouvelles coutumes françaises, mêlées à celles venues d’Italie, de la Belgique, de Pologne, d'Algérie, de Russie, d’Arménie, d’Espagne, du Mali, du Cambodge,…
Bon, voilà, mon avis peut peut-être passer d'une évidence dérisoire pour certains (ou paraitre niaisement caricatural pour d'autres), mais je pense que ce film montre quand même bien UNE RÉALITÉ, celle du ressenti de certains de ceux qui l'ont vécue.
Et dans la réalité, la xénophobie est bien une manière de penser existante en France, et les repères historiques rappelés dans ce documentaire en seraient peut-être le remède extraordinaire et spectaculaire ?? (c’est beau, de rêver…).
Aussi, je m’étale un petit peu sur ce que ça m’évoque, en oubliant de nombreux aspects de ce documentaire (la politique et ses dérives ; les personnes engagées qui ont essayé de faire avancer les choses,...).
Mais ce film accessible et condensé est à retenir, à utiliser, à diffuser, car en abordant des détails-clés, il met en avant un savoir indispensable sur l’Histoire de France.
Ajout post-critique : J'ai vu dans d'autres critiques sur internet, que ce documentaire serait de la propagande. Pour moi, pas du tout, car il montre justement un point de vue de l'Histoire de France que l'on n'a pas l'habitude d'entendre. Les gens qui font cette critique ont envie d'entendre pour la 1000ème fois les aspects négatifs de l'immigration, soit pour généraliser et se sentir bien rois chez eux, soit par réelle peur pour diverses raisons, rationnelles ou non.